A quoi sert la philosophie ?
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«
Termes du sujet:
PHILOSOPHIE
La philosophie, selon Pythagore, auquel remonte le mot, ce n'est pas la sophia elle-même, science et sagesse à la fois, c'est seulement
le désir, la recherche, l'amour (philo) de cette sophia.
Seul le fanatique ou l'ignorance se veut propriétaire d'une certitude.
Le
philosophe est seulement le pèlerin de la vérité.
Aujourd'hui, où la science constitue tout notre savoir et la technique, tout notre
pouvoir, la philosophie apparaît comme une discipline réflexive.
A partir du savoir scientifique, la visée philosophique se révèle comme
réflexion critique sur les fondements de ce savoir.
A partir du pouvoir technique, la sagesse, au sens moderne se présente comme une
réflexion critique sur les conditions de ce pouvoir.
En Orient, ou bien encore dans l'Antiquité classique, la question ne se poserait même pas, tant l'enseignement des sages était
recherché et compris comme une nécessité vitale.
Confucius par exemple a été le véritable maître à penser d'un peuple entier, et son
influence persiste encore de nos jours, comme en fait foi l'hostilité que lui vouent les dirigeants actuels de la Chine.
Rien de semblable parmi nous où la philosophie, mis à part quelques modes passagères, apparaît plutôt comme une activité marginale,
sans réelle influence politique, morale ou sociale.
Et lorsque par malheur certains philosophes tels que Platon ou Berkeley ont voulu
tenter de réaliser d'une manière concrète leur idéal et de construire une société en fonction de corollaires métaphysiques, leur
entreprise a rapidement tourné au désastre.
Et il semble bien toujours devoir en être ainsi, à moins que l'apprenti-sorcier ne retrouve à
temps les voies éprouvées du pragmatisme politique et de la raison d'Etat.
Mais c'est au prix d'un reniement de son intention première
qui était de comprendre, non de contraindre.
Cependant, le degré de pouvoir ou d'efficacité sociale qu'une institution est en mesure d'exercer est-il le seul critère qui puisse en
justifier l'existence ? En d'autres termes, s'il est nécessaire de prendre en considération ce par quoi une société vit, ne faut-il pas
également accorder quelque importance à ce par quoi elle vaut ? Ce par quoi une société vit, nous le savons déjà : par une nécessité
fatale, elle vit d'oppression.
Oppression dont le langage est un des vecteurs privilégiés : telle est la portée de la grande leçon
socratique et platonicienne.
« Le langage, écrit R.
Barthes, est une législation, la langue en est le code.
Nous ne voyons pas le pouvoir
qui est dans la langue parce que nous oublions que toute langue est un classement et que tout classement est oppressif...
Parler, et à
plus forte raison discourir, ce n'est pas communiquer, comme on le répète trop souvent, c'est assujettir.
» La situation est-elle donc
sans remède ? Non, car il y a une manière de piéger le langage, de tricher avec lui : « Cette tricherie salutaire, cette esquive, ce leurre
magnifique, qui permet d'entendre la langue hors pouvoir, dans la splendeur d'une révolution permanente du langage, je l'appelle pour
ma part: littérature».
Ne peut-on également l'appeler : philosophie ? Et l'une et l'autre, par des voies différentes, ne tentent-elles pas
d'assumer cette tâche folle : surmonter l'inadéquation fondamentale du langage et du réel, à laquelle nul ne saurait se résigner ?
Aussi la philosophie peut-elle se justifier en fin de compte par son inévitabilité de fait, toute critique que l'on serait tenté d'en faire
s'engageant nécessairement sur le même terrain qu'elle, c'est-à-dire dans une problématique qu'on ne peut qualifier que de
philosophique.
Le fait que nous soyons à la fois dans le monde et hors de lui, que nous « mentalisions » l'univers nous donne sur lui,
comme dit Gusdorf, un droit de reprise, la possibilité de le redoubler par la parole, de le transformer par l'action, de le mettre en
perspective grâce à différents systèmes de représentation.
Le monde n'a pas pour nous cette présence massive, cette univocité qu'il
présente pour l'animal : il faut donc nous situer par rapport à lui, l'explorer, le dire, le peindre, mais sans jamais pouvoir coïncider
pleinement avec lui.
De là une certaine permanence, sinon des réponses qu'il fournit, du moins des questions que le philosophe pose à
lui-même et aux autres.
« Les vérités philosophiques, dit Alquié, sont issues de l'homme tout entier et de sa réflexion sur son rapport
fondamental avec le monde, rapport qui ne change pas aussi vite que les hypothèses formulées par la science sur la structure de
l'objet, et qui ne saurait être essentiellement modifié en dépit du progrès des techniques, tant que l'homme n'aura pas réussi à se créer
lui-même ou à vaincre la mort » (La découverte métaphysique de l'homme chez Descartes, p.
4).
Restent naturellement les moments d'heureuse inconscience, d'abandon à la saveur du moment, de pure jouissance des « nourritures
terrestres ».
Moments précieux, certes, mais qui ne contiennent cependant pas le sens véritable de l'existence.
« Rien de plus rare
dans ta vie, écrit F.
Mauriac : une minute où tu ne désires pas être ailleurs ; la terre tiède épouse ton corps, un vent frais rend
délicieuse la brûlure du soleil.
Je ne souhaite pas autre chose ; mais c'est parce que l'âme est absente de cette joie : ce bien-être naît
de son absence.
Ce repos me coupe de tout amour humain ou céleste.
Très proche suis-je sans doute de ce chien étendu au soleil, les
pattes raides, le museau dans la terre.
Si on mourrait dans une pareille minute, ne serait-ce pas l'éternité perdue ? » (Souffrances et
bonheur du chrétien, Tome 9, p.
121 de l'édition Rencontre).
La philosophie forme le esprits
Si la philosophie dérange les pouvoirs, pourquoi est-elle toujours enseignée ? Cette question n'est pas aussi paradoxale qu'il y paraît.
• L'alternative, au lendemain de la Révolution française, fut la suivante : ou l'on renonçait à l'enseignement de la philosophie, et en ce
cas on permettait aux prêtres de retrouver leur mainmise sur l'éducation, ou l'on préférait rendre l'étude de la philosophie obligatoire,
cela afin d'éviter un éventuel retour à l'obscurantisme.
Ce fut cette dernière solution qui fut retenue.
• Sous le premier Empire (décret de 1808) la philosophie devint une discipline majeure au sein du cycle secondaire.
La raison en est
simple : il convient alors de fournir aux futurs bacheliers les moyens de devenir des citoyens libres, raisonnables et responsables.
Cela
comporte certains risques : former les esprits à penser par eux-mêmes, c'est aussi aiguiser leur sens critique.
Mais n'est-ce pas cela
même qui donne son sens à un régime véritablement démocratique ?
La philosophie est créatrice de sens
• Le métier de savetier est de fabriquer des sabots, le métier de l'homme politique est de conduire les affaires de l'État.
On peut dire
que le « métier» de philosophe est de « fabriquer » des idées qui, à chaque époque nouvelle, permettent de donner un sens à l'histoire,
à l'existence, au progrès.
• Les hommes font le monde, le transforment, inventent, décident.
Le philosophe a pour tâche de comprendre et donner un sens à ces
évolutions, ces mutations.
La philosophie offre aux hommes la possibilité de mieux s'adapter aux changements de leur propre histoire.
Kant, à ce sujet, écrit: «La philosophie est la science des rapports qu'a toute connaissance aux fins essentielles de l'humaine raison »..
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