LE MALADE IMAGINAIRE, Molière La critique de la médecine
Publié le 25/06/2023
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«
LE MALADE IMAGINAIRE, Molière
La critique de la médecine
C’est un sujet récurrent chez Molière
Une question de vocabulaire
Il montre une très bonne connaissance du vocabulaire de la médecine et des
pratiques médicales courantes.
La musique des mots suffit cependant au plaisir
du spectacle tant la force comique du jargon associé à la bêtise manifeste des
médecins est évidente.
Certains termes et expressions semblent devoir tuer le
malade rien que par leur prononciation.
La médecine semble ignorante du fonctionnement du corps humain
La maladie supposée d’Argan n’est jamais nommée précisément et les
seuls remèdes qui lui sont apportés sont l’application réduite des paroles
répétées dans la parodie de cérémonie du 3° intermède « donner le
clystère/Ensuite saigner/Et puis purger.
» Il n’est question que de purges,
de lavements et de diverses méthodes pour « balayer,laver et nettoyer le
bas-ventre de monsieur »(I,1).
Le nom même de M.Purgon montre bien sa
seule capacité.
La pratique médicale semble très hésitante et uniquement
fondée sur une observation extérieure du corps humain : les Diafoirus
(II,2) se contentent de lui prendre le pouls pour émettre l’hypothèse d’un
diagnostic, qui n’est d’ailleurs que la mention d’un organe, la rate.
La
scène tourne court alors qu’Argan fait remarquer que M.Purgon n’a pas
mentionné le même organe malade et se finit sur la prescription, qui
ressemble plutôt à une recette de cuisine.
Peu importe qu’Argan soit malade ou non, ce qui est mis en avant ici est
l’incompétence manifeste des deux médecins, pourtant enclins à faire
étalage de leur prétendu savoir.
Le discours de Toinette semble alors à
peine exagéré quand, à tous les symptômes décrits par Argan, elle répond
« le poumon ».
Les paroles de Béralde ont une portée plus grave « Votre M.Purgon, par
exemple, n’y sait point de finesse ; c’est un homme tout médecin, depuis
la tête jusqu’aux pieds.
Un homme qui croit à ses règles, plus qu’à toutes
les démonstrations des mathématiques, et qui croirait du crime à les
vouloir examiner ; qui ne voit rien d’obscur dans la médecine, rien de
douteux, rien de difficile ; et qui avec une impétuosité de prévention, une
raideur de confiance, une brutalité de sens commun et de raison, donne
au travers des purgations et des saignées, et ne balance aucune chose.
Il
ne lui faut point vouloir mal de tout ce qu’il pourra vous faire, c’est de la
meilleure foi du monde ,qu’il vous expédiera, et il ne fera, en vous tuant,
que ce qu’il a fait à sa femme et à ses enfants, et ce qu’en un besoin il
ferait à lui-même.
»
La médecine est donc au XVII° siècle , selon le regard critique de Molière ,
le fait d’hommes obtus , qui peuvent prêter à rire, le temps d’une
comédie,mais qui sont surtout très dangereux.
La médecine semble être une question de gloire et d’argent
La scène d’exposition montre Argan, seul à sa table , faisant les comptes
de toutes les dépenses de médicaments prescrits par M.Purgon et
préparés par M.Fleurant.
Cette scène est d’emblée amusante pour créer le
portrait d’un personnage entièrement préoccupé de sa santé , mais elle
place la médecine sur un plan financier : Argan est transformé « en vache
à lait » selon Toinette.
La rupture (III,5) de M.Purgon avec Argan est
explicitement une rupture commerciale.
Cet homme qui a « huit mille
bonnes livres de rentes » précise Argan, semble conclure le mariage de
son neveu Thomas Diafoirus pour desraisons uniquement financières, liées
aux ressources qu’il pourra tirer des soins apportés.
En effet, puisqu’
Argan n’a pas rempli son engagement en ne prenant pas le clystère qu’il
lui a prescrit, il rompt le contrat en renonçant....
»
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