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Dissertation Roman: personnages en marge de la société

Publié le 14/06/2023

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« Introduction: Lorsque L'Abbé Prévost publie en 1731, L'histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut.

Il s'agit du dernier tome des Mémoires d'un homme de qualité, une forme d'autobiographie fictive du marquis de Renoncour.

qui pourrait être un double de Prévost lui-même.

Mais dès cette première publication, l’auteur entrevoit le statut particulier de ce qui devient rapidement et simplement Manon Lescaut.

L' ouvrage est publié en volume autonome en 1 733, et, dès sa première publication, il a attiré l'attention des lecteurs aussi bien que de la censure.

Le personnage de Manon fascine, indigne ou interroge: cette jeune femme est perçue par certains comme libertine, manipulatrice, debauchee, seule responsable des malheurs de son amant, par d'autres en revanche comme innocente.

fragile, perdue par la passion des plaisirs, par d'autres encore, enfin, comme um personnage plus complexe voire mystérieux, qui ne peut être défini à travers un portrait moral univoque et tranché.

L'histoire des deux amants est en effet construite de rebondissements multiples les menant des loges de la Comédie à la prison, des tables de jeu aux auberges sordides, des dîners dans la haute société à la déportation en Amérique.

Ils semblent sans cesse enfreindre les codes sociaux et moraux, mais le faire peut-être en toute innocence.

Nous nous demanderons alors si ces personnages sont vraiment en marge de la société, s'ils peuvent être considérés comme de simples marginaux, des hors-la-loi sans morale.

Nous constaterons d' abord que leur audace et leur liberté d'action créent en effet les rebondissements du roman.

Mais nous montrerons aussi que ces personnages sont à l’image de la société dans laquelle ils vivent et qu’on ne peut donc pas considérer qu’ils sont absolument en dehors des codes et des normes. Développement I - Leur audace et leur liberté d'action créent en effet les rebondissements du roman. En premier lieu, il semble bien que Manon et des Grieux sont des personnages en marge de la société. Leurs aventures donnent lieu à un récit qui se veut « un exemple terrible de la force des passions », d’après l’annonce du marquis de Renoncour dans l’Avis de l'auteur.

Et tout ce qui leur arrive semble peu conventionnel et très romanesque, au sens de « peu banal et qui excite l'imagination » selon la définition du Trésor de la langue française. En effet, les deux aments côtoient des milieux de ombre liés à la prostitution.

à la tricherie au jeu, aux règlements de compte et à la corruption, Ainsi le frère de Manon, M.

Lescaut est un « homme brutal et sans principes d'honneur », il envisage de gagner de l'argent en vendant les charmes de sa sœur a un homme riche, il encourage des Grieux à faire de même avec une femme âgée et fortunée. C'est lui qui le fait entrer à la Ligue de l'industrie, un groupe de tricheurs qui l'initient à leurs pratiques pour qu’il puisse aller duder des joueurs crédules à l'hôtel de Transylvanie. De même, Manon adresse à son amant une jeune prostituée, lorsqu'elle se trouve avec le fils de M.

de G… M… en pensant qu’elle pourrait divertir des Grieux en son absence.

Enfin des Grieux emploie des hommes de main pour tenter de faire délivrer Manon qui doit être envoyée en Amérique.

Il connaît un garde du corps qui peut lui procurer des hommes.

des armes et des chevaux.

Cette société de l'ombre devient donc familière à des Grieux au fil de ses rencontres et de ses aventures.

Et il est à noter que rien dans son discours ne vient apporter une parole dépréciative sur ces personnages.

Les termes employés restent de l'ordre d'une désignation objective comme « garde du corps » ou « soldat ».

Les deux amants participent donc aux actions de ces personnages peu recommandables dont ils louent les services ou bien qu'ils côtoient au plus près dans les cercles de jeu ou des ruelles sombres. Par ailleurs, Manon et des Grieux sont des personnages en marge de la société par leurs actes et leurs décisions.

Dès leur première rencontre, ils décident ainsi de s'enfuir pour échapper à la vie religieuse à laquelle ils semblent tous les deux promis.

Ils mettent en place une « ruse » pour duper l’une Ie « vieil Argus » qui l’accompagne, l’autre son ami Tiberge et ils fuient au lever du jour avec une chaise à porteurs pour gagner Paris.

Leur audace leur fait briser les conventions sociales et des Grieux précise que dès leurs arrivée à Saint Denis “nous fraudâmes les droits de l’Eglise et nous nous trouvâmes époux sans y avoir fait réflexion”. Là non plus, le narrateur semble rapporter simplement les faits, sans que la transgression soit réellement commentée.

Lorsque Manon retrouve des Grieux au séminaire de Saint Sulpice après deux ans de séparation, ils fuient de même.

Et par un renversement des valeurs morales, c’est parce que Manon fait montre d’un repentir qui semble sincère que des Grieux abandonne tous ses engagements . Enfin le jeune chevalier n’hésite pas à mentir à son ami Tiberge pour obtenir de lui de l’argent, il triche au jeu, il tue un homme mais tout en justifiant ses actes par une cause plus noble qui est la liberté et l’amour de Manon.

Les valeurs morales semblent donc inversées chez les personnages et le double niveau de narration renforce cette impression; des Grieux, narrateurs a posteriori, raconte en justifiant ses actions par passion.

S’il fait état de son manque de sagesse ou de raison, c’est surtout finalement pour susciter la compassion et revendiquer en quelque sorte son statut marginal par la puissance de son amour. Les deux amours sont tout d'abord conduits à l'hôpital et à Saint Lazare compter de duper le vieux M. de G...

M...

Leur piège c'est donc retourner contre eux et ils vont alors être traités " moins comme des criminels que comme des de fieffes libertins " .

Les deux prisons où ils sont conduits sont d'ailleurs celle qui accueille en priorité les femmes et les hommes accusés de débauche, les prostituées à la prison de l'hôpital, et les jeunes gens dénoncés par leur famille à Saint Lazare.

Ils sont ensuite arrêtés une seconde fois, cette fois après leur tentative de duperie du fils de M.

de G...M...

Par cette réitération du même motif narratif, le récit souligne l'absence d'évolution des personnages, ils n'ont pas appris de leurs erreurs et conforte leur portrait de personnage en marge. Leurs actes sont bien reconnus comme délictueux et, aggravation tragique, Manon est condamnée à la déportation en Amérique.

L'abbé Prévost apporte ici un trait de réel dans son récit en faisant explicitement référence à une pratique du pouvoir royal pour peupler les nouvelles colonies du Mississippi: " on commençait, dans le même temps, à embarquer quantité de gens sans aveu pour le Mississippi".

Ces "gens sans aveu" son des personnes réprouvées par la loi, du fait de leur conduite immorale.

Manon est donc inclus dans un groupe d'une douzaine de filles de joie qui doivent aller épouser des colons aux nouvelles Orléans.

Des Grieux lui-même à conscience d’être un hors-la-loi, exemple quand il repart d'une de ses entrevues avec Tiberge et qu'il prend peur à marcher seul dans la rue.

Il sait bien qu'il a tué un homme à Saint-Lazare, qui l'a fait évader Manon de l'hôpital et qu'il est témoin dans la mort de Lescaut.

Il doit donc faire preuve de prudence et se cacher. Les deux amants sont donc bien les personnages en marge, la société les considère ainsi en les condamnant à plusieurs reprises et les personnages eux-mêmes ont conscience de leur statut même s'ils ne remettent pas en cause par ailleurs la légitimité de leurs actes. IL - Ces personnages sont à l'image de la société dans laquelle ils vivent et qu'on ne peut donc pas considérer qu'ils sont absolument en dehors des codes et des normes. Toutefois il ne faudrait pas simplement considérer Manon et des Grieux comme des personnages en marge, qui agissent selon la seule morale de leur passion et sans se préoccuper des règles sociales ou religieuses. En effet, l'abbé Prévost souhaite faire de son récit un traité de morale, pas explicitement les deux amants dans la conduite de la narration.

Pour que cette démarche soit effective, il encre précisément les aventures des deux jeunes gens de la société de son temps.

Manon et des Grieux agissent donc en marge des lois, certes, mais ils représentent aussi pleinement leur époque et ses travers. C'est ce qui rend ces personnages, et en particulier Manon, merci ambigu ou énigmatique.

Sont-ils réellement, où sont-ils l'expression de leur temps? Tout d'abord s'ils peuvent agir comme ils le font, s'enfuir, employer des hommes de main, tricher, c'est parce que c'est pratique sont courante dans la société de se début du XVIIIe siècle. La narration s'appuie sur une démarche d'écriture réaliste qui donne à voir des lieux réels des pratiques documentées par les historiens.

Les cercles de jeux étaient nombreux à la fin du règne de Louis XIV et.... »

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