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Aimer est ce naturel ?

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« Définition des termes du sujet « Aimer », c'est avoir une inclination particulière pour une chose, et c'est aussi, plus spécifiquement, porter de l'amour à cette chose, qu'elle soit un objet ou une personne.

Le sujet demande si l'on peut donner l'attribut « naturel » à ce phénomène d'inclination.

En philosophie, est naturel ce qui n'est pas culturel : le mot désigne alors tout ce qui est spontané, tout ce qui n'est pas, d'une manière ou d'une autre, fabriqué, tout ce qui échappe aux sphères de la culture et de la civilisation, qui, elles, renferment tout ce que l'homme ajoute au monde de son propre fait.

Il s'agit donc de décider s'il est pertinent de rattacher le fait d'aimer à cette sphère du non-fabriqué, du spontané. Or l'inclination que renferme le fait d'aimer est un phénomène complexe : on peut lui attribuer des causes naturelles – par exemple, on aime une personne parce que l'espèce a besoin de se reproduire -, mais cela semble très insuffisant, tant l'amour, et en particulier l'amour d'un humain pour un autre, est l'objet de développements culturels raffinés.

Pour résoudre cette difficulté, on pourra diviser le fait d'aimer en deux étapes : une sorte de tendance à l'amour, ou à l'amitié, ou plus généralement à l'inclination d'une part, et une manière d'aimer d'autre part : on pourra ainsi envisager le phénomène dans son origine et dans sa manifestation, et en mettre en évidence différents aspects dont certains pourront être éventuellement naturels et d'autres non.

On pourra également profiter de la réflexion sur le sujet pour enrichir ou nuancer la définition du concept de nature avancée en premier lieu : la formulation du sujet pourrait en effet révéler une insuffisance de pertinence du concept de nature lorsque celui-ci est rapporté à l'homme, dans la mesure où l'homme est une créature à la fois de nature et de culture et qu'il est peut-être dommage de placer ces deux concepts dans une opposition qui les exclut l'un de l'autre.

Le phénomène de l'amour serait alors un lieu où s'élaborerait une compréhension plus nuancée de la place de l'homme entre nature et culture. Eléments pour le développement * Il serait dans la nature humaine d'aimer. Platon, Le Banquet « Chacun de nous est donc comme une tessère d'hospitalité, puisque nous avons été coupés comme des soles et que d'un nous sommes devenus deux ; aussi chacun cherche sa moitié.

(...) Quand donc un homme, qu'il soit porté pour les garçons ou pour les femmes, rencontre celui-là même qui est sa moitié, c'est un prodige que les transports de tendresse, de confiance et d'amour dont ils sont saisis ; ils ne voudraient plus se séparer, ne fût-ce qu'un instant.

Et voilà les gens qui passent toute leur vie ensemble, sans pouvoir dire d'ailleurs ce qu'ils attendent l'un de l'autre ; car il ne semble pas que ce soit le plaisir des sens qui leur fasse trouver tant de charme dans la compagnie l'un de l'autre.

Il est évident que leur âme à tous deux désire autre chose, qu'elle ne peut pas dire, mais qu'elle devine et laisse deviner.

Si pendant qu'ils sont couchés ensemble, Héphaïstos leur apparaissait avec ses outils et leur disait : « Hommes, que désirez-vous l'un de l'autre ? » et si, les voyant embarrassés, il continuait : « L'objet de vos voeux n'est-il pas de vous rapprocher autant que possible l'un de l'autre, au point de ne vous quitter ni nuit ni jour ? Si c'est là ce que vous désirez, je vais vous fondre et vous souder ensemble, de sorte que de deux vous ne fassiez plus qu'un, que jusqu'à la fin de vos jours vous meniez une vie commune, comme si vous n'étiez qu'un, et qu'après votre mort, là-bas, chez Hadès, vous ne soyez pas deux, mais un seul, étant morts d'une commune mort. Voyez si c'est là ce que vous désirez, et si en l'obtenant vous serez satisfaits.

» À telle demande nous savons bien qu'aucun d'eux ne dirait non et ne témoignerait qu'il veut autre chose : il croirait tout bonnement qu'il vient d'entendre exprimer ce qu'il désirait depuis longtemps, c'est-à-dire de se réunir et de se fondre avec l'objet aimé et de ne plus faire qu'un au lieu de deux. Et la raison en est que notre ancienne nature est telle et que nous étions un tout complet : c'est le désir et la poursuite de ce tout qui s'appelle amour.

Jadis, comme je l'ai dit, nous étions un ; mais depuis, à cause de notre injustice, nous avons été séparés par le dieu, comme les Arcadiens par les Lacédémoniens.

Aussi devons-nous craindre, si nous manquons à nos devoirs envers les dieux, d'être encore une fois divisés et de devenir comme les figures de profil taillées en bas relief sur les colonnes, avec le nez coupé en deux, ou pareils à des moitiés de jetons. Il faut donc s'exhorter les uns les autres à honorer les dieux, afin d'échapper à ces maux et d'obtenir les biens qui viennent d'Eros, notre guide et notre chef.

Que personne ne se mette en guerre avec Eros : c'est se mettre en guerre avec lui que de s'exposer à la haine des dieux.

Si nous gagnons l'amitié et la faveur du dieu, nous découvrirons et rencontrerons les garçons qui sont nos propres moitiés, bonheur réservé aujourd'hui à peu de personnes.

» Une première hypothèse, permettant d'ailleurs de proposer une réponse très nette au sujet, et s'intéressant à la question de la raison d'être de l'amour, consisterait à affirmer que la propension à aimer résulte de la nature même de l'homme.

Le récit mythique que fait Platon des origines du phénomène de l'amour entre les hommes va dans ce sens.

Sa lecture pourra s'adjoindre d'une autre hypothèse faisant de l'amour érotique une sorte de ruse de l'espèce pour assurer sa préservation. * Le fait d'aimer résulte d'une élaboration mentale et culturelle de l'homme Rousseau. »

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