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Aptitudes cognitives et sexe

Publié le 01/12/2022

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« SUJET : Aptitudes cognitives et sexe Introduction Les humains, au cours de leurs vies, traitent une grande quantité d’information et font un tas d’activités qui mettent en jeu la mémoire, le langage, le raisonnement, l’apprentissage, l’intelligence, la résolution de problèmes, la prise de décision, la perception : c’est la cognition qui et s’entend comme la raison, la pensée ou même l’intelligence Quant aux aptitudes, ce sont des prédispositions d’une personne pour accomplir une tache donnée.

Mais elles ne peuvent se comprendre qu’en lien avec les notions d’intelligence et d’intelligence émotionnelle.

Quels liens peut-on établir entre les aptitudes cognitives et le sexe ? Si tant est que le sexe peut s’entendre, comme ce qui différencie l’homme de la femme, autant sur le plan biologique que sur le plan social. Pour mieux cerner ce problème, nous allons dans un premier temps analyser les concepts d’aptitude cognitive et de celui de sexe, pour ensuite, analyser les approches théoriques qui explicitent la différence qui existe entre les sexes, pour enfin tenter une analyse critique de ces approches. I. Analyse conceptuelle Dans cette partie, nous ferons l’analyse des concepts d’aptitudes cognitives et de celui de sexe. 1.

Aptitudes cognitives Ce sont les capacités de notre cerveau qui nous permettent d’être en interaction avec notre environnement : elles permettent de percevoir, se concentrer, acquérir des connaissances, raisonner, s’adapter et interagir avec les autres.

On peut distinguer des fonctions qui sont liées à la cognition : - L’attention : la capacité à se concentrer pendant une certaine durée, à faire deux choses en même temps. La mémoire : capacité à retenir des informations visuelles, verbales à court et long terme. Les fonctions exécutives : capacités à s’organiser, à mettre en place des stratégies pour faire face à des situations inhabituelles. Les fonctions visuo-spatiales : capacité à s’orienter et se repérer. La cognition sociale : ce sont les capacités à comprendre les autres, à identifier les différentes émotions et à interpréter correctement son environnement. Il est à noter que plusieurs disciplines s’intéressent aux aptitudes cognitives et parlent d’ailleurs de sciences cognitives.

On peut citer entre autres la psychologie cognitive, la philosophie, la linguistique, l’intelligence artificielle et les neurosciences (neuro-anatomie, neurophysiologie, neurobiologie,…).

Dans cette perspective, la logique, les mathématiques, l’informatique et la physique ont un rôle à jouer.

Mais c’est son application dans le domaine de l’éducation que le succès des sciences cognitives est le plus manifeste. 2.

Sexe Le terme sexe renvoie à un ensemble d’attributs biologiques retrouvés chez les humains et les animaux.

Il est lié principalement à des caractéristiques physiques et physiologiques, par exemple les chromosomes, l’expression génique, les niveaux d’hormones et l’anatomie du système reproducteur. On décrit généralement le sexe en termes binaires, « femme » ou « homme », mais il existe des variations touchant les attributs biologiques définissant le sexe ainsi que l’expression de ces attributs. Le sexe renvoie aussi aux rôles, aux comportements, aux expressions et aux identités que la société construit pour les femmes, les hommes, les filles, les garçons.

Dans ce cas, on parle de genre.

Ce dernier influe sur la perception qu’ont les gens d’eux-mêmes et d’autrui, leur façon d’agir et d’interagir, ainsi que la répartition du pouvoir et des ressources dans la société.

L’identité du genre n’est ni binaire (fille/femme, garçon/homme) ni statique.

Elle se situe plutôt le long d’un continuum et peut évoluer au fil du temps.

Les individus et les groupes comprennent, vivent et expriment le genre de manières très diverses, par les rôles qu’ils adoptent, les attentes à leur égard, les relations avec les autres et les façons complexes dont le genre est institutionnalisé dans la société. II. Différence des aptitudes cognitives entre les sexes : De l’explication physiologique aux stéréotypes socio-culturels Dans ce chapitre, nous tenterons d’aborder les présupposés théoriques qui justifient la différence d’aptitudes cognitives entre les sexes.

Pour cela, nous partirons de l’explication physiologique, à travers les neurosciences, aux stéréotypes socio-culturels. 1.

L’apport des neurosciences Les neurosciences sont, à coup sûr, celles qui se sont le plus penchées sur les différences cognitives entre les hommes et les femmes.

C’est ainsi que dès le XIXe siècle, des théoriciens, à l’image de Paul Broca et Gustave Le Bon, soutiennent, à partir de l’étude sur le plan anatomique des cerveaux humains, que la petitesse relative du cerveau de la femme, est un argument suffisant « de son infériorité physique et de son infériorité intellectuelle ».

Pis encore, selon Gustave Le Bon, « les crânes de la plupart des femmes sont plus proches de ceux des gorilles que ceux des mâles humains ».

Des recherches durant le XXe siècle ont pu démontrer que ces idées sur les différences de taille et de volume du cerveau, sont inopérantes pour expliquer les différences d’intelligence entre l’homme et la femme.

Dans les années 1980, les recherches vont se focaliser sur une partie bien précise du cerveau qui serait de forme et de volume différents chez les hommes et chez les femmes et qui expliquerait nombre de comportements propres à chaque sexe.

Il s’agit du corps calleux, situé au centre de notre cerveau, et qui relie l’hémisphère gauche à l’hémisphère droit et permet la communication des informations nerveuses entre les deux hémisphères.

Mais cette piste a été infirmée par les techniques d’imagerie récentes qui révèlent que les différences anatomiques entre cerveaux d’hommes et de femmes sont liées à un effet de volume cérébral plutôt qu’à un effet de sexe : en effet, l’avènement de l’imagerie cérébrale a ouvert une autre piste, plus prometteuse, pour tenter de comprendre les origines des différences entre hommes et femmes : ces techniques permettent de voir le cerveau en fonctionnement et la façon dont il « s’active » lors de tâches diverses, et notamment lors de tâches où les performances entre hommes et femmes varient.

Des différences de fonctionnement cérébral ont ainsi été recherchées pour des tâches de langage ou visuo-spatiales par exemple, tâches pour lesquelles les différences de genre sont classiquement observées et qui sont censées refléter les différences de comportement.

Ce qui expliquerait pourquoi les femmes s’expriment plus facilement, et que les hommes sont meilleurs en géométrie.

Bien qu’il existe une littérature très foisonnante sur cette question, il n’y a, cependant pas de consensus dans ce domaine. Il nous est loisible de retenir que les travaux ayant cherché des éléments anatomiques ou fonctionnels permettant d’expliquer les différences de performance et de comportements entre les sexes révèlent des résultats disparates et mitigés.

Comme l’indique la neurobiologiste Catherine Vidal, les différences observées entre cerveaux d’hommes et de femmes ne sont pas plus grandes que celles observées entre cerveaux d’hommes entre eux ou de femmes entre elles.

De plus, l’observation de différences d’activation cérébrale ne dit rien sur l’origine de ces différences.

Estce biologiques ? Est-ce sociales et culturelles ? D’autant que les travaux récents en neurosciences ont révélé des capacités de plasticité cérébrale très importantes, à tout âge de la vie, chez les hommes comme les femmes.

Nos expériences, physiques et cognitives, contribuent à façonner la structure de notre cerveau : il existe ainsi des différences anatomiques significatives de certaines régions cérébrales chez des personnes qui ont développé, par l’expérience, des compétences particulières.

On peut citer les musiciens qui peuvent avoir des capacités auditives et motrices très développées, les chauffeurs de taxi, avec une carte mentale de villes hors du commun, et même des personnes aveugles de naissance qui se représentent leur environnement sans la vision.

Des chercheurs en neurosciences s’orientent de plus en plus sur la complexité du système nerveux central, envisagé comme un ensemble intégré et changeant plutôt que comme un système figé une fois pour toute en fonction d’un programme génétique déterminé à la naissance.

Chaque sensation, pensée, sentiment, mouvement et interaction sociale modifie la structure et la fonction du cerveau. De ce qui précède, nous pouvons dire que les différences cérébrales observées entre hommes et femmes ne sont plus uniquement expliquées par des facteurs physiologiques, avec son succédané, d’innéisme, de prédéterminismes comme les gènes ou hormones, mais ce sont, plutôt, les stéréotypes socio-culturels qui fondent le genre, qui contribuent à construire des différences au cœur même du cerveau. 2.

Les stéréotypes socioculturels Ce sont surtout les sciences humaines et sociales qui ont montré l’existence de stéréotypes et de biais qui déterminent les performances et les comportements en fonction du sexe des individus. Les stéréotypes sont des croyances à propos de certaines catégories sociales.

Le fait de croire, par exemple, que les hommes sont plus compétitifs alors que les femmes sont plus sensibles.

Alors que les biais sont une attitude différente en fonction du type d’individus ou d’informations.

C’est qui est à l’origine des différences de comportements à l’égard des garçons et des filles à l’école. Ici, a question n’est pas d’argumenter sur la véracité ou non de ces stéréotypes, car on trouvera toujours des individus qui correspondent aux stéréotypes et d’autres qui ne correspondent pas.

Il s’agira surtout de vérifier l’hypothèse selon laquelle, les stéréotypes donnent lieu à un processus de généralisation qui consiste à penser que tous les membres d’un même groupe social sont interchangeables.

Cela fonctionne comme si « tous les hommes sont les mêmes », « toutes les femmes sont identiques ». S’il en est ainsi, c’est parce que les stéréotypes sont ancrés de façon inconsciente chez les hommes comme chez les femmes et influencent précocement les comportements, y compris les performances cognitives comme l’illustre une étude Huguet et Régner, intitulée « Stereotype threat among schoolgirls », in Les cahiers-dynamiques-2013-1-page 31, réalisée chez des enfants de 6e et de 5e.

On montre aux enfants une figure complexe et on leur demande de l’observer attentivement ; ils sont prévenus qu’il faudra ensuite la redessiner de mémoire de façon chronométrée.

Pour la moitié des enfants, la consigne insiste sur le fait que ce test permet d’évaluer leurs compétences en géométrie, alors que pour la seconde moitié des enfants, la consigne indique que ce test permet d’évaluer leurs compétences dans le domaine du dessin.

La figure et la tâche sont donc identiques pour les deux groupes, seule l’explication donnée aux enfants sur la fonction du test varie.

Les résultats montrent que lorsqu’on insiste sur les capacités en « géométrie », les filles sont très inférieures aux garçons, alors que c’est l’inverse en contexte « dessin » : les filles sont meilleures que les garçons.

Cette étude montre le poids des stéréotypes sur les performances cognitives qui alimentent l’idée d’infériorité des femmes dans le domaine des mathématiques et des compétences visuo-spatiales.

Ces stéréotypes, ancrés dès l’enfance, guident ensuite les choix d’orientation et de carrière : les filles se tournent plus facilement vers le social, le médico-social, les services ou l’enseignement.

Les hommes en revanche s’orientent plutôt vers les secteurs techniques, de la construction, de la production, de l’industrie, de l’ingénierie.

Ainsi en 2010 en France, les filles représentaient 45,2 % des élèves en terminale scientifique mais seulement 27 % des élèves entrant en école d’ingénieur.

C’est cette la meme tendance que l’on note au Sénégal, d’après une étude du Bureau de l’UNESCO de Dakar, révélée lors de la journée internationale de la femme en Mars 2017, « Seuls 30% des filles fréquentent les filières scientifiques, contre 70% des garçons.

Dans le supérieur, les statistiques démontrent que les filles font moins de 30%.

Et les chercheuses ne représentent que 25%.

».

Si l’on en croit à une expérience menée aux Etats Unis, ces croyances sur le genre influenceraient non seulement les performances mais aussi la façon dont on traite les hommes et les femmes dont les compétences sont égales.

Cette expérience publiée dans une grande revue scientifique américaine, et qui s’intitule : « Science faclty’s subtle gender biases… » de Moss-Rcusin et coll, consistait à envoyer le cv d’un étudiant de 1er cycle à des professeurs d’universités américaines de différentes disciplines.

Les mêmes questions sont posées à tous les professeurs : embaucheraient-ils cette personne pour s’occuper de leur salle d’expérience, avec quel salaire, et offriraient-ils des possibilités de mentorat à cet étudiant ? Deux groupes mixtes et appariés de professeurs ont été constitués, avec un nombre équivalent d’hommes et de femmes.

Le premier groupe reçoit le cv de « John » et le second celui de « Jennifer », les deux cv étant par ailleurs strictement identiques. Les résultats révèlent que « Jennifer » est embauchée moins souvent, qu’on lui propose un salaire plus bas et qu’on lui offre moins de possibilités de mentorat, et ceci aussi bien de la part de professeurs hommes que femmes. De cette expérience, nous pouvons dire que les différences observées entre les deux sexes sont en réalité la conséquence du poids des constructions sociales et de la culture.

L’interaction avec l’environnement semble orientée les goûts, les aptitudes et forge en même temps les traits de personnalité en fonction des modèles féminins et masculins fournis par la société. On se rend compte que les différences des aptitudes cognitives liées au sexe et qui justifient la supériorité de l’homme sur la femme au plan de l’intelligence, ont leur origine explicative dans les sciences et les stéréotypes socio-culturels.

Les stéréotypes sont d’autant plus présents que certaines recherches dans le domaine des neurosciences partent d’hypothèses dont les variables dépendent largement de ces stéréotypes. Tout se passe comme si l’évolution des idées scientifiques sur les questions de différences entre hommes et femmes, est parallèle à l’évolution de la société.

Que faire alors pour inverser cette tendance qui finalement est sexiste et se base sur des idéologies ancrées dans des sociétés dites patriarcales. III. Analyse critique de la différence des aptitudes cognitives entre les sexes : les apports de l’approche genre et les théories des neurosciences qui plaident pour l’égalité homme/femme. Dans cette troisième et dernière partie, nous ferons une analyse critique de la différence des aptitudes cognitives entre les sexes à la lumière des apports de l’approche genre mais aussi les théories des neurosciences qui plaident pour l’égalité homme/femme, grâce aux nouvelles découvertes qui apportent un éclairage scientifique sur la question, en se focalisant sur la plasticité cérébrale. 1.

Les apports de l’approche genre Le genre est un concept qui s’attache aux différences non biologiques, c’est à dire sociales, culturelles, psychologiques, économiques ou politiques entre les deux sexes.

Les études de genre ont débuté aux Etats-Unis dans les années 1950 et elles ont été reprises dans les années 1970 par les mouvements féministes pour dénoncer les inégalités entre les hommes et les femmes.

Le combat pour l’égalité entre les sexes, s’est d’abord orienté vers suppression des différences de salaire et à l’établissement d’une parité au sein des différentes fonctions sociales.

Cela a été interprété comme une tentative d’effacement des différences entre les femmes et les hommes. Mais aujourd’hui, une approche plus subtile se dessine dont l’objectif est de revendiquer à la fois l’égalité et la prise en compte de la différence.

Cette approche part du postulat qu’égalité ne signifie pas identité ou indifférenciation entre les sexes.

Les recherches en matière de genre ont constaté que dans la recherche scientifique, les différences biologiques entre les hommes et les femmes sont parfois oubliées, souvent au profit de l’homme.

Si nous prenons l’exemple des tests des médicaments sur les animaux, ce sont, souvent des souris exclusivement mâles qui sont utilisées.

A l’inverse, l’ostéoporose est étudiée, à tort, comme un problème purement féminin. Dans l’innovation et la technologie, également, la différence entre les sexes est souvent oubliée au stade de la conception.

C’est dire que les stéréotypes fortement ancrés dans le cerveau des femmes et des hommes continuent d’influencer négativement les performances des femmes dans les disciplines scientifiques. Peut-on mettre expérimentalement.... »

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