Séance n°3 – L’éloge de l’incompétence. ET 1 Obj : Observer la satire de la médecine. Support : Le Malade imaginaire, de Molière, (II, 5).
Publié le 04/04/2023
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«
Séance n°3 – L’éloge de l’incompétence.
ET 1
Obj : Observer la satire de la médecine.
Support : Le Malade imaginaire, de Molière, (II, 5).
Introduction :
En plein XVIIème siècle, alors que le genre théâtral connaît son apogée,
deux mouvements littéraires se succèdent, le baroque et le classicisme,
laissant chacun leur empreinte dans la littérature française et notamment
chez Molière.
Ce grand dramaturge, écrivain français probablement le plus
célèbre, auteur d’un nombre conséquent de comédies, achève son succès
par Le Malade Imaginaire.
Cette comédie-ballet reprend les
caractéristiques habituelles de son auteur, à savoir des personnages
caricaturaux, des procédés farcesques et surtout une véritable satire
sociale.
Elle met en scène Argan, un hypocondriaque, qui désire marier sa
fille à un médecin, Thomas Diafoirus.
Dans la scène 5 de l’acte II, ce
dernier, accompagné de son père, vient rencontrer Argan.
Projet de lecture :
En quoi peut-on ici parler d’éloge paradoxal ?
Mouvement du texte :
l.
1 à 8 : le portrait de l’enfant
l.
8 à 16 : des débuts laborieux
l.
16 à la fin : une fierté paternelle surprenante
Etude linéaire :
I-
Le portrait de l’enfant.
M.
Diafoirus commence sa réplique par une précaution oratoire,
espérant que celle-ci saura rassurer son interlocuteur Argan quant à sa
neutralité (« ce n’est pas parce que je suis son père »).
La conjonction
de coordination « mais » qui suit cette proposition, lui permet
d’avancer dans son argumentation et de confirmer son propos.
Il entame
alors un portrait de son fils que l’on suppose mélioratif, bien que
particulièrement maladroit.
Il précise que ce dernier lui apporte toute
satisfaction et afin de prouver à nouveau sa totale objectivité, il prend
appui sur le jugement extérieur « de tous ceux qui le voient ».
Ainsi, le
jeune Thomas est d’abord défini comme un être gentil « un garçon qui n’a
point de méchanceté ».
Toutefois, la suite du portrait s’annonce étonnante
puisque le père choisit de définir son fils par la modalité négative en
espérant souligner son absence de défauts (7 occurrences de « il n’a
point », « il n’a jamais », « ni », « il ne connaissait »).
L’éloge prend
plutôt des accents critiques puisqu’on reproche au jeune garçon la
pauvreté de son imagination et l’absence de traits d’esprit remarquables.
Le père poursuit en arguant de ses aptitudes intuitives qui pourraient
compenser son manque d’intelligence, comme le suggère l’usage de la
conjonction de coordination « mais » qui de nouveau l’amène à
argumenter ses propos.
Son discours prend une tournure hyperbolique
par l’emploi massif d’adverbes absolus comme « toujours » et
« jamais » : « c’est par là que j’ai toujours bien auguré de sa judiciaire ».
Cette intuition qu’il suppose à son fils est apposée à un groupe nominal
cette fois plus élogieux puisqu’il comprend les termes mélioratifs
« qualité » et « art », renvoyant directement à la médecine.
A nouveau,
M.
Diafoirus définit son fils par ce qu’il n’est pas (« il n’a jamais été mièvre
et éveillé »).
Le portrait se voit complété par des considérations
comportementales.
Ainsi, le jeune Thomas ne semble pas très sociable
« on le voyait toujours taciturne », « ne disant jamais mot », « ne jouant
jamais à tous ces jeux que l’on nomme enfantins ».
En quelque sorte, il
semble en marge de la jeune société.
En définitive, ce portrait fait par un
père semble assez déroutant car finalement assez peu élogieux.
II- Des débuts laborieux.
La suite de notre extrait confirme ces premières impressions.
En effet,
l’approche hyperbolique se manifeste à nouveau, dans un esprit
négatif « on eut toutes les peines du monde à lui apprendre à lire ».
Le
père, espérons-le, exagère les difficultés de son fils, alors même qu’il
s’agit de compétences de base.
Il poursuit dans la même optique avec la
phrase suivante qui oppose son âge tardif à son ignorance des lettres de
l’alphabet.
Il souligne donc, devant son potentiel futur beau-père, les
difficultés de son fils à apprendre les choses les plus élémentaires, ce qui
n’est pas très rassurant.
M.
Diafoirus, tente alors de se rassurer lui-même
en se persuadant que les lacunes de son fils sont en réalité des qualités.
La métaphore de l’arbre dans une sorte de chiasme confirme cette
tentative : « les arbres tardifs sont ceux qui portent les meilleurs fruits ».
Il s’agit ici d’un présent gnomique qui donne toute sa force à la
tournure sentencieuse de la phrase comme pour l’assurer de sa
véracité.
De la même manière, il enchaîne avec une autre évidence « on
grave sur le marbre bien plus malaisément que sur....
»
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