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Le devoir cour de philosophie

Publié le 10/04/2025

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« Cours sur le devoir. Introduction: la recherche du bonheur nous est apparue comme motivation universelle et par conséquent le bonheur comme valeur suprême , à laquelle toutes les autres sont subordonnées , "souverain bien".

Mais n'est-ce pas ignorer le "Bien" au sens moral , non pas le bien que je me fais mais le bien que je fais ( aux autres).

C'est en tout cas ainsi que l'entend Kant , qui , dans les Fondements de la métaphysique des mœurs affirme la primauté de l'exigence morale sur l'aspiration au bonheur : "De tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde...il n'est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon , si ce n'est seulement une bonne volonté...Il se peut ...que cette volonté ne soit pas l'unique bien, le bien tout entier, mais elle est néanmoins nécessairement le bien suprême, condition dont dépend tout autre bien, même toute aspiration au bonheur...la bonne volonté paraît constituer la condition indispensable même de ce qui nous rend dignes d'être heureux". Kant fait ici allusion à la figure évoquée déjà par Platon de l'homme injuste et sans scrupules à qui tout réussit , du" salaud heureux" : son bonheur n'est pas pour nous objet d'approbation mais plutôt de scandale .

Le bonheur ne vaut donc qu'à condition qu'il échoie à un homme qui, par la moralité de sa conduite , le mérite ; la moralité prime le bonheur et conditionne sa valeur. ( cela se passe dans le dialogue platonicien intitulé Gorgias : Socrate , héraut et héros de Platon y défend en effet la thèse hautement paradoxale selon laquelle "mieux vaut subir l'injustice que la commettre"! D'où une description de la condition du tyran , figure de la toute puissance du désir , de la licence d'assouvir impunément toutes ses pulsions .

Platon ne dit pas que le tyran , bien qu'heureux , jouit d'un bonheur condamnable , ne méritant donc pas son bonheur -réel- .

Il va jusqu'à soutenir que le tyran est en vérité un malheureux , puisqu'il a une âme malade , affligée du pire des maux qu'est la perversité ) Primauté du Bien , de la valeur morale, donc.

Mais sous quelle forme concrète le bien se manifeste-t-il à nous ? Réponse : sous la forme devoir, c'est à dire d'une contrainte exercée sur notre volonté , ou plutôt d'une" obligation" ( on réservera aux seules lois naturelles et à l'action qu'elles exercent sur nous l'appellation de" contraintes" , les lois morales , du fait qu'elles aient un sens , et qu'on puisse toujours leur désobéir, étant plutôt des "obligations" - le règlement intérieur est obligatoire , la pesanteur n'est pas" obligatoire", mais nécessaire ).

La morale commande ( "Tu ne tueras point !"), elle nous intime l'ordre de faire ou de nous abstenir de faire.

Qu'est-ce à dire , sinon que si le bien se présente comme une obligation , c'est qu'il ne va pas de soi , qu'il rencontre en nous des forces hostiles : l’égoïsme en nous , qui nous fait nous préférer aux autres , priorité que la morale s'efforce de renverser ( "moi d'abord !" ..."après-vous monsieur !").

Il y aurait donc une austérité, un aspect nécessairement rébarbatif du devoir moral , une dimension sacrificielle puisqu'il réclame de renoncer à la jouissance , culpabilise l'innocente et spontanée recherche , par chacun , de son intérêt. L'existence d'un "devoir moral" , à la fois recèle un paradoxe et semble constituer une anomalie. Un paradoxe : ne considère-t-on pas , à juste titre , celui qui fait triompher son sens du devoir de ses désirs comme un homme libre , et celui qui cède à la tentation comme étant l'esclave de ses passions ? L'accomplissement du devoir serait donc l'acte libre par excellence , alors même que le devoir parle la langue de la contrainte, de l'autorité qui, du dehors, s'exerce sur la volonté ! Il y a une hétéronomie du devoir ( j'ai beau m'y efforcer, je ne peux pas étouffer la voix de la conscience en moi , elle parle indépendamment de ma volonté ) , et pourtant , je ne serais jamais aussi libre que quand je m'y soumets ... Une anomalie : comment un être vivant , dont le fondamental ressort est de se conserver , dont la motivation principale est de "s'efforcer de persévérer dans son être" (Spinoza), comment un être dont l'attachement instinctif à soi est infiniment renforcé par la conscience de soi et de sa finitude , comment un être à l’égoïsme incommensurable... ( Pascal : "...il n'y a personne qui ne se mette au-dessus de tout le reste du monde..." Schopenhauer : "...dans l'hypothèse où chacun aurait le choix entre son propre anéantissement et celui du reste du monde ,il n'est nul besoin de préciser ce que ce que la grande majorité préférerait..." ) ...

est-il donc capable sinon d'abnégation , du moins de son exigence ? N'y a-t-il pas quelque chose, donc , de surnaturel , de miraculeux, de surhumain dans notre vocation morale ? D'où vient donc qu'on ressente en soi l'appel du devoir , où en situer l'origine , faut-il y voir une confirmation, voire une preuve de l'existence d'une sur-nature ( Rousseau : " Conscience !Conscience ! instinct divin , immortelle et céleste voix..." ) ou bien n'y a-t-il pas une origine naturelle à notre aptitude à lutter contre notre propre nature ? ( C’est l’occasion de préciser le sens de cette distinction : chercher l’origine / chercher le fondement.

La recherche des origines est historique et porte sur les causes , il s’agit de remonter à la première apparition d’un phénomène , à sa première forme connue , dans le but d’expliquer son existence ; la recherche du fondement porte plutôt sur la légitimité du phénomène en question.

Ainsi , chercher les « fondements de la morale », comme nous allons le faire, revient à s’interroger sur ce qui fait la valeur des valeurs , à chercher à identifier un principe à la valeur évidente , dont toutes les constructions éthiques des différentes civilisations dériveraient et tireraient leur caractère authentiquement moral. Rechercher l’origine de la morale – comme le fait Nietzsche dans Généalogie de la morale – c’est se demander quelles motivations – pas nécessairement morales ! – ont pu amener les hommes à inventer des doctrines morales , des systèmes de valeur , notamment religieux , comme par exemple la volonté de domination , la volonté d’affaiblir les forts en les culpabilisant ; l’origine de l’humanité , c’est l’animalité , mais son fondement , c’est sa liberté et sa moralité , sa capacité à échapper , justement , à son destin animal ). I) L’origine sociale du sentiment du devoir. D’après Bergson ( extrait des deux sources ) le devoir a une origine sociale ( même si il revient à certains individus d’exception – Socrate , Jésus …- d’élargir le champ des devoirs à l’humanité entière en en changeant la signification , passant d’un rôle de conservation , d’ordre à un effet d’expansion, de progrès) , il exprime notre appartenance au groupe et notre soumission à sa loi de conservation .

C’est qu’on peut comparer une société humaine ( et a fortiori animale ) à un organisme , dont la viabilité dépend de l’observation, par les éléments qui le composent , d’un certain nombre de règles visant à coordonner leurs mouvements pour la plus grande utilité du tout auquel ils appartiennent et dont ils dépendent étroitement.

Les devoirs humains , les obligations qui nous tiennent les uns aux autres n’ont sans doute pas la rigidité et la nécessité de l’instinct social chez les animaux : ils varient et progressent , semblent donc marqués du sceau de la liberté individuelle .

Toutefois , si chez l’homme, il est vrai qu’aucune règle en particulier n’est nécessaire , le fait qu’il faille bien qu’il y ait des règles, quant à lui , est nécessaire et ne souffre pas d’exceptions .

Le fait qu’il y ait des devoirs et qu’ils s’imposent à nous de façon nécessaire renvoie donc à l’inclusion de l’individu dans une société , à la naturalité de l’être humain , à l’existence en lui d’un « moi social » , et nullement à une prétendue autonomie du sujet doué de raison , tirant de son propre fond rationnel les motifs de ses actes moraux. L'individu est un être social qui accomplit spontanément ( quoiqu'après apprentissage et avec conscience ) ses obligations envers le tout , c'est à dire aussi lui même en tant qu'à ce tout , il appartient , à cette totalité, il s'identifie ( notion de "moi social" ).

Cette quasi- automaticité du sens moral semble pourtant en contradiction avec le caractère rationnel et contraint avec lequel on le représente ( les philosophes ) .

Le devoir ne s'exprime-t-il pas au moyen d'une formule impérative ? ( ex: règle d'or , "ne fais pas à autrui..." ) Mais c'est l'exception, explique Bergson , le recours à des raisons morales.... »

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