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Aristote

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Le fait que l'ami est autre que le flatteur semble montrer clairement que le plaisir n'est pas un bien, ou qu'il y a des plaisirs spécifiquement différents. L'ami, en effet, paraît rechercher notre compagnie pour notre bien, et le flatteur pour notre plaisir, et à ce dernier on adresse des reproches et à l'autre des éloges, en raison des fins différentes pour lesquelles ils nous fréquentent. En outre, nul homme ne choisirait de vivre en conservant durant toute son existence l'intelligence d'un petit enfant, même s'il continuait à jouir le plus possible des plaisirs de l'enfance ; nul ne choisirait non plus de ressentir du plaisir en accomplissant un acte particulièrement déshonorant, même s'il ne devait jamais en résulter pour lui de conséquence pénible. Et il y a aussi bien des avantages que nous mettrions tout notre empressement à obtenir même s'ils ne nous apportaient aucun plaisir, comme voir, se souvenir, savoir, posséder les vertus. Qu'en fait des plaisirs accompagnent nécessairement ces avantages ne fait pour nous aucune différence, puisque nous les choisirions quand bien même ils ne seraient pour nous la source d'aucun plaisir. Qu'ainsi donc le plaisir ne soit pas le bien, ni que tout plaisir soit désirable, c'est là une chose, semble-t-il, bien évidente. Aristote

« " Ce qui, à l'origine, poussa les hommes aux premières recherches philosophiques, c'était, comme aujourd'hui, l'étonnement.

Entre les objets qui les étonnaient et dont ils ne pouvaient rendre compte, ils s'appliquèrent d'abord à ceux qui étaient à leur portée ; puis, s'avançant ainsi peu à peu, ils cherchèrent à s'expliquer de plus grands phénomènes, par exemple les divers états de la lune, le cours du soleil et des astres, enfin la formation de l'univers.

(...) Par conséquent, si les premiers philosophes philosophèrent pour échapper à l'ignorance, il est évident qu'ils poursuivaient la science pour savoir, et non en vue de quelque utilité.

Le fait lui-même en est la preuve : presque tous les arts qui regardent les besoins et ceux qui s'appliquent au bien-être et au plaisir étaient connus déjà quand on commença à chercher les explications de ce genre.

Il est donc évident que nous n'étudions pas la philosophie pour aucun autre intérêt étranger." ARISTOTE Dans un passage de la « Métaphysique » (Livre A, chapitre 2), Aristote explique l’origine de la philosophie et le but qu’elle poursuit.

« Ce qui à l’origine poussa les hommes aux premières recherches philosophiques, c’était, comme aujourd’hui, l’étonnement .

» L’admiration et l’incompréhension devant le monde poussent l’homme à chercher à comprendre et à rendre compte de ce qui l’entoure.

Ainsi naît la philosophie, qui n’a d’autre but que de tendre à expliquer le monde. Dans ce passage de la « Métaphysique », Aristote reprend l’enseignement de son maître.

En effet, Platon écrit dans le « Théétète » : « il est tout à fait d’un philosophe, ce sentiment : s’étonner.

La philosophie n’a point d’autre origine… » L’étonnement, pour les Grecs, est donc l’origine véritable de la recherche philosophique.

L’étonnement consiste en l’arrêt admiratif devant une chose que l’on ne comprend pas.

Le mot n’est pas à comprendre au sens moderne cad la stupéfaction devant quelque chose d’inhabituel. Le sens commun, la plupart des hommes ne s’étonnent que devant un phénomène extraordinaire, qui échappe à la routine, et dont il est clair qu’on ne le comprend pas, qu’on ne peut le classer dans les rubriques habituelles.

Or les phénomènes les plus communs ne sont pas les plus connus, tant sen faut, et le sentiment de connaître ce que l’on voit souvent n’est qu’une illusion. L’étonnement qui frappe le philosophe concerne n’importe quelle chose, aussi banale soit-elle en apparence.

C’est d’abord l’admiration devant la nature, et l’aveu de son incompréhension devant ses mécanismes.

« Or apercevoir une difficulté et s’étonner, c’est reconnaître sa propre ignorance […] ainsi donc ce fut pour échapper à l’ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie.

» Les exemples que donne Aristote sont éclairants ; les premières recherches se concentrèrent sur les objets à notre portée, puis les phases lunaires, puis le cours du Soleil, puis la formation de l’Univers.

Deux points sont remarquables : D’une part, la philosophie n’est pas ici séparée de la science ; les exemples de recherches philosophiques sont des exemples qu’on qualifierait aujourd’hui d’astronomiques.

En fait la séparation de la science d’avec la philosophie est très tardive.

Elle date du XVIII ème siècle, et tous les grands noms de la philosophie furent aussi, jusqu’à cette époque au moins, des grands noms des sciences. D’autre part, l’étonnement e s’exerce pas sur des choses extraordinaires, mais tout simplement devant ce qui est, et dont la nature nous offre chaque jour le spectacle comme la course du Soleil, les marées, etc.

La philosophie essaie, tente, de rendre compte de ce qui est.

C’est-à-dire de l’expliquer.

Soit simplement en en énonçant les mécanisme, soit en essayant d’en donner le sens.

On en arrivera ainsi à des questions dites métaphysiques : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » (Leibniz). Enfin, si la philosophie, selon Platon, commence par l’aveu de l’ignorance, son but est de faire cesser celle-ci.

Son but est la connaissance.

Aristote insiste sur ce point essentiel, sur l’image que la science et la philosophie se font d’ellesmêmes : « Il est évident qu’ils poursuivaient la science pour savoir, et non en vue de quelque autre utilité.

» Les philosophes recherchent le savoir pour le savoir et non pour une quelconque utilité pratique immédiate.

Cela ne veut en aucun cas dire que la philosophie n’a aucun intérêt.

Mais d’abord, qu’elle n’a pas pour but de satisfaire un besoin, qu’il soit vital ou de confort.

C’est la preuve que donne Aristote : « Presque tous les arts qui regardent les besoins et ceux qui s’appliquent au bien-être, étaient connus déjà quand on commença à chercher les explications de ce genre.

» C’est quand les problèmes urgents de la vie sont résolus, que l’on se lance dans les sciences ou la recherche.

La philosophie n’est donc pas une discipline asservie, liée aux nécessités vitales ou à la recherche d’un confort matériel.

Elle est une activité libre, qu’on exerce pour son propre plaisir, pour son intérêt intrinsèque.

En clair, c’est une activité libre parce que désintéressée. « Ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit une discipline libérale, puisque seule elle est à elle-même sa propre fin.

Aussi est-ce encore à bon droit qu’on peut qualifier de plus qu’humaine sa possession.

» C’est une constante de la philosophie grecque, et de la façon dont elle s’interprète : la philosophie nous arrache à la condition simplement humaine , d’être périssable et obnubilé par sa survie, pour nous faire participer à un plaisir divin : la compréhension pure et désintéressée. Il se peut que cette vision paraisse naïve, après que Marx a assigné comme tache à la philosophie, non plus de. »

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