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À quelles conditions une activité est-elle un travail ?

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« Termes du sujet: CONDITION (n.

f.) 1.

— Dans la proposition « si A alors B », A est condition de B ; se dit aussi du premier terme d'une relation causale réelle (les conditions d'un phénomène).

2.

— Condition nécessaire et suffisante : A est condition nécessaire et suffisante de B, si quand A on a toujours B et sans A jamais B. 3.

— Manière d'être, situation (la condition humaine), situation sociale. 4.

— Conditionné : a) Qui dépend d'une condition.

b) Qui a subi un conditionnement.

5.

— Conditionnement : processus par lequel un comportement en vient à être déterminé par des conditions données ; modification d'un comportement par établissement d e réflexes conditionnés (cf.

réflexe).

6.

— Conditionnel : qui dépend d'une condition ; pour QUINE, nom de l'implication matérielle. TRAVAIL: Du latin populaire tripalium, «machine à trois pieux » destinée à immobiliser les chevaux pour les ferrer, d'où « instrument de torture ». Toute activité visant à la production d'une oeuvre utile.

Spécialement, ensemble des activités accomplies par l'homme pour produire des biens et des services en contrepartie desquels il est rémunéré. • Le travail est souvent associe a la peine et a la souffrance.

Dans la Bible d'ailleurs, Dieu punit le premier péché en chassant Adam du jardin d'Eden et en l'obligeant à cultiver désormais une terre stérile : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ».

• Pour Marx, le travail humain contribue à transformer l'homme tout autant que la nature.

En effet, contrairement à l'animal, qui agit par pur instinct, l'homme détermine dans sa conscience le but qu'il veut atteindre avant de le réaliser.

« Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, écrit Marx, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche.

» • Le travail salarié constitue, selon Nietzsche, « la meilleure des polices » : « il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance ». [Introduction] Tous les organismes vivants font preuve d'activités plus ou moins complexes et diversifiées.

De l'animal qui construit son nid au peintre qui élabore son tableau, l'éventail des activités possibles est évidemment très vaste.

Au point qu'il peut être intéressant de chercher à mieux caractériser certaines d'entre elles, en les reconnaissant comme des modes de ce que l'on nomme, au sens strict, travail.

À quelles conditions une activité est-elle un travail ? Quels sont les critères nous permettant de distinguer le simple fait d'être actif et de dépenser de l'énergie, du fait de travailler ? [I.

Activité animale, activités humaines] Toute activité s'oppose d'abord à la passivité : elle désigne ainsi une utilisation du corps, le fait qu'il est en contact plus ou moins direct avec des matières, et que les mouvements ou gestes accomplis obtiennent un résultat. De ce point de vue, rien ne s e m b l e plus actif qu'une colonie de fourmis : elles s'agitent, transportent des brindilles et des fragments végétaux, semblent parfois s'entraider pour franchir un obstacle, vont déposer leurs fardeaux en des emplacements précis, etc.

Sans montrer une effervescence comparable, d e nombreux animaux effectuent un certain nombre d e tâches favorisant leur survie – qu'il s'agisse de chasser une proie, de construire un nid ou un barrage, de tisser une toile, de maçonner une galerie souterraine.

On affirme pourtant que les animaux ne travaillent pas, et qu'ils n'agissent qu'en fonction de leurs déterminations instinctives. Marx, notamment, a marqué ce qui sépare cette activité animale du travail, dont il réserve le sens fort au seul être humain.

Il souligne que le travail se définit essentiellement par la présence d'un projet, toujours absent de l'animalité.

Ce qu'il qualifie d'« aspect primordial du travail» (qui ne concerne encore qu'un être si l'on peut dire «préhumain ») correspond à un « mode encore instinctif ».

Ce n'est qu'audelà que le travail authentique émerge, lorsque l'homme conçoit d'abord le but qu'il veut atteindre, et qu'il règle son activité en fonction de ce but.

Un tel but reste absent de l'activité de l'animal, parce que ce dernier est prédéterminé pour obtenir ce qui lui convient sans avoir la possibilité de d'abord l'imaginer ou s e le représenter « intellectuellement ».

D'où la formule célèbre : « Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche.

» Le projet, la représentation du but à atteindre détermine le comportement du travailleur jusqu'à ce qu'il obtienne satisfaction. Chez l'animal, l'activité est au contraire réglée par l'hérédité des instincts de son espèce.

et c'est d'ailleurs pourquoi, si l'on crève ou déforme la toile d'une araignée en cours de tissage, elle continuera à la tisser comme si rien ne s'était passé, obtenant alors un résultat sans efficacité.

L'animal est incapable de corriger en cours de route un échec partiel, alors que le travail humain inclut cette capacité : dans la mesure où il s'agit de réaliser un projet, la réalisation doit être conforme à ce qui était prévu ou attendu, et les accidents de parcours entraînent des corrections, parce qu'un résultat final décevant est immédiatement imaginé et évité. [II.

Le travail comme activité transformatrice] Si le travail ne consistait qu'à transformer des matières naturelles, on pourrait contester la différence soulignée par Marx : après tout, les animaux peuvent aussi modifier la nature par leurs activités (cf les barrages des castors).

Mais le travail opère en réalité une transformation qui est double, et concerne, au-delà du milieu, le travailleur luimême. Cette double transformation n'est pas encore soulignée par les philosophes d e l'Antiquité, et il faut attendre les réflexions d e Rousseau pour qu'elle soit thématisée sérieusement.

En reconstituant une histoire vraisemblable d e l'humanité, Rousseau commence par signaler que l'apparition du travail s'accompagne d'une humanisation authentique, soit d e l'émergence des qualités qui distinguent l'homme de l'animal.

Le travail, qui apparaît dans son hypothèse comme la conséquence des premiers regroupements humains, est contemporain de la formation du langage, des sentiments, de la notion de propriété.

Aussi longtemps que l'homme initial (en fait, un préhumain) a pu survivre en profitant de ce que lui proposait la nature, il n'était pas encore doté de tels caractères, mais, vivant seul, il n'avait ni langage, ni affectivité, ni propriété.

Par contre, la nécessité d'obliger la nature à satisfaire ses besoins détermine des modifications dans l'homme lui-même. C'est ensuite Hegel qui a sans doute le mieux analysé la portée d e ces modifications.

Dans sa « dialectique du maître et de l'esclave », il montre en effet que le travailleur, s'il est d'abord soumis aux matières et à la volonté de l'autre, évolue grâce à son labeur : non seulement il s'enrichit en apprenant comment obtenir de la matière ce qui lui convient, mais surtout il accède à la seule liberté authentique qui, au lieu de rester abstraite et vide (comme celle du « maître », qui se replie entièrement sur ce qu'il est, sous prétexte de ne supporter aucune influence), est une liberté qui prouve sa réalité en agissant efficacement.

À la fin de cette dialectique, le travailleur a changé (involontairement sans doute, mais le bénéfice est bien pour lui) sa définition : il devient capable d'humaniser le monde, et trouve dans cette humanisation la marque de sa propre existence.

C'est par lui que se fera en conséquence l'Histoire.. »

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