A qui appartient-il de décider du juste et de l'injuste ?
Extrait du document
«
Justice légale, justice particulière
La justice se présente d'abord comme la règle qui préside aux relations des citoyens à l'intérieur de la cité.
Mais elle
s'adresse aussi à la conscience individuelle, subjective.
Celui qui connaît les failles de la loi et s'y engouffre en vue d'un profit personnel, celui-là en effet ne passe pas pour
un homme véritablement juste.
On peut donc se demander, à bon droit, si ce n'est pas la conscience individuelle, plutôt que le législateur, qui est
susceptible de décider du juste et de l'injuste.
La relativité de la justice
C'est la coutume, selon Pascal, ce sont nos habitudes et nos préjugés qui nous font décider de l'équité ou de
l'iniquité de toutes choses.
Blaise Pascal: Les critères du juste sont-ils relatifs ?
Sur quoi [le souverain] la fondera-t-il, l'économie du monde qu'il veut
gouverner ? Sera-ce sur le caprice de chaque particulier ? Quelle confusion !
Sera-ce sur la justice ? Il l'ignore.
Certainement, s'il la connaissait, il n'aurait
pas établi cette maxime, la plus générale de toutes celles qui sont parmi les
hommes, que chacun suive les moeurs de son pays ; l'éclat de la véritable
équité qui aurait assujetti tous les peuples, et les législateurs n'auraient pas
pris pour modèle, au lieu de cette justice constante, les fantaisies et les
caprices des Perses et Allemands.
On la verrait plantée par tous les États du
monde et dans tous les temps, au lieu qu'on ne voit rien de juste ou d'injuste
qui ne change de qualité en changeant de climat [...].
Plaisante justice qu'une
rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà.
De cette
confusion arrive que l'un dit que l'essence de la justice est l'autorité du
législateur, l'autre la commodité du souverain, l'autre la coutume présente ; et
c'est le plus sûr : rien, suivant la seule raison, n'est juste de soi ; tout branle
avec le temps.
La coutume fait toute l'équité, par cette seule raison qu'elle
est reçue ; c'est le fondement mystique de son autorité.
Qui la ramène à son
principe, l'anéantit.
On pourrait aisément, à ce compte, professer un amoralisme commode : si la justice n'est rien en soi, alors elle est
ce que je veux.
La justice peut aussi être définie, comme ce qu'impose le fort au faible.
Cette interprétation est mise en avant par Rousseau : « je vois des peuples infortunés gémissant sous un joug de
fer, le genre humain écrasé par une poignée d'oppresseurs, une foule affamée, accablée de peine et de faim, dont le
riche boit en paix le sang et les larmes, et partout le fort armé contre le faible du redoutable pouvoir des lois.
» («
Fragment sur l'état de guerre »).
Le fort, ici, c'est en particulier le riche.
Dans la seconde partie du « Discours sur l'origine de l'inégalité », Rousseau
tente de montrer comment a pu se produire l'appropriation de ce qui tout d'abord n'est à personne : « le premier qui
ayant enclos un terrain s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai
fondateur de la société civile ».
Une telle appropriation, qui n'est qu'un coup de force, s'expose au nouveau coup de
force de celui qui, tenté, voudrait à son tour s'emparer du bien ; l'auteur de l'appropriation doit donc trouver le
moyen de conserver sa propriété en se la faisant garantir par un titre, respecté par les autres hommes ; il désire la
structuration de la vie sociale : « telle fut ou dut être l'origine de la société et des lois, qui donnèrent de nouvelles
entraves au faible et de nouvelles forces au riche, détruisirent sans retour la liberté naturelle, fixèrent pour jamais la
loi de la propriété et de l'inégalité, d'une adroite usurpation firent un droit irrévocable, et pour le profit de quelques
ambitieux, assujettirent désormais tout le genre humain au travail, à la servitude et à la misère ».
Une perspective comparable se retrouve dans le marxisme, qui explique par des évolutions économiques les
évolutions sociales, politiques et idéologiques.
A un certain type d'organisation de l'activité économique correspond
un certain type de division de la société en classes sociales, aux intérêts opposés.
La « lutte des classes » est
directement responsable des événements politiques, par exemple l'arrivée au pouvoir de telle ou telle force politique
qui va légiférer, au profit des groupes sociaux dont elle représente les intérêts.
Le droit en vigueur à un moment
donné se présenterait donc toujours comme un droit partial, favorable aux groupes sociaux par lesquels,
indirectement, et pour lesquels, il est institué.
Dans le cadre d'une société capitaliste , la bourgeoisie d'affaires.
»
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