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A travers le roman et l'adaptation filmique de Frears des Liaisons Dangereuses, comment expliquer que tant de personnages se dévoilent et se confessent, alors que dans un contexte religieux et culturel du XVIIIe siècle, seul un homme d'église est habilit

Extrait du document

 

Introduction :  

            Choderlos de Laclos publie les Liaisons Dangereuses en 1782 ; comme l’indique notre sujet la parution d’un tel ouvrage au XVIIIe siècle ne va pas de soi. En effet, le XVIIIe siècle est le siècle des Lumières, de la Raison et de la Morale alors que ce roman épistolaire se présente comme une apologie du plaisir malgré sa visée morale. La marquise de Merteuil est au cœur des différentes correspondances, c’est elle qui organise la mécanique bien huilée qui sert à corrompre la vertu, la vertu de la jeune Cécile de Volanges et celle de la grande Mme de Tourvel. Comment peut-on justifier que les personnages mettent tant d’ardeur à se dévoiler dans leurs lettres alors qu’au XVIIIe siècle, les confessions se font avant tout face à un prêtre ?

 

Problématique :  

            Pourquoi les personnages se confient-ils dans des lettres alors que le contexte religieux et culturel du XVIIIe siècle exige une toute autre pratique ? Bien davantage, il nous faudra nous demander quel est le rôle de la confession épistolaire dans un tel roman ?

 

« Introduction : Choderlos de Laclos publie les Liaisons Dangereuses en 1782 ; comme l'indique notre sujet la parution d'un tel ouvrage au XVIIIe siècle ne va pas de soi.

En effet, le XVIIIe siècle est le siècle des Lumières, de la Raison et de la Morale alors que ce roman épistolaire se présente comme une apologie du plaisir malgré sa visée morale.

La marquise de Merteuil est au cœur des différentes correspondances, c'est elle qui organise la mécanique bien huilée qui sert à corrompre la vertu, la vertu de la jeune Cécile de Volanges et celle de la grande Mme de Tourvel. Comment peut-on justifier que les personnages mettent tant d'ardeur à se dévoiler dans leurs lettres alors qu'au XVIIIe siècle, les confessions se font avant tout face à un prêtre ? Problématique : Pourquoi les personnages se confient-ils dans des lettres alors que le contexte religieux et culturel du XVIIIe siècle exige une toute autre pratique ? Bien davantage, il nous faudra nous demander quel est le rôle de la confession épistolaire dans un tel roman ? I.

La confession épistolaire est un gage de confiance 1) La lettre comme marque d'amitié Les personnages parviennent à se dévoiler et à se confier dans une lettre aussi bien que dans un confessionnal car ils ont une confiance aveugle en leur correspondant comme en témoigne les innombrables marques d'amitié.

Par exemple dans la lettre 97 : « J'ai l'honneur d'être, Madame, avec toujours bien de l'amitié, votre très humble et très obéissante servante ».

De même Danceny insiste dans sa lettre sur son amitié pour la Merteuil, l'isotopie de l'amitié est très présente « mon amie…ma tendre amie ! « Adieu ma charmante amie » Les personnages se confient parce qu'ils sont convaincus de s'adresser à un destinataire compréhensif et attentionné à qui ils s'abandonnent complètement.

Danceny évoque la lettre comme le miroir de l'âme dans la lettre 150 : « une lettre est le portrait de l'âme ».

Cette expression prouve que pour Danceny la lettre est un gage d'authenticité, il ne se doute pas le moins du monde de l'hypocrisie de sa maîtresse. 2) La lettre plutôt que le confessionnal : la peur du jugement Cécile se confie à la marquise parce qu'elle lui voue une telle confiance qu'elle ne craint plus d'être jugée. Là où un prêtre punirait, la Merteuil console c'est pourquoi elle reçoit les confidences.

Alors que les prêtres sont chargés de juger de l'ampleur de la faute avant d'accorder le pardon, les personnages écrivent précisément parce qu'ils n'ont plus cette crainte d'être jugé.

Cécile écrit à l marquise parce qu'elle seule peut la comprendre « vous êtes la seule à qui je puisse, à qui j'ose me confier ».

Dès lors, la marquise prend le rôle du prêtre « grondez-moi au contraire », « mais après, sauvez-moi ».

Toute l'ironie de cette lettre repose précisément sur le fait que la marquise endosse le rôle du prêtre chargé de faire la morale avant d'absoudre la faute.

D'ailleurs le lexique employé a des connotations chrétiennes « sauvez-moi ».

La marquise est chargée de délivrer la jeune fille de la faute.

En ce sens, la lettre a le même rôle que la confession religieuse mais l'emploi de la lettre permet à Laclos d'opérer le glissement du bien au mal, de faire sombrer les personnages dans le vice, sans que la religion et la vertu ne leur soit d'aucun secours.

Ainsi la lettre dans sa ressemblance avec la confession religieuse est un piège qui se referme progressivement sur les personnages. Transition : La lettre est bien plus qu'une simple confidence, elle est un élément essentiel du roman, elle est à la fois un objet concret et une parole en acte. II.

La lettre comme objet et comme acte 1) La lettre fonctionne comme une relique Dans la lettre 150 du chevalier Danceny, la lettre apparaît comme un objet : « C'est alors qu'une lettre est si précieuse ; si on ne la lit pas, du moins on la regarde…Ah !sans doute, on peut regarder une lettre sans la lire, comme il me semble que la nuit j'aurais encore quelque plaisir à toucher ton portrait… » La lettre compense l'absence de la personne aimée, elle est présence.

Les personnages font bien plus que se confier à travers la lettre, ils agissent.

La lettre est bien plus qu'une simple marque de confiance, elle est un objet, un acte.

Il serait vain de vouloir résumer la lettre dans ce roman au simple rôle de support de la confidence. 2) La lettre comme déversoir trop-plein d'émotion La lettre apparaît comme le lieu où laisser affluer un débordement d'émotions : « Comment vous raconter ? comment vous dire ?...

Je ne sais comment faire.

Cependant mon cœur est plein.

Il faut que je parle à quelqu'un ».

La lettre apparaît dans ce cas comme l'ultime recours, lorsque les règles de la morale ont été enfreintes pour lutter contre la culpabilité.

Dès lors, comme une relique, la lettre reçoit la faute et le personnage semble s'en délivrer comme s'il enfermait la culpabilité dans la lettre.

La lettre reçoit la faute de la petite Cécile.

Cette confession de Cécile est un acte.

Pour le lecteur, elle révèle l'amour consommé et pour le personnage dupe de son confident, la lettre le précipite dans le vice.

Confier cet acte à la marquise, c'est déjà pour Cécile s'acheminer vers. »

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