Aristote
Extrait du document
«
" Ce qui, à l'origine, poussa les hommes aux premières
recherches philosophiques, c'était, comme aujourd'hui,
l'étonnement.
Entre les objets qui les étonnaient et dont
ils ne pouvaient rendre compte, ils s'appliquèrent
d'abord à ceux qui étaient à leur portée ; puis,
s'avançant ainsi peu à peu, ils cherchèrent à s'expliquer
de plus grands phénomènes, par exemple les divers
états de la lune, le cours du soleil et des astres, enfin la
formation de l'univers.
(...) Par conséquent, si les
premiers philosophes philosophèrent pour échapper à
l'ignorance, il est évident qu'ils poursuivaient la science
pour savoir, et non en vue de quelque utilité.
Le fait luimême en est la preuve : presque tous les arts qui
regardent les besoins et ceux qui s'appliquent au bienêtre et au plaisir étaient connus déjà quand on
commença à chercher les explications de ce genre.
Il est
donc évident que nous n'étudions pas la philosophie pour
aucun autre intérêt étranger." ARISTOTE
Dans un passage de la « Métaphysique » (Livre A, chapitre 2),
Aristote explique l’origine de la philosophie et le but qu’elle poursuit.
« Ce qui à l’origine poussa les
hommes aux premières recherches philosophiques, c’était, comme aujourd’hui, l’étonnement .
»
L’admiration et l’incompréhension devant le monde poussent l’homme à chercher à comprendre et à
rendre compte de ce qui l’entoure.
Ainsi naît la philosophie, qui n’a d’autre but que de tendre à
expliquer le monde.
Dans ce passage de la « Métaphysique », Aristote reprend l’enseignement de son maître.
En effet,
Platon écrit dans le « Théétète » : « il est tout à fait d’un philosophe, ce sentiment : s’étonner.
La
philosophie n’a point d’autre origine… »
L’étonnement, pour les Grecs, est donc l’origine véritable de la recherche philosophique.
L’étonnement consiste en l’arrêt admiratif devant une chose que l’on ne comprend pas.
Le mot n’est
pas à comprendre au sens moderne cad la stupéfaction devant quelque chose d’inhabituel.
Le sens commun, la plupart des hommes ne s’étonnent que devant un phénomène extraordinaire, qui
échappe à la routine, et dont il est clair qu’on ne le comprend pas, qu’on ne peut le classer dans les
rubriques habituelles.
Or les phénomènes les plus communs ne sont pas les plus connus, tant sen
faut, et le sentiment de connaître ce que l’on voit souvent n’est qu’une illusion.
L’étonnement qui frappe le philosophe concerne n’importe quelle chose, aussi banale soit-elle en
apparence.
C’est d’abord l’admiration devant la nature, et l’aveu de son incompréhension devant ses
mécanismes.
« Or apercevoir une difficulté et s’étonner, c’est reconnaître sa propre ignorance […]
ainsi donc ce fut pour échapper à l’ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la
philosophie.
»
Les exemples que donne Aristote sont éclairants ; les premières recherches se concentrèrent sur les
objets à notre portée, puis les phases lunaires, puis le cours du Soleil, puis la formation de l’Univers.
Deux points sont remarquables :
D’une part, la philosophie n’est pas ici séparée de la science ; les exemples de recherches
philosophiques sont des exemples qu’on qualifierait aujourd’hui d’astronomiques.
En fait la séparation
de la science d’avec la philosophie est très tardive.
Elle date du XVIII ème siècle, et tous les grands
noms de la philosophie furent aussi, jusqu’à cette époque au moins, des grands noms des sciences.
D’autre part, l’étonnement e s’exerce pas sur des choses extraordinaires, mais tout simplement
devant ce qui est, et dont la nature nous offre chaque jour le spectacle comme la course du Soleil,
les marées, etc.
La philosophie essaie, tente, de rendre compte de ce qui est.
C’est-à-dire de
l’expliquer.
Soit simplement en en énonçant les mécanisme, soit en essayant d’en donner le sens.
On
en arrivera ainsi à des questions dites métaphysiques : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que
rien ? » (Leibniz).
Enfin, si la philosophie, selon Platon, commence par l’aveu de l’ignorance, son but est de faire cesser
celle-ci.
Son but est la connaissance.
Aristote insiste sur ce point essentiel, sur l’image que la
science et la philosophie se font d’elles-mêmes : « Il est évident qu’ils poursuivaient la science pour
savoir, et non en vue de quelque autre utilité.
»
Les philosophes recherchent le savoir pour le savoir et non pour une quelconque utilité pratique
immédiate.
Cela ne veut en aucun cas dire que la philosophie n’a aucun intérêt.
Mais d’abord, qu’elle
n’a pas pour but de satisfaire un besoin, qu’il soit vital ou de confort.
C’est la preuve que donne
Aristote : « Presque tous les arts qui regardent les besoins et ceux qui s’appliquent au bien-être,
étaient connus déjà quand on commença à chercher les explications de ce genre.
» C’est quand les.
»
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