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Antonio Pacinotti

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1841-1912 En un jour de juillet 1858, un jeunet de tout juste dix-sept ans écrivit le mot "Rêves" en haut de la première page d'un cahier d'école élémentaire, et au-dessous de ce mot il notait certaines idées à lui sur le magnétisme terrestre, les machines électromagnétiques, la mesure du courant électrique, la construction des circuits à hélice continue, le courant d'induction continu... Ces étranges "rêves" reflétaient en réalité les deux grands problèmes d'électricité de l'époque : trouver une façon vraiment pratique d'exploiter les phénomènes de l'induction et ceux de l'électrodynamique pour construire un générateur ou un moteur électrique à courant continu ; et trouver également, pour la mesure des courants, une méthode plus pratique que celle du galvanomètre de Nobili.

« Antonio Pacinotti 1841-1912 En un jour de juillet 1858, un jeunet de tout juste dix-sept ans écrivit le mot "Rêves" en haut de la première page d'un cahier d'école élémentaire, et au-dessous de ce mot il notait certaines idées à lui sur le magnétisme terrestre, les machines électromagnétiques, la mesure du courant électrique, la construction des circuits à hélice continue, le courant d'induction continu...

Ces étranges "rêves" reflétaient en réalité les deux grands problèmes d'électricité de l'époque : trouver une façon vraiment pratique d'exploiter les phénomènes de l'induction et ceux de l'électrodynamique pour construire un générateur ou un moteur électrique à courant continu ; et trouver également, pour la mesure des courants, une méthode plus pratique que celle du galvanomètre de Nobili. Certes, le jeune homme aux "rêves" avait entendu parler de ces deux problèmes à l'Université, par son illustre maître Richard Felici, et c'est ce qui avait poussé son ardente fantaisie à leur chercher quelque solution.

Ainsi sa pensée s'arrête d'abord sur celui de la mesure du courant, pour la résolution duquel, soucieux d'éviter l'emploi du champ magnétique terrestre, si inconstant, il imagine un dispositif électrodynamométrique reliant un circuit fixe et un circuit mobile, tous deux traversés par le courant à mesurer.

Théoriquement correcte, cette disposition était techniquement trop compliquée et peu pratique pour un instrument de mesure.

Il s'en rend bien compte ; et vite son intuition lui souffle une modification bien simple qui pourrait faire de son instrument de mesure une machine électromagnétique ou magnétoélectrique à courant continu.

Ce qui fait que d'une solution médiocre de l'un des deux problèmes, la chose devient une excellente solution de l'autre.

Et il passe aux essais pratiques. "D'une tige de fer, je fis un anneau circulaire", écrit-il ; "je le recouvris de soie et sur le tout j'enroulai en hélice un fil de cuivre pas trop fin qui, lui aussi recouvert de soie et verni, était enroulé sur une seule couche et soudé à lui-même à ses extrémités.

Je forçai l'anneau sur un disque de bois destiné à lui servir de support tournant.

Je posai deux frotteurs en laiton l'un sur un côté, l'autre sur l'autre côté de l'anneau, les faisant ainsi balayer la partie périphérique des spires du fil de cuivre, que je mis à nu tout le long du parcours des frotteurs... Je m'arrangeai pour placer aussi deux barres identiques d'acier aimanté...

avec leurs pôles près de l'anneau." Le 10 janvier 1859 tout est prêt pour le premier essai.

Ayant rattaché aux frotteurs un galvanomètre, le jeune homme fait tourner de force l'anneau entre les pôles opposés des aimants.

L'aiguille du galvanomètre saute au bout de la graduation.

Le courant d'induction continu (produit par une machine non unipolaire) est ainsi créé pour la première fois au monde.

Le rêve est devenu réalité.

Et il n'y eut besoin ni d e retouches ni de modification d'aucune sorte pour que le tout fonctionnât à merveille et que l'expérience "rêvée" réussit au premier essai.

La machine est parfaite d'emblée, elle est l'expression d'une sûre connaissance des lois physiques, d'un raisonnement clairvoyant, d'une intuition digne d'un expérimentateur éprouvé.

Le maître pouvait bien se vanter d'avoir un tel élève : c'était Antonio Pacinotti. Lui, aussitôt, voudrait passer à la réalisation d'une machine plus achevée.

Mais il n'en sera rien : là-dessus éclate la seconde guerre d'indépendance de l'Italie avec l'Autriche et Pacinotti s'engage comme volontaire.

Entre une marche et l'autre, aux bivouacs et aux heures de garde, sa pensée court vers son "anneau" électromagnétique et mille perfectionnements lui viennent à l'esprit.

Une fois la guerre finie, il s e remet à l'Oeuvre, et, en avril 1860, on trouve qu'il a noté ces mots sur son cahier d'écolier : "Post-scriptum : La machine électromagnétique, dont j'ai enregistré ici des idées d'ensemble, je l'ai aussi construite, en petit modèle...

Elle marche assez bien, comme machine magnétoélectrique, car elle donne du courant continu...

très intense." Dans un autre cahier, décrivant en détail son modèle réduit de machine, en septembre de la m ê m e a n n é e , il ajoute : "Elle fonctionne même avec un seul élément de Bunsen petit...; avec deux éléments, outre à vaincre la résistance de frottement, elle a soulevé cinq deniers à un décimètre par seconde..." Pacinotti expérimenta donc sa machine aussi bien comme générateur que comme moteur. Il y a dès lors beaucoup d e modifications dans le modèle d e 1860 par rapport à la disposition expérimentale d e 1859: les aimants permanents ont été remplacés par un seul électroaimant pourvu d e deux pièces polaires arquées dont chacune embrasse, aux côtés opposés, un peu plus du tiers de la circonférence de l'anneau ; l'hélice continue a été remplacée par seize bobines montées en série et équidistantes, intercalées par des saillants en fer pour réduire la distance entre l'anneau et les pièces polaires ; les communications électriques avec les bobines sont assurées par un collecteur cylindrique, centré sur l'axe d e l'anneau et portant seize segments métalliques respectivement communiquant avec les seize morceaux d e fil de cuivre qui relient en série les seize bobines ; enfin les frotteurs sont remplacés par des galets métalliques. Pacinotti ne s'arrêta pas à la construction et au fonctionnement empirique de sa machine ; entre 1860 et 1860, il tenta d'en rédiger une théorie mathématique ; il en étudia la puissance et le rendement rapportés à l'intensité du courant et aux moments résistant et moteur ; finalement, en 1869, à l'occasion de l'Exposition de Bologne, il fit des démonstrations publiques pour prouver qu'avec sa machine on pouvait réaliser le transport à distance de l'énergie électrique. Dès 1860, ayant mis son modèle au point, Pacinotti eut l'ambition de construire la machine en grand, pour des utilisations industrielles. Mais il fut vaincu par l'indifférence des autres ; l'adolescent fut abandonné par tous ceux qui l'entouraient et qui ne comprirent sans doute jamais l'importance de son invention ou bien n'y eurent pas confiance.

Lui-même avait cette confiance ; mais il dut se rendre à l'évidence qu'il était irrémédiablement seul.

Alors il eut un geste de suprême renonciation : en 1865, après cinq longues années d'attente, d'espoir et de déceptions, Pacinotti publia dans le journal de physique italien Il Nuevo Cimento toute la description de son modèle de machine, offrant ainsi aux autres le succès qui lui avait manqué.

Pour lui-même, il ne demanda, alors et par la suite, que le rattachement de son nom à l'invention qu'il avait faite : cette reconnaissance on la lui décréta solennellement en 1881, à Paris, à l'occasion d'une réunion spéciale que tint, pendant l'Exposition Internationale, la Société des Ingénieurs télégraphistes et Électriciens de Londres, avec la présence des hommes de science les plus éminents venus de tous les pays du monde. Pacinotti n'abandonna jamais, dans son esprit, son invention, à laquelle il apporta au fur et à mesure différentes modifications, parmi lesquelles nous rappelons celle de l'induit en tambour au lieu de l'anneau primitif, ainsi que celle du déploiement de l'anneau en ligne droite de façon à transformer la machine de rotatoire en rectiligne, pour le lancement de projectiles. Noble figure d'homme, de patriote, de savant, de maître, Antonio Pacinotti était en outre d'une extrême modestie et ceci à un tel point que, parlant de son Oeuvre, il disait se sentir humilié de n'avoir pas su faire davantage. Pise, qui le vit naître, conserve sa dépouille au cimetière "Camposanto Vecchio" : les figures bibliques de Benozzo Gozzoli et Pierre d'Orvieto, toutes déturpées qu'elles sont, veillent de leur esprit sur la tombe du perspicace inventeur.. »

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