Les fausses confidences acte2 scene 10
Publié le 25/06/2023
Extrait du document
«
Acte II, scène 10, LES FAUSSES CONFIDENCES, Marivaux
Extrait de DUBOIS : « C’est par pure colère » à la fin de la scène
Phrase amorce et présentation du texte à rédiger
Après un premier acte centré sur la manipulation d’ordre rhétorique (acte I,
scène 14), le deuxième acte se construit autour d’accessoires scéniques, les
portraits, la lettre, « vraies/ fausses » pièces à conviction dont se sert Dubois
pour entretenir son stratagème.
Alors que les scènes 5 à 9 développent une
intrigue secondaire autour d’un portrait mystérieux dont l’énigme est résolue
dans la scène 9, mettant à mal Araminte, une querelle farcesque opposant
Arlequin à Dubois, au sujet d’un deuxième portrait, éclate aussitôt, assurant une
progression dramatique.
Il n’est plus question d’un portrait miniaturé peint par
Dorante, mais d’un tableau contemplé par ce dernier, constituant dès lors une
nouvelle preuve de son amour « secret ».
Il s’agira d’analyser en quoi cette querelle révèle le tour de force de Dubois,
lequel se sert d’un accessoire imprévu qu’il intègre parfaitement à son plan.
Mouvements de l’extrait : 1) Une querelle savamment orchestrée/ DUBOIS –
« C’est par pure colère…Madame le voudra ainsi.
»// 2) La réussite du
stratagème/ARAMINTE-« Eh !Que m’importe ?...Retirez-vous tous deux.
»
I Une querelle savamment orchestrée
a) Le double jeu de Dubois, valet offusqué réplique 1°
Dubois feint d’être en colère « C’est par pure colère », jouant le rôle du
valet offusqué ,sentiment amplifié par la forme emphatique basée sur le
présentatif « C’est…que », se plaçant habilement non pas tant du côté
d’Araminte que de celui de Mme Argante qui cherche à confondre Dorante
depuis le début.
Son jeu est double, il veut à la fois prouver sa fidélité (qui
devient le gage de son honnêteté) qui l’a presque poussé à se battre « peu
s’en est fallu que nous ne soyons battus », et éprouver les sentiments
d’Araminte.
Il rapporte donc ce qui s’est passé en hors scène « voici la
cause de cette dispute » ( analepse/emploi du passé composé de l’indicatif
verbes à relever) et révèle sa parfaite maîtrise de la situation.
En effet,
alors que le 1° portrait dont il était question était une preuve conçue de
toute pièce par le valet machiniste, il se sert ici d’un tableau existant,
signe qu’il s’adapte parfaitement à la situation et se sert d’accessoires
indépendants a priori du stratagème « j’ai vu par hasard un tableau où
Madame est peinte ».
Le principe de la double entente est source de
comique : Dubois, garant de la convenance « j’ai cru qu’il fallait l’ôter, qu’il
n’avait que faire là, qu’il n’était point décent qu’il y restât » rythme
ternaire, gradation, juxtaposition de 3 propositions subordonnées
complétives.
« de sorte que j’ai été pour le détacher » prop sub
circonstancielle, CC de conséquence traduisant l’ intention morale de
Dubois contrecarrée par la réaction d’Arlequin provoquant leur
affrontement « ce butor » insulte « est venu pour m’en empêcher »
b) Arlequin manipulé, devient un adjuvant involontaire réplique 2°
Arlequin double inversé du valet machiniste , est totalement manipulé par
ce dernier :Dubois sait que le valet mis à la disposition de Dorante par
Araminte se montrerait le vif défenseur des intérêts de son maître, ce qui
renforce le comique de confrontation entre les deux valets.
Il se défend
(injures relevés à assurer), sans réaliser que la querelle fait partie de la
machination imaginée par Dubois.
Ingénu et ne comprenant pas
l’inconvenance de la situation, Arlequin rapporte une autre scène qui vient
de se dérouler en hors-scène (emploi du plus-que-parfait) : il a été témoin
d’une extase quasi mystique qu’il expose avec sincérité et objectivité.
Ses
paroles confirment la posture de l’amant transi qu’est Dorante qui
contemple « avec toute la satisfaction possible » et de « tout son cœur »
(emploi du déterminant défini à valeur hyperbolique) le tableau qui devient
presqu’une icône sacrée, et qui « réjouit cet honnête homme ».
Arlequin
devient donc l’adjuvant involontaire de Dubois : sa parole ingénue, que
personne ne peut remettre en cause , témoigne de l’amour insensé de
l’intendant ,de sa « dévotion ».
L’indiscrétion d’Arlequin sert le plan de
Dubois et de Dorante étant donné qu’Araminte obtient là encore la preuve
que son intendant l’aime sincèrement.
c) Une fausse confidence réplique 3°
Dubois poursuit son double jeu.
Se plaçant sous l’autorité de sa maîtresse
« Madame le voudra ainsi » (futur de certitude) , il manifeste un zèle
intempestif (redondance du pronom personnel « Et moi/ moi-même ».
Mais son objectif n’est pas tant d’ôter le portrait, ni de révéler l’amour de
Dorante, cela a déjà été fait, que de pousser Araminte à imposer sa
décision de laisser le tableau en place.
En imaginant une scène au futur ,
et en faisant mine de sauver l’honneur de sa maîtresse, il accule en réalité
Araminte à une décision qui révèlera son intérêt pour Dorante.
Le
spectateur complice de Dubois, savoure le jeu comique et saisit l’intention
du valet, entendant l’inverse de ce qui est énoncé : il sait que Dubois fait
tout pour qu’ « on laisse » le tableau en place.
Sa parole doit provoquer
une réaction inverse....
»
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