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Colette - Sidonie -commentaire

Publié le 15/12/2023

Extrait du document

« Objet d’étude : Le récit du XVIIe siècle au XXe siècle Parcours associé : la célébration du monde Texte 14 : l’épisode du merle, extrait du chapitre 1, « Sido », dans Sido, de Colette (1930) Au vrai, cette Française vécut son enfance dans l’Yonne, son adolescence parmi des peintres, des journalistes, des virtuoses de la musique, en Belgique, où s’étaient fixés ses deux frères aînés, puis elle revint dans l’Yonne et s’y maria, deux fois.

D’où, de qui lui furent remis sa rurale sensibilité, son goût fin de la province ? Je ne saurais le dire.

Je la chante, de mon mieux.

Je célèbre la clarté originelle qui, en elle, refoulait, éteignait souvent les petites lumières péniblement allumées au contact de ce qu’elle nommait « le commun des mortels ». Je l’ai vue suspendre, dans un cerisier, un épouvantail à effrayer les merles, car l’Ouest, notre voisin, enrhumé et doux, secoué d’éternuements en série, ne manquait pas de déguiser ses cerisiers en vieux chemineaux et coiffait ses groseilliers de gibus poilus.

Peu de jours après, je trouvais ma mère sous l’arbre, passionnément immobile, la tête à la rencontre du ciel d’où elle bannissait les religions humaines… – Chut !… Regarde… Un merle noir, oxydé de vert et de violet, piquait les cerises, buvait le jus, déchiquetait la chair rosée… – Qu’il est beau !… chuchotait ma mère.

Et tu vois comme il se sert de sa patte ? Et tu vois les mouvements de sa tête et cette arrogance ? Et ce tour de bec pour vider le noyau ? Et remarque bien qu’il n’attrape que les plus mûres… – Mais, maman, l’épouvantail… – Chut !… L’épouvantail ne le gêne pas… – Mais, maman, les cerises !… Ma mère ramena sur la terre ses yeux couleur de pluie : – Les cerises ?… Ah ! oui, les cerises… Dans ses yeux passa une sorte de frénésie riante, un universel mépris, un dédain dansant qui me foulait avec tout le reste, allégrement… Ce ne fut qu’un moment – non pas un moment unique.

Maintenant que je la connais mieux, j’interprète ces éclairs de son visage.

Il me semble qu’un besoin d’échapper à tous, un bond vers le haut, vers une loi écrite par elle seule, pour elle seule, les allumait.

Si je me trompe, laissez-moi errer. Objet d’étude : Le récit du XVIIe siècle au XXe siècle Parcours associé : la célébration du monde Intro : Dans ce court récit autobiographique, Colette retrace son enfance en Bourgogne, et dresse le portrait des différents membres de sa famille, à commencer par sa mère, Sidonie Colette, née Landoy. Elle consacre à sa mère la première et la plus importante partie de son recueil, tentant ainsi de retracer l’héritage spirituel que lui a transmis sa mère.

Nous en avons ici un exemple dans cet extrait consacré à la contemplation d’un merle dévorant des cerises. Problématique Nous nous demanderons comment, à travers cette anecdote, Colette dresse le portrait de Sido en femme originale et libre à travers les yeux éblouis et admiratifs de la petite fille qu’elle a été. Mouvements : 1.

« Au vrai … » jusqu’à « commun des mortels » » : portrait de l’existence de la mère 2.

« Je l’ai vue suspendre… » jusqu’à « Ah ! oui, les cerises… » : absorption de Sido dans la contemplation du merle 3.

« Dans ses yeux… » jusqu’à « laissez-moi errer » : Colette cherche à capter l’essence de la personnalité fantasque et libre de sa mère Analyse linéaire : 1.

Mouvement 1 : Colette retrace brièvement le parcours de la jeunesse de sa mère avant que celle-ci ne lui donne vie.

L’expression « Au vrai » suggère qu’il s’agit de sa propre vision, de l’idée personnelle qu’elle s’en est faite => admet la part de subjectivité de son témoignage. Néanmoins, proposer sa version de l’histoire maternelle lui tient à cœur : elle revendique sa propre vérité. L’emploi de la périphrase « cette française » montre qu’elle n’a qu’un accès partiel à l’histoire de sa propre mère, à travers les informations glanées ici et là.

Cette dimension partielle est renforcée par l’emploi du démonstratif « cette » qui présente cette Sido d’avant la maternité comme une étrangère, inaccessible.

Rythme ample de la première phrase, avec accumulation de propositions juxtaposées évoque un passé riche et bien rempli. Mystère qui plane autour de la figure maternelle avec question laissée sans réponse : « D’où ; de qui… Je ne saurais le dire.

» Vision idéalisée de sa mère, chante sa proximité avec la nature et la Bourgogne.... »

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