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Le problème du chlordécone aux antilles

Publié le 06/02/2023

Extrait du document

« Khôlle géographie Le chlordécone : les Antilles françaises au risque de l’insecticide La décision était attendue depuis la clôture des investigations, qui n'avaient pas donné lieu à des mises en examen.

Vendredi 25 novembre 2022, le parquet de Paris a finalement demandé un non-lieu dans l'enquête sur l'empoisonnement au chlordécone aux Antilles françaises.

Cet insecticide organochloré toxique, écotoxique et persistant, interdit en métropole en 1990, mais utilisé dans ces départements d'outre-mer jusqu'en 1993, est soupçonné d'avoir provoqué une vague de cancers . Situées dans la mer des Caraïbes, les Antilles françaises comprennent quatre collectivités : la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Barthélemy et Saint-Martin.

L’ensemble couvre une superficie de 2 832 kilomètres carrés et représente une population de 800 000 habitants environ. Les premières utilisations du chlordécone aux Antilles se situent vers 1973 pour lutter contre le charançon du bananier.

Son usage sera interrompu quelques années plus tard, suite à l’arrêt de sa production et son interdiction aux Etats-Unis.

Il sera réintroduit à partir de 1981 et employé dans les cultures bananières jusqu’en 1993 par deux dérogations signées, sous François Mitterrand, par les ministres de l’Agriculture de l’époque Louis Mermaz et Jean-Pierre Soisson. La pollution de sols et la contamination de la faune sauvage par le chlordécone aux Antilles ont été documentées pour la première fois par des chercheurs de l’INRA en 1977 et 1980 respectivement. Cependant, ce n’est qu’à partir de 1999 qu’on a constaté l’extension de cette pollution aux eaux destinées à la consommation humaine ainsi qu’à diverses denrées alimentaires locales, végétales et animales, terrestres et aquatiques.

De nos jours, par le biais de l’alimentation, les populations continuent à y être exposées. Problématique : Comment le chlordécone se présente-t-il à la fois comme un risque et un enjeu pour les Antilles françaises ? Nous verrons dans un premier temps pourquoi les Antilles françaises sont … avant de voir quels sont les impacts, dont l'État en est le principal responsable.

Enfin, nous verrons les réactions et solutions déployées face à ce risque encore bien trop présent. I/ Les Antilles françaises au risque de l’insecticide : causes A/ Pourquoi cette pollution ? Certes, la culture de la banane est l'un des piliers économiques de la Martinique et de la Guadeloupe avec une production d’environ 270 000 tonnes par an.

Source de revenus et d’emplois, le secteur est à préserver.

Donc lorsque quand le charançon du bananier en provenance de l’Asie du sud-est a fait irruption dans les plantations, trouver une solution pour que des coléoptères ne détruisent pas les récoltes est devenu l’objectif numéro 1 ; d’autant plus à une époque où plusieurs ouragans avaient ravagé les îles et favorisé sa prolifération.

Pour cela, une solution aussi efficace que toxique a été trouvée : le chlordécone, déjà en vente depuis des années aux États-Unis.

Ce pesticide a vu son exploitation autorisée sur le territoire français entre 1972 et 1993.

Pourtant son homologation avait déjà été rejetée dans les années 1960 en raison du danger que le produit représentait pour les animaux.

Même interdite, l’exploitation du pesticide s’est poursuivie grâce aux différentes dérogations accordées par le ministère de l’agriculture. Aujourd’hui le chlordécone est prohibé.

Le dernier relevé fait état d’environ 18 000 hectares de cultures touchés, soit un quart de la surface agricole mais une nouvelle évaluation est encore en cours et le résultat pourrait être encore plus important. B/ Toxicité du chlordécone Mais surtout, les premières données toxicologiques du chlordécone datent du début des années 1960 et ont été rapportées dans son dossier d’autorisation et d’enregistrement comme pesticides aux Etats-Unis.

Elles soulignent que l’administration par voie orale de la molécule à des rats de laboratoire provoque des troubles neurologiques caractérisés par des tremblements corporels et des membres, une atrophie testiculaire et des lésions hépatiques tumorales.

De nombreuses études chez diverses espèces animales (mammifères, oiseaux, poissons) ont ultérieurement confirmé ce profil toxicologique.

Le chlordécone traverse la barrière placentaire et l’exposition des femelles gestantes porte atteinte au développement pré et postnatal, notamment sur le plan neurologique moteur, comportemental, et sexuel.

Le chlordécone présente une particularité toxicologique supplémentaire, celle de potentialiser les effets hépatiques induits par des agents hépatotoxiques.

Des études de cancérogenèse chez l'animal de laboratoire sont à l'origine de son classement, en 1979, comme cancérogène possible pour l'Homme par le Centre International de Recherche sur le cancer (OMS).

Les mécanismes biologiques conduisant aux manifestations toxiques du chlordécone sont encore mal compris.

Cependant, plusieurs modes d’actions ont été décrits.

Le chlordécone inhibe des ATPases membranaires (enzymes qui interviennent dans le métabolisme énergétique), interagit avec des multiples neurotransmetteurs et présente des propriétés hormonales de type œstrogénique et progestagénique.

A cet égard, il est reconnu comme perturbateur endocrinien. C/ Pourquoi pose-t-il encore problème alors qu’il n’est plus utilisé ? De fait, les Antilles sont contaminées pour des siècles, car la molécule est très persistante dans l’environnement − jusqu’à 700 ans.

A partir du début des années 2000, on a découvert que le chlordécone, qui passe dans la chaîne alimentaire, avait non seulement contaminé les sols, mais aussi les rivières, une partie du littoral marin, le bétail, les volailles, les poissons, les crustacés, les légumes-racines...

et la population elle- même.

L’intoxication se fait essentiellement par voie alimentaire. Les plus contaminés sont ceux qui s’approvisionnent sur les circuits informels (autoproduction, don, vente en bord de route), très prisés, en particulier par les plus pauvres, mais où les aliments contiennent souvent un fort taux de chlordécone.

Des générations d’Antillais vont devoir vivre avec cette pollution, dont l’ampleur et la persistance en font un cas unique au monde, et un véritable laboratoire à ciel ouvert.

Aujourd'hui, le chlordécone a contaminé, à des niveaux divers, plus de 90 % de la population des deux îles, selon Santé publique France et l'Inserm. II/ Différents Impacts : qui sont les responsables ? La pollution par la chlordécone, constitue, par son ampleur et sa persistance dans le temps, un enjeu sanitaire, environnemental, agricole, économique et social pour les Antilles.

L'enquête sur le chlordécone avait été ouverte en 2007 après le dépôt par plusieurs associations antillaises d'une plainte pour « empoisonnement, mise en danger de la vie d'autrui et administration de substance nuisible » A/ Un scandale environnementale En effet , c’est avant tout l 'histoire d' un scandale environnemental et d’un « aveuglement collectif » selon les mots d’Emmanuel Macron. L'insecticide qui a pollué les bananiers, s'est répandu dans les sols, puis dans les eaux souterraines, les rivières et le littoral marin.C'est essentiellement par l'infiltration que la chlordécone passe des sols contaminés à l'eau.

Les eaux de pluie descendent dans les nappes souterraines et emportent avec elles les pesticides..

En contexte tropical, la pluviométrie des îles est considérable ce qui favorise la rapidité du déplacement de la chlordécone entre écosystèmes aquifères..Les plantes sont également contaminées.

La contamination par la chlordécone présente dans le sol s’effectue via les racines, qui sont les principaux points d’entrées dans la plante.

On retrouve donc du chlordécone dans les pâturages des animaux.

Ils sont aussi exposés à la contamination, essentiellement via leur nourriture et leur boisson.

Lorsqu'ils consomment des végétaux, de la terre ou de l'eau polluée, ils emmagasinent la molécule dans leur organisme. Les normes strictes ainsi que les contrôles faits dans les abattoirs empêchent les éleveurs de produire leur viande sur sol contaminé.

De telles restrictions peuvent conduire les éleveurs à pratiquer l'abattage sauvage qui présente des risques sanitaires graves.

En ce qui concerne les produits d'origine animale, les denrées pouvant être contaminées sont les viandes, les poissons et crustacés mais aussi les bovins et les volailles élevées au sol.

"Au moins un tiers des surfaces agricoles utiles pour la culture ou l'élevage et au moins un tiers des littoraux marins sont pollués par le chlordécone", indique à France 24 Luc Multigner, épidémiologiste et directeur de recherche à l'Inserm. A l’un des plus important désastre environnemental s'ajoute l’un des plus grands scandales sanitaire B/ Un scandale sanitaire Par ailleurs, l’utilisation massive de ce produit est à l’origine d’un des plus grands scandales sanitaires de ce siècle.

Chez les hommes au milieu des années 1970, des scientifiques ont découvert des atteintes neurologiques et une augmentation du volume du foie chez les ouvriers de l'usine de fabrication du chlordécone à Hopewell, aux États-Unis. Une étude de Santé publique France, lancée pour la première fois à grande échelle en 2013 fait un constat alarmant : la quasi-totalité des Guadeloupéens (95 %) et des Martiniquais (92 %) sont contaminés au chlordécone.

"Il y a une vingtaine d'années, il y a eu une série de travaux menés par l'Inserm pour savoir si cette pollution contaminait la population.

On a constaté que la population antillaise était effectivement contaminée, puisque l'on trouve du chlordécone dans le sang de la majorité des personnes étudiées", explique Luc Multigner. Certains par sont touchés par le biais indirectement de l'alimentation mais d'autres par un contact direct.

C’est le cas de l’ouvrier agricole Firmin témoignant dans le journal Le Monde.

Il a vu ses collègues tomber malades et mourir tour à tour sans comprendre: «Cancer, cancer, cancer… C’est devenu notre quotidien.

A l’époque, on ne savait pas d’où ça venait», se souvient-il.

Ce produit, Firmin l’a toujours manipulé à mains nues, et sans protection.

«Quand on ouvrait le sac, ça dégageait de la chaleur et de la poussière, se rappelle-t-il.

On respirait ça.

On ne savait pas que c’était dangereux.

«Même à très faible dose, il peut y avoir des effets sanitaires», précise Sébastien Denys, directeur santé et environnement de l’agence.

"Nous, les ouvriers, sommes baignés dans un cocktail de produits toxiques.

Il arrivait même qu'il y ait des épandages aériens pendant que certains mangeaient au milieu des bananiers.

Ils avaient du produit dans leur nourriture." Déclare Edwige Marie-Luce qui se souvient d'avoir vu "des collègues s'évanouir" pendant certains épandages. De plus, classé cancérogène possible dès 1979 par l’Organisation mondiale de la.... »

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