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Chapitre 13 - Madame Bovary - Flaubert (commentaire)

Publié le 03/05/2023

Extrait du document

« Brouillon commentaire : Intro : "On se réfugie dans le médiocre, par désespoir du beau qu'on a rêvé!" écrit Gustave Flaubert dans son roman initiatique , L'Education sentimentale paru en 1869.

Il s'attache à décrire les aventures amoureuses d'un jeune homme parisien qui souhaite faire son entrée dans la haute société.

Flaubert est un auteur du XIXe siècle, issu d'une famille de médecins et qui adhère plus ou moins au mouvement littéraire du réalisme.

Celui-ci se développe dans la seconde moitié du XIXe siècle et cherche à représenter le réel tout en observant et en analysant les moeurs de son temps. Toutefois, Flaubert ne se considère pas comme pleinement réaliste.

Il a également été influencé par le romantisme dans sa jeunesse, et va ouvrir la voie au naturalisme.

C'est un homme qui accorde une grande importance au détail, à ce qui est donné de voir.

En 1857, il va publier une de ses oeuvres les plus connues, Madame Bovary, en réaction contre le romantisme.

Elle peint la vie d'une femme mariée qui cherche à tromper l'ennui et l'insatisfaction de sa petite vie de bourgeoise en idéalisant ses lectures romantiques.

Elle en devient adultère.

Le texte proposé est issu du chapitre 13, appartenant à la deuxième partie du roman.

Rodolphe, séducteur cynique, écrit une lettre de rupture d'une incroyable maladresse à sa maîtresse Emma Bovary car il ne supporte plus cette femme aveuglée par ses passions amoureuses.

De quelles manières Flaubert peint-il le portrait d'un homme méprisant par le biais d'une lettre ironique ? Nous analyserons dans un premier temps le reflet du personnage de Rodolphe à travers la lettre et, dans un second temps, nous verrons que ce récit prend une dimension dramatique mise au service de l'ironie. I) Le reflet du personnage de Rodolphe à travers la lettre : a) Le véritable visage de Rodolphe Le texte s'ouvre sur le début de la rédaction de la lettre par Rodolphe.

Il vient de relire celles de ses anciennes maîtresses et manque d'inspiration pour écrire celle qui est destinée à Emma. Tout de suite, on constate que cet homme est ennuyé par le travail qu'il a à accomplir comme on peut le voir avec les deux adjectifs "ennuyé,assoupi".

Toutefois, ses écrits nous font douter. Au premier abord, on pourrait croire qu'il est véritablement amoureux d'Emma puisqu'il la met en garde sur les possibles dangers qu'occasionnerait leur relation comme nous le prouvent les questions rhétoriques : "Avez-vous mûrement pesé votre détermination?"/ "Savez-vous l'abîme où je vous entraînais, pauvre ange ?".

Ainsi, il soutient l'idée que leur séparation serait davantage bénéfique, quoique douloureuse pour eux que leur liaison dangereuse.

Cette réflexion autour des sentiments qu'il éprouve pour Emma est tout de suite remise en cause par la périphrase "tas de blagues" employée dans une phrase exclamative qui désigne les lettres de ses anciennes conquêtes. Rodolphe ne porte aucune attention à l'amour de ces femmes, il n'est là que pour séduire.

Il joue donc un rôle dès le départ : celui de l'amant amoureux.

D'ailleurs, le fait qu'il ait du mal à écrire sa lettre l'éloigne de cette caricature, l'homme amoureux n'a aucun scrupules à écrire tout ce qu'il éprouve pour celle dont il est épris.

Rodolphe n'est qu'un calomnieur, qui tente seulement d'assouvir ses désirs personnels auprès de plusieurs femmes comme le résume la comparaison " car les plaisirs, comme des écoliers dans la cour d'un collège, avaient tellement piétiné son coeur, que rien de vert n'y poussait...".

Le pronom défini "on" (l.16) marque d'ailleurs une généralisation.

Ici, Flaubert critique le comportement masculin à travers le personnage cynique de Rodolphe.

Dans la société, l'homme a une tendance naturelle à la séduction, à l'amour passager.

De plus, le genre épsitolaire du récit permet à l'amant de fausser ses pensées.

Il essaie de trouver des excuses invraisemblabes pour fuir Emma, par l'usage de verbes au conditionnel " Si je lui disais que toute ma fortune est perdue ?"(l.15), "Il nous serait venu des lassitudes"(l.22), "Il nous aurait poursuivi".

La phrase au rythme binaire " j'agis dans son intérêt; je suis honnête" témoigne de l'égoïsme aveuglé de Rodolphe.

Il dit agir dans l'intérêt d'Emma mais c'est en fait dans son propre intérêt.

Cela accentue le côté pathétique du personnage.

Enfin, le cachet "Amor nel cor" (expression italienne qui signifie "amour en coeur") qu'il cachette à la lettre témoigne du ridicule de la situation.

Rodolphe clôt sa lettre de rupture en l'étiquettant d'une expression s'apparentant à la passion amoureuse.

L'ironie est donc bien présente dans cet extrait et ce passage nous expose les deux personnalités de l'homme: l'hypocrite, connue par Emma, et l'autre plus réaliste par le lecteur, qui découvre ainsi son vrai visage. b) Le regard que porte Rodolphe sur Emma Au cours de sa lettre, on remarque que Rodolphe porte un regard particulièrement méprisant sur Emma même si il peut paraître implicite.

Il a l'air de profiter de sa masculinité, ce qui l'avantage dans cette société partiarcale.

Cela crée une forme de stéréotype de genre : l'homme est le séducteur tandis que la femme est destinée à aimer passionément, sans retour.

Les impératifs "Conservez", "Soyez", "Apprenez" rendent compte du toupet du calomnieur.

Celui-ci donne des ordres à Emma et lui demande de ne pas l'oublier alors que c'est ce qu'il s'apprête à faire.

De plus, la phrase exclamative "Du courage, Emma !"(L.9) est ironique et exagérée : ici, Rodolphe tente de raisonner Emma et lui demande de faire preuve de bon sens.

Hors, lui semble ne pas prendre parti à cette rupture.

Il est davantage extérieur à la situation, comme si Emma devait être la seule des deux protagonistes à souffrir.

Dès l'instant où il écrit les premiers mots de sa lettre, il quitte son statut d'amant.

Il est déjà bien loin derrière cette histoire.

Rodolphe rejette tout sur la faute d'Emma. Il condamne sa passion, jugée excessive et dangereuse et insinue que c'est ce qui les a entraînés au bord de la rupture comme en témoigne les déterminants possessifs "votre"et "vos", répétés à plusieurs reprises: "Votre détermination"(l.11), "vos remords"(l.23), "votre tourment"(l.30).

Les périphrases péjoratives désignant Emma "Pauvre ange", "femmes pareilles" et "pauvre petite femme" reflètent une forme de pitié qu'éprouve Rodolphe envers elle.

Il nous paraît d'autant plus méprisable puisqu'il s'apitoie de la douleur qu'elle va ressentir alors qu'il en sera à l'origine.

Cela nous prouve donc que les femmes ne sont pour lui que des objets sexuels, dénués de toutes formes d'humanité.

D'ailleurs, cette idée est renforcée grâce à la présence d'un champs lexical de la beauté: ""belle"(l.25), "délicieuse"(l.30),"charme"(l.40).

Il ne tient compte que du physique et se moque des qualités morales.

Pour lui, seul l'esthétique compte, c'est un être incapable d'aimer.

C'est sûrement pour cette raison qu'il fuit toutes ses conquêtes.

Les adjectifs antithétiques "confiante et folle" qualifient Emma de naïve et de sotte et la placent une fois de plus comme étant l'instigatrice de tous ces malheurs.

Son amour, représenté de manière métaphorique à travers l'expression "exaltation délicieuse", est condamné par Rodolphe.

Si elle s'était montrée moins attachée à lui, leur histoire aurait pu durer davantage. Hors, lui souhaite trouver une femme plus singulière et plus neutre, qui lui cause moins de soucis et.... »

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