Comment expliquer la montée de l'abstention en France?

« Composition EMC En France, depuis 1958, la Vème République est en place.

Ce régime se caractérise, au moment où il est mis en place sous l’impulsion du général De Gaulle, par un fort renforcement du pouvoir exécutif et par la possibilité pour les gouvernements de connaître une stabilité plus importante.

Or, au fil des années, cette Vème République a commencé à montrer de nombreux points négatifs dont on a pu observer diverses conséquences, telles que la montée de l’extrême droite, ou encore l’augmentation importante de l’abstention lors des différentes élections.

Cette dernière fera l’objet de notre réflexion, nous nous questionnerons en effet sur ses facteurs explicatifs. Pour ce faire, nous verrons en quoi la crise politique à laquelle notre pays fait face en est l’explication, en se plaçant à trois points de vue.

Premièrement, nous montrerons que les français sont de plus en plus méfiants à l’égard des responsables politiques ; puis nous éclairerons la baisse de l’intérêt pour la classe politique des français, notamment chez les plus jeunes, conséquence des problèmes du système politique français. Lorsque les français sont interrogés sur l’intérêt et la confiance qu’ils placent en leurs représentants politiques, on se rend vite compte qu’il y a un problème.

Les français ne font plus confiance aux dirigeants politiques.

Cela s’explique par de nombreux éléments.

Citons par exemple le nombre ahurissant de mesures promises dans les programmes politiques des différents vainqueurs à l’élection présidentielle.

Pour ne citer que lui, Emmanuel Macron avait promis à ses concitoyens que son premier mandat serait celui de la protection des femmes, ou du moins qu’il prendrait des mesures pour tenter de les protéger davantage face aux agressions qu’elles peuvent subir.

Il n’aura finalement pris aucune mesure à ce sujet.

La répétition de ces promesses non tenues provoque un sentiment de trahison chez les électeurs, les programmes qu’ils élisent n’étant quasiment jamais réellement appliqués. Les électeurs français ont également beaucoup de mal à se sentir correctement représentés par les hommes et femmes politiques de par leur origine sociale qui est bien souvent très différente.

Très peu de responsables politiques sont issus de la classe moyenne, ou des classes populaires.

Pour une écrasante majorité d’entre eux, ils sont issus de grandes familles, occupent de hautes positions sociales et ont eu accès à une éducation très privilégiée.

Les populations des classes moyennes et populaires n’ayant pas les mêmes attentes et ne faisant pas face aux mêmes problématiques que les citoyens appartenant aux élites du pays dont sont issus la plupart des responsables politiques, qui auront donc tendance à préserver les intérêts des leurs, qui ne représentent qu’une minorité de la société française. Une autre explication de ce manque de confiance envers les politiques réside dans les rapports de beaucoup d’entre eux avec la justice.

Certains ont été condamnés pour des affaires liées à l’argent public alors qu’ils étaient en train d’exercer un pouvoir politique important.

Citons ici Nicolas Sarkozy, le couple Balkany, Jacques Chirac, Jérôme Cahuzac ou encore Alain Juppé qui est maintenant membre du conseil constitutionnel.

Tous ces hommes ont donc profité d’avoir été élus, ou de représenter les français pour dérober l’argent qui leur était destiné.

D’autres affaires, concernant Dominique Strauss- Kahn, Gérald Darmanin (actuel ministre de l’Intérieur), ou encore Adrien Quatennens, concernent le rapport de ces hommes aux femmes.

Ces dernières ont donc beaucoup de mal à faire confiance aux différents gouvernements, où des hommes comme ceux cités précédemment sont amenés à prendre des décisions les concernant. Aujourd’hui, les français éprouvent bien moins d’intérêt à l’égard du monde politique par rapport à ce qu’on observait il y a quelques décennies.

Le milieu politique est vu comme un monde où l'hypocrisie est reine, où chacun cherche à ne nourrir que ses propres intérêts, et où tous sont assoiffés de pouvoir et semblent être prêt à affirmer n’importe quoi pour y accéder.

Les idées sont bien moins diversifiées qu’elles n’ont pu l’être, et ont tendance à s’extrêmiser.

Beaucoup de français ont le sentiment qu’ils votent par défaut, plus pour arrêter et faire perdre des idées avec lesquelles ils sont en profond désaccord, plutôt que de voter pour des programmes correspondant à leurs réelles idées. Ce phénomène est à mettre en parallèle de la montée de l’extrême droite et de la banalisation très importante de leurs idées depuis le début du XXIème siècle, avec l’accession historique de Jean-Marie Le Pen en 2002 au second tour de l’élection présidentielle.

Lors des deux dernières élections, c’est sa fille Marine qui a accédé au second tour de la présidentielle, en obtenant à chaque fois des résultats encore meilleurs.

De nombreux électeurs ont donc peur que des idées telles que celles du Rassemblement National, anciennement Front National, soient celles de nos dirigeants.

Ils vont donc tout faire pour les bloquer, en votant toujours contre celles-ci.

Ce raisonnement est omniprésent depuis plus de deux décennies,.... »