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gargantua satire

Publié le 10/06/2023

Extrait du document

« Dans Gargantua, Rabelais s’emploie également à réaliser la satire de la religion.

En effet, si Pantagruel (1532) portait d’ores et déjà une puissante critique de la religion, dénonçant principalement le trafic d’indulgences, la rapacité des papes ainsi que les dogmes religieux semblables à des superstitions, la critique présente dans Gargantua est toute aussi virulente.

Rabelais s’appuie ainsi sur trois groupes d’individus religieux pour porter la satire : les théologiens, les moines et les pèlerins, ainsi que sur l’abbaye de Thélème. La Sorbonne et les professeurs qui y enseignent, surnommés péjorativement « Sorbonnagres » par Rabelais, mélange de « Sorbonne » et de « onagre », sont l’une des cibles principales de l’humaniste.

C’est ainsi que, dans l’édition de 1535, Grandgousier, découvrant l’invention du « torche-cul » par son fils, s’émerveille de l’esprit dont ce dernier fait preuve et a pour projet de le faire « rapidement passer docteur en Sorbonne » (chap.

XIII).

L’analogie entre une invention scatologique et la possibilité d’enseigner à la faculté de théologie de Paris prête donc à rire et souligne le manque de raison des professeurs y enseignant.

Cet effet burlesque est renforcé par l’onomastique des noms des premiers professeurs sophistes du jeune prince, « Thubal Holoferne » (chap. XIV) et « Jobelin Bridé » (chap.

XIV).

Le premier, de l’hébreux « confusion », fait référence à un persécuteur juif décapité par Suzanne pour sauver son peuple dans la Bible, tandis que le second signifie « le jobard, le crédule bridé ».

Plus encore, la description en apparence élogieuse des professeurs donne naissance à un contraste comique avec le piètre enseignement dispensé au géant.

Il y « consacrait tout son temps ; malgré tout, il ne progressait en rien et, pire encore, il en devenait fou, niais, tout rêveur et radoteur » (chap.

XV) : le résultat est absolument contraire à celui recherché.

Enfin, le comique de mot et de situation occupe une place majeure dans le chapitre XIX.

Le magister noster ivre, Janotus de Bragmardo, envoyé afin de convaincre Gargantua de rendre les cloches de Notre-Dame, délivre une argumentation destructurée, insensée et entrecoupée de quintes de toux ainsi que de raclements de gorge.

Ce discours ridicule pour défendre les intérêts de l’Eglise, « matagrabolis[é] » (chap.

XIX) pendant près de dix-huit jours, soit une durée excessivement longue, perd toute sa solennité par l’ivrognerie du personnage.

En somme, par des procédés comiques, Rabelais met en lumière la manque de raison des théologiens et l’absence de sens dans leur discours, mais il critique également des moines. En outre, l’humaniste vise par le rire à dénoncer les pratiques des moines. Dans le prologue, Rabelais compare en effet son oeuvre aux silènes, c'est-à-dire des boîtes ayant un aspect repoussant, mais renfermant des onguents de grandes valeurs.

Toutefois, il emploie alors la formule « L’habit ne fait pas le moine » (prologue).

Ce contrepied piquant insinue que l’apparence des moines est représentative de leur fonction, mais que les individus ne le sont pas.

Lors de l’attaque par les soldats de Picrochole, ceux de l’abbaye de Seuilly font preuve de lâcheté et se contentent de réciter frénétiquement des prières à tous les saints. Par ailleurs, la satire des moines passe par le comique de caractère du personnage de Frère Jean des Entommeures, incarnant la figure de « l’antimoine » aux nombreux vices.

Il utilise tout d’abord le bâton de croix afin de tuer, malgré sa symbolique religieuse au chapitre XXVII.

Au cours du banquet tenu pour célébrer sa victoire, sa parole affranchie de toute contrainte donne le jour à un comique de mots omniprésent dans les dialogues.

En effet, les jurons proférés ne sont, selon lui, que « des figures de rhétoriques cicéroniennes » (chap. XXXIX) présentes seulement « pour orner son langage » (chap.

XXXIX).

Les citations latines sont également dérivées, servant une ambiguïté entre la religion et le vice.

Enfin, l’opposition entre le portrait de frère Jean et l’idée reçue d’un moine traditionnel suscite le rire chez le lecteur.

Il s’agit d’un personnage énergique, gai, peu tourné vers l’étude mais davantage.... »

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