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écriture iconoclaste

Publié le 25/05/2022

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« La littérature, loin de toute tentative fastidieuse de définition exclusivement étymologique, est le lieu d’expression et le véhiculeur privilégiés du faisceau tant sentimental qu’idéel de l’Homme : sentimental, car la littérature exalte le beau et magnifie le sublime en quête d’une sensibilité passionnée, parfois même, mélancolique au plus profond de l’être. N’était-elle pas lyrique ? Et idéel parce qu’elle est la représentation esthétisée du réel et la mise en fiction, par excellence, de la vie et du monde.

Soumise à l’écoulement inéluctable du temps, la littérature s’est toujours adaptée en diversifiant ses formes, en multipliant ses genres et en remettant constamment en question ses procédés techniques et ses normes.

En quoi s’agit cette remise en question ? Et qu’a-t-elle engendré ? C’est les questions auxquelles nous allons tenter de répondre en abordant les différentes formes de transgressions La sphère littéraire francophone connait un véritable foisonnement d’œuvres qui se caractérisent par la distanciation et la rupture avec les codes narratifs et génériques normalisés.

Ces œuvres iconoclastes recourent à des actes scripturaires disparates dont le nerf moteur est une véritable esthétique de transgression des canons instaurés.

Ces transgressions peuvent se manifester à travers le mélange des genres, le cas d’Agadir de Mohammed KhairEddine ou viennent se confondre roman, poème et théâtre.

Les parties dialoguées, les passages en vers libres et les sections en prose font d’Agadir une véritable mosaïque de genres animée par puissant souffle lyrique qui donne l’impression, à la fois, d’un chaos total et d’une force extraordinaire.

Mais on ne peut parler de transgression formelle sans évoquer l’incontournable Nedjma de Kateb Yacine.

Ce texte inclassable se refuse toute linéarité logique ou chronologique du fait de son caractère fragmentaire qui lui donne plus l’aspect d’une juxtaposition hétéroclite de textes et de chapitres que celui d’un véritable roman.

Cette construction éclatée entraine souvent une perte de sens et de continuité dans un texte renfermé sur lui-même par le biais d’une architecture circulaire et close. Mais ce serait se tromper de croire que les transgressions s’arrêtent là.

Certains auteurs sont allés beaucoup plus loin.

Prenons à titre illustratif le cas d’Albert Laberge et de son seul roman, La Scouine.

Le québécois, voulant mettre en scène le monde fastidieux et ennuyeux qu’était la campagne, a choisi de dépourvoir son récit de toute notion d’intrigue, de héros ou de dénouement.

Il n’y a ni situation compliquée ou même embarrassante dont le protagoniste voudrait se sortir, ni quête de soi ou d’un objet, ni enquête policière palpitante qui ferait planer le doute et dérouterait les esprits les plus aiguisés, ni histoire d’amour clandestine à laquelle on pourrait s’identifier et espérer, les yeux remplis de larmes, une fin heureuse.

L’on enchaîne les longs passages de description détaillée, typique des œuvres réalistes, dans l’attente et l’espérance d’une éventuelle action, d’un éventuel événement qui viendrait briser la monotonie des jours qui se succèdent et se ressemblent, de ce calme plat qui règne sur cette campagne, mais rien ne se produit.

C’est l’avènement du rien.

Un profond sentiment de déception commence à s’installer au fur et à mesure que l’on se rapproche de la fin du roman. L’on est violemment désabusé, car, à aucun moment, on n’a plongé dans le monde merveilleux qu’est celui des œuvres romanesques.

L’euphorie se transforme alors en dysphorie et le retour à la réalité est d’autant plus douloureux et décevant que l’on apprend ne jamais l’avoir quittée.. »

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