Approche d'une définition de la technique ?
Extrait du document
«
Vocabulaire:
Définition: détermination des caractères d'un concept ("sa compréhension").
TECHNIQUE
Tout ensemble de procédés pour produire un résultat utile.
La technique moderne s'appuie sur la science; mais elle
s'en distingue puisque la science est un effort pour expliquer ce qui existe tandis que la technique cherche à
produire ce qu'on souhaite qui soit — qui n'est pas.
La technique peut se définir comme un vouloir, incarné en un
pouvoir par l'intermédiaire d'un savoir.
Comme adjectif: par opposition à esthétique, qui concerne des procédés susceptibles d'être développés et transmis,
et non des dons ou capacités innées.
La technique de l'artisan était jadis appelée "art".
Et dans l'Antiquité, des philosophes comme Platon ou Aristote
opposaient les arts serviles ayant pour objet la production utilitaire à la science considérée alors comme une activité
théorique, purement contemplative et non productive.
C'est dans la deuxième moitié du XVIII siècle que le terme technique apparaît et vient s'ajouter au terme traditionnel
d'art.
Dès lors, la technique se définit comme «science appliquée".
A.
Technique et science dans la philosophie grecque
1.
La pensée technique à l'époque d'Homère
Comme le montre Jean-Pierre Vernant dans Mythe et pensée chez les Grecs, entre le VII et V siècle avant J.-C.,
dans la Grèce, le terme de « teknè » désigne tout aussi bien le savoir-faire approprié et spécifique des charpentiers,
des métallurgistes, des tisserands que les magies de Hephaïstos ou les sortilèges de Protée : « Entre la réussite
technique et l'exploit magique la différence n'est pas encore marquée.
Les secrets de métier, les tours de main du
spécialiste rentrent dans le même type d'activité et mettent en jeu la même forme d'intelligence, la même métis, que
l'art du devin, les ruses du sorcier, la science des philtres et des enchantements de la magicienne'.
» Cette
confusion entre la maîtrise artisanale et les recettes magiques dura jusqu'à l'époque classique.
2.
Technique et connaissance contemplative chez Platon
Platon oppose la « theôria », connaissance purement contemplative à la «
teknè », savoir-faire lié à la production matérielle.
La technique (ou l'art)
opère sur les réalités mouvantes du monde sensible, elle travaille sur une
matière informe soit en imitant des modèles idéaux comme le démiurge ou dieu
créateur qui, dans le Timée, crée l'univers en se réglant sur la connaissance
des Idées, soit en tâchant de produire ce qui n'existe pas dans la nature.
La
technique ou l'art concerne dont la production et se définit comme création :
« Ce qui, pour quoi que ce soit, est cause de son passage de la nonexistence à l'existence, est, dans tous les cas, une création; en sorte que
toutes les opérations qui sont du domaine des arts sont des créations, et que
sont créateurs tous les ouvriers de ces opérations' ».
C'est pourquoi, pour Platon, les artisans sont tous poètes.
En effet, « Poésie
» signifie étymologiquement en grec « faire » et faire consiste essentiellement
à faire être ce qui n'était pas, c'est-à-dire à créer.
Si la technique (ou l'art)
est création, elle porte donc sur le contingent, c'est-à-dire sur ce qui peut
aussi bien être que n'être pas.
C'est en cela que la technique s'oppose à la
science.
Cette dernière, en effet, porte sur des essences idéales, éternelles,
immuables, nécessaires.
Elle est donc « du nécessaire », c'est-à-dire de ce
qui ne peut pas être autrement qu'il n'est.
Ces essences ou Idées existent dans un monde suprasensible et ne sauraient
être au pouvoir de notre action.
Elles ne peuvent qu'être l'objet d'une activité
contemplative.
L'opposition de la science à la technique est donc celle de la «
contemplation » à l' « action » ou encore de la « théorie » à la « pratique ».
A l'époque de Platon, la technique est
en plein essor et se libère du magique et du religieux.
L'artisan forme une « catégorie sociale particulière »,
étrangère au domaine de la politique comme à celui de la religion : « L'activité artisanale répond à une exigence de
pure économie.
L'artisan est au service d'autrui.
Travaillant pour vendre le produit qu'il a fabriqué — en vue de
l'argent —, il se situe dans l'Etat au niveau de la fonction économique de l'échange.
»
Platon reconnaît la fonction sociale de la technique, mais il ne lui accorde aucune valeur humaine.
Il ne loue, dit J.P.
Vernant « ni la tension du travail comme effort humain d'un type particulier, ni l'artifice technique comme
invention intelligente, ni la pensée technique dans son rôle formateur de la raison ».
Bien au contraire, il considère la
technique comme une occupation servile qui ne peut que détourner celui qui s'y adonne de la véritable intelligence
des choses.
Cette dévalorisation de la production matérielle et de la technique se manifeste clairement dans La République,
lorsque Platon construit la Cité parfaite.
Le principe qui fonde une telle Cité est la justice.
Or celle-ci consiste en
une hiérarchie s'ordonnant selon les degrés mêmes du savoir.
Ainsi, les philosophes
doivent gouverner la Cité parce qu'ils possèdent le vrai savoir, la connaissance suprême du Bien par pure intellection.
»
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