Peau de chagrin roman de Balzac

« Peau de chagrin est un roman difficile à classer.

Il s’apparente à la fois à un roman réaliste, à un conte des Mille et une nuits, et à un roman fantastique. 1.

Le réalisme Dans ce roman, Balzac fait la peinture de la société parisienne durant la Monarchie de Juillet.

On y rencontre toutes les classes sociales : Raphael est un noble, Taillefer est un banquier, Émile, un journaliste, Aquilina et Euphrasie sont des courtisanes. Le romancier ne se contente pas de faire un catalogue des différentes catégories parisienne.

Il évoque leurs parcours.

Ainsi, il précise comment Raphael a perdu sa fortune suite à la chute de l’Empire (« la Restauration, qui rendit à ma mère des biens considérables, ruina mon père »).

Il fait également référence à la décadence des courtisanes autrefois joyeuses enfants de la campagne : « d’autres se peignirent le déjeuner de la famille, la table autour de laquelle riaient innocemment les enfants et le père », chapitre 2.

De plus, ce tableau social s’inscrit dans un cadre spatio-temporel précis.

En effet, le roman s’ouvre sur une date : « vers la fin du mois d’octobre dernier ».

Celle-ci met à l’écart le « il était une fois » caractéristique des contes.

Les lieux sont également précisément décrits. Ainsi, on voit se dessiner une carte de Paris au gré des bouleversements que vit Raphael.

Pauvre étudiant, il habite sur la rive gauche dans le Quartier latin alors qu’il aspire à s’enrichir, à se rapprocher des grands boulevards, du Café de Paris.

Il y parvient quand il investit un appartement de la rue Traibout.

Enfin, les descriptions donnent à voir précisément les lieux de l’action (hypotypose).

Ainsi, la serre dans laquelle Raphael et Pauline déjeunent au chapitre 3 est décrite de façon à faire appel aux sens du lecteur : « le doux et pâle soleil de l’hiver » ou « les couleurs des touffes fleuries », « les pieds foulaient une natte africaine ». 2 .

Le fantastique Le fantastique est en plein essor lorsque Balzac publie son œuvre.

Il a même lu Faust de Goethe dont la première version apparaît en 1808.

Cette œuvre met en scène un pacte avec le diable. Avant même que ne soit révélé le pouvoir du cuir, le chagrin, le roman prend une atmosphère étrange, nocturne et effrayante.

En effet, on trouve la scène chez l’antiquaire tous les codes du fantastique.

Tout d’abord, la lumière crée un clair-obscur : « il posa la lampe sur le fût d’une colonne brisée ».

Les jeux de lumière permettent au héros de douter de ce qu’il voit.

Or, le doute est central dans le registre fantastique.

De plus, l’antiquaire est un personnage à mi chemin entre le bon et le mal. Toutefois la malice lui confère une image diabolique.

Enfin, les sens de Raphael semblent perturbés.

Pour finir, la dimension fantastique tient à la Peau de chagrin, ce talisman qui rétrécit en fonction du nombre et de la force des souhaits émis par Raphael.

La disparition de la peau entraîne la mort de Raphael.

Le critique Tzvetan Todorov définit le fantastique comme « l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel » (Introduction à la littérature fantastique, 1976).

En effet, le début du roman Raphael éprouve des doutes.

Il est surpris par ce qu’il prend pour une coïncidence : il a souhaité participer à un dîner splendide, il est invité chez des amis à un banquet au moment où il sort de chez l’antiquai Dès le début du roman Balzac nous expose sa théorie “vouloir nous brûle et pouvoir nous détruit” En effet la peau de chagrin représente la capitale d'énergie que possède chaque humain dans sa vie, sauf que ce capital ne se reconstruit pas.

En permettant au vouloir d'être aussitôt un pouvoir, le talisman est fatal.

La vie de Raphael avant même d’acquerir la Peau, est une spiral tragique qui le mène au suicide : le talisman n’est qu’un surcis, le destin est inévitable.

Pour Balzac l'énergie qui nous anime et à la fois créatrice et destructrice Les differents types de l’energie creatrice : Le talisman, un objet créateur Dans la peau de chagrin, le talisman incarne l’énergie vitale explicité sous sa forme créatrice En effet, la peau crée littéralement la vie lorsqu’elle empêche le suicide de raphael.

C’est parce qu’il s’empare de cette peau de cuir aux pouvoirs extraordinaire que raphaël reprend goût en la vie. Cette peau est également créatrice puisqu’elle permet d’accomplir tous les désirs du jeune homme.

Comme le démontre le troisième vœu de Raphaël, à travers lequel il exprime le désir de s’abîmer dans le luxe et l’opulence : “Ah ! je veux vivre au sein de ce luxe un an, six mois, n’importe ! Et puis après mourir.

J’aurai du moins épuisé, connu, dévoré mille existences.”.

La réalisation de ce souhait est quasi instantané, au lendemain de la fête, un notaire survient pour annoncer un héritage à Raphaël.

Ce dernier accède alors au titre de marquis. Des personnages créateur Raphaël un personnage créatif D’abord Raphaël apparaît en effet animé d’une énergie créatrice littéraire : il veut composer une grande œuvre, ironiquement envisagée sous le titre de théorie de la volonté, “long ouvrage pour lequel il avait appris les langues orientales, l’anatomie, la physiologie, auquel il avait consacré la plus grande partie de son temps”. Raphaël à donc longtemps concentrer son énergie sur l’écriture.

Pendant les 3 ans qui ont précédé la mort de son père : il s’astreint à une vie disciplinée. Le savoir est donc une énergie créatrice à laquelle Raphaël s’adonne dans sa chambre d’étudiant lorsqu’il travaille sur son œuvre. Elle lui permet de se dépasser et lui insuffle une créativité philosophique et poétique réelle. L’antiquaire, un personnage qui a fait le choix du savoir au vouloir et au pouvoir Au lieu de s’abandonner aux plaisirs des sens et de se laisser détruire par le « vouloir » et le « pouvoir », le vieux sage a choisi la troisième voie : celle du « savoir », qui « laisse notre faible organisme dans un perpétuel état de calme » (p.

62).

Pour expliquer sa situation, il se compare à un avare : « La pensée est la clef de tous les trésors, elle procure les joies de l’avare sans en donner les soucis » (p.

63).

Ici, le mot « pensée » désigne une activité intellectuelle tranquille qui exclut toute passion.

De mêmequ’il a emmagasiné des milliers d’objets dans sa boutique, l’antiquaire a concentré en son cerveau d'innombrables sensations, préférant réfléchir sur elles que les éprouver directement. Cette concentration s'oppose à la dépense et à l'éparpillement caractéristiques d'une vie selon le vouloir et le pouvoir. Rastignac un personnage animé d’une grande énergie Rastignac est également un personnage animé d’une grande énergie, qui se traduit par ses actes autant que par ses discours : “Je n'ai rien trouvé de mieux que d'user l'existence par le plaisir » Ainsi, adepte de la vie oisive et du plaisir, Rastignac consacre toute son énergie dans le“système dissipationnel”. L’énergie destructrice Ainsi, différents éléments dans ce roman se présentent comme porteurs d’une énergie créatrice.

Cependant cette énergie est bien plus ambigu qu’il n’y paraît au premier abord car elle semble également porteuse du pouvoir de destruction. Le désir De ce fait, l'énergie, dans la mesure où elle est conditionnée par le désir, devient destructrice. En effet, le désir consume les forces humaines.

Comme l’explique l’antiquaire vers le début du roman “vouloir nous brûle et pouvoir nous détruit”. Ainsi, à chaque fois que raphaël exprime un désir, la peau de chagrin s’amenuise, et avec elle la vie de son possesseur.

Comme le suggère la foi où Raphaël a accidentellement souhaité à son ancien professeur la réussite, et que la peau, aussitôt ce désir formulé, s’est raccourcie, faisant ainsi perdre avec elle une bonne dizaine des années de la vie du protagoniste. La passion Ainsi, si Balzac se questionne sur les méfaits du désir, il mène également une profonde réflexion sur les passions humaines. En effet, la.... »