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Exposé prison : exclusion ou réinsertion ?

Publié le 26/06/2025

Extrait du document

« La prison occupe une place centrale dans le système judiciaire, tentant à la fois de conjuguer la sanction pour les actes contraires à la loi et la tentative de réhabiliter ceux qui les ont commis. Cependant, elle soulève une question cruciale : est-elle principalement un lieu d’exclusion sociale, où les individus se retrouvent isolés, ou un outil de réinsertion, visant à leur permettre de retrouver une place dans la société ? Ce débat oppose deux visions : celle d’une peine qui exclut durablement les détenus, et celle d’une opportunité de reconstruction et d’apprentissage.

Nous allons explorer ces deux aspects pour comprendre le rôle que la prison joue dans notre société.

C’est pourquoi nous allons d’abord vous présenter en quoi la prison est un milieu d’exclusion sociale, puis, en quoi elle est un outil de réinsertion.

Enfin, nous présenterons les défis et perspectives du système carcéral. I La prison est souvent vue comme un milieu d’exclusion sociale.

Et cela peut se confirmer par l’isolement physique et social des détenus.

En effet, ces derniers subissent une coupure familiale, amicale et sociale.

Au-delà de la souffrance de la séparation forcée, de l’absence imposée, de la culpabilité de vivre libres quand celui ou celle qu’elles chérissent est enfermé, les familles de personnes détenues disent les vies bouleversées et réorganisées autour de la prison.

Pour elles, les frais de détention sont particulièrement élevés notamment car leur proche détenu perd son emploi et donc son salaire mensuel mais aussi car les produits d’hygiène, de télévision et de téléphone sont plus chers que dans les grandes surfaces, hors des prisons .

Il y a aussi les frais de trajet à prendre en compte.

Pour certaines familles éloignées du lieu d’incarcération de leur proche, il leur est obligatoire de payer des frais de voyage comme le train, le bus ou encore le péage et l’essence pour ceux qui viennent par leurs propres moyens.

Au delà des coûts financiers, le temps des proches est mis a rude épreuve.

Ceux-ci doivent réorganiser la vie familiale comme pour le temps des tâches domestiques qui étaient autrefois partagées entre les membres de la famille, ce qui pèse sur leur moral.

On pourrait se dire que les visites familiales rattrapent ces inconvénients, ce qui pourrait en théorie être vrai.

Cependant, faute de personnel pour surveiller les visites dans un milieu agréable, celles-ci, faut-il encore qu’elles puissent avoir lieu, se font au parloir dans un lieu qui maintient et renforce la pression et les tensions entre les familles.

Pourtant cela ne devrait pas arriver selon la loi pénitentiaire de 2009, qui dit que toute personne détenue peut bénéficier d’au moins une visite trimestrielle dans une unité de vie familiale, c’est à dire un lieu où les détenus peuvent rencontrer leurs visiteurs pour une durée plus longue, sans surveillance directe du personnel.

Mais, au-delà d’un lieu inadéquat, la visite n’est pas forcément gagnée pour la famille Obtenir un permis de visite est déjà un parcours du combattant, et il faut encore réussir à réserver un créneau.

Ensuite vient l’attente interminable, souvent stressante.

Et quand ce cap est franchi, il reste encore les contrôles. Là, les visiteurs se heurtent à un mur de règles et d’interdictions qui diffèrent d’une prison à l’autre, d’un surveillant à l’autre.

Celles-ci semblent parfois incohérentes et diffèrent également en fonction des prisons. Parmi ces interdictions, il y a l’interdiction d’apporter de la nourriture.

Elle empêche de recréer un moment de partage, de redonner un peu de chaleur et de réconfort à une relation souvent mise à rude épreuve par la séparation.

Certains prennent le risque de contourner cette règle, même si cela peut leur coûter leur droit de visite.

Une fois les contrôles passés, la rencontre tant attendue peut enfin commencer.

Mais dans quelles conditions ? Des locaux insalubres, des cabines minuscules à l’hygiène douteuse, des parloirs collectifs où l’absence de cloisons rend toute intimité impossible. Sous le regard parfois intrusif des surveillants, chaque minute compte.

En maison d’arrêt, les familles n’ont souvent droit qu’à une demi-heure, quarante-cinq minutes au mieux, pour partager un peu de temps avec un être cher.

Des années à vivre les parloirs dans de telles conditions, cela finit par user.

Les prisonniers déclarent même qu’au bout d’un moment, les proches ne rendent plus visite.

En effet, seuls 25 % des condamnés à des peines de plus de cinq ans reçoivent une visite hebdomadaire.

Le téléphone pourrait être une alternative, mais les appels sont surtaxés, et les cabines téléphoniques ne sont accessibles que sur des plages horaires limitées et aux heures où les proches sont au travail ou à l’école.

Pour ne rien arranger, ces cabines se trouvent souvent dans des lieux de passage.

L’intimité n’est qu’un lointain souvenir, d’autant que les appels peuvent être écoutés et enregistrés.

Reste alors le courrier, dernier lien avec l’extérieur.

Mais là aussi, rien n’est simple.

Les lettres peuvent être ouvertes, lues, et les échanges surveillés.

C’est donc un lien fragile et filtré. Au delà des liens familiaux, c’est la santé physique et mentale qui se dégrade.

Vivre en prison est une expérience marquée par des souffrances multiples.

Dès l’arrivée, le détenu est confronté à une perte brutale de son identité : ses biens personnels lui sont retirés, il est soumis à des fouilles et plongé dans une rupture complète avec l’extérieur.

Cette étape agit comme un effacement de soi.

La prison engendre des problèmes divers.

Le stress et l’angoisse, constants, provoquent des symptômes physiques comme des problèmes dermatologiques ou des troubles liés à la sédentarité. Psychologiquement, les détenus présentent des taux élevés de dépression, de troubles de la personnalité ou encore de psychoses, bien au-delà de ceux observés dans la population générale.

À cela s’ajoute un cadre de vie souvent insalubre et surpeuplé.

La proximité, l’ancienneté des infrastructures et le manque d’intimité augmentent la violence et la détresse.

La promiscuité constante impose une proximité physique forcée qui franchit les limites personnelles. L’enfermement s’accompagne d’un sentiment de disparition dans la masse carcérale.

Le détenu perd non seulement son espace personnel mais aussi la possibilité de se projeter dans le temps.

La multiplication des attentes, l’absence de contrôle sur son environnement, et le sentiment d’être observé en permanence alimentent cette souffrance.

De plus, les détenus sont souvent stigmatisés et ce bien avant qu’ils ne soient officiellement considérés comme délinquants.

Cette étiquette, souvent attribuée de manière diffuse, influence les trajectoires futures en enfermant l’individu dans une image difficile à briser. II Avec de tels problèmes au sein du milieu carcéral, accompagner les détenus vers la réinsertion sociale est une mission cruciale pour prévenir la récidive et réduire les inégalités sociales renforcées par l’incarcération.

Les statistiques sont alarmantes : près de 63 % des anciens détenus qui ne bénéficient pas d’un suivi adapté récidivent dans les cinq ans suivant leur libération.

Ces chiffres reflètent une réalité souvent dramatique : de nombreux sortants de prison, notamment des jeunes, se retrouvent sans ressources, sans formation, et parfois aux prises avec des addictions non traitées. Cette situation les laisse encore plus fragilisés psychologiquement et socialement qu’à leur entrée en détention, piégés dans une spirale de précarité.

En France, la loi pénitentiaire de 2009 impose une obligation d’activité à toute personne incarcérée.

Pourtant, ce principe rencontre de nombreux obstacles dans sa mise en œuvre, notamment en raison de la surpopulation carcérale et du manque d’opportunités offertes dans les établissements pénitentiaires. En prison les détenus peuvent travailler pour l’administration pénitentiaire, via des tâches liées au fonctionnement des établissements (cuisine, blanchisserie, nettoyage), des entreprises privées, souvent pour des activités de sous-traitance (assemblage, conditionnement) ou des structures d’insertion par l’activité économique, destinées aux personnes éloignées de l’emploi.

Malgré ces dispositifs, seulement 31 % des détenus occupent un emploi, un taux en déclin par rapport aux décennies précédentes.

Le manque d’ateliers disponibles, la baisse de l’employabilité des détenus et les contraintes de sécurité freinent l’accès au travail.

En outre la rémunération reste très inférieure aux standards extérieurs, avec une moyenne de 2,23 à 5,26 euros par heure. Le faible niveau de qualification des personnes incarcérées rend l’accès à la formation et à l’éducation essentiel.

Seuls 15 % des détenus bénéficiaient d’une formation en 2018, alors que près de la moitié étaient sans diplôme.

La loi de 2014 a confié aux régions la responsabilité de financer et d’organiser ces formations, permettant une meilleure adaptation locale.

Environ 29 % des détenus suivent une scolarité en détention.

Les cours, prioritairement destinés aux jeunes et aux personnes sans diplôme, sont dispensés par des enseignants de l’Éducation nationale.

L’objectif est de combler des lacunes importantes, notamment en français, tout en favorisant une réinsertion durable. Les activités culturelles et sportives sont aussi des moyens de réinsertion.

En effet, les activités artistiques et culturelles, organisées avec le soutien du ministère de la Culture, offrent aux détenus une opportunité d’évasion.... »

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