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Y a-t-il un juste en soi ?

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« Définition des termes du sujet: JUSTE : qui est conforme au droit et à l'égalité des personnes. Pour nous, l'institution de l'esclavage est le comble de l'injustice.

mais au XVIII ième, dans les colonies européennes, elle était parfaitement légitime.

Est-ce à dire que ce qui est juste à un moment de l'histoire peut, à une autre époque, cesser de l'être ? La notion de justice n'est-elle pas au contraire une norme immuable qui permet de distinguer l'injustice de l'action juste, quelles que soient les circonstances ? 1. A chacun sa justice. A ~ « Plaisante justice qu'une rivière borne...

» (Pascal). q Lorsque l'on réfléchit sur la notion de justice, on est frappé par son extrême variabilité.

Les lois qui définissent le juste et les juges qui les appliquent n'évoluent pas seulement au fil du temps, ils varient aussi selon la culture ou l'aire géographique.

Dès qu'on franchit la frontière d'un Etat étranger, les règles du droit changent et l'acte réputé juste en Europe occidentale peut paraître un crime aux antipodes. q Si bien que l'on désespère de trouver une norme universelle du juste ; car on ne peut nommer « injuste » une action, si l'homme que nous blâmons peut nous répondre : « A chacun sa conception du juste ».

Mais peut-on confondre de la sorte le juste avec ce que permettent les lois ? B ~ Le sens de la justice. q Il arrive pourtant qu'au sein même de la société où nous avons été élevés, certains actes ou certains verdicts nous paraissent injustes.

Pour nous, la justice ne coïncide ni avec l'ensemble des lois en vigueur, ni avec le système judiciaire.

Nous sommes certes incapables de définir la justice, mais, la plupart du temps, nous nous sentons capables de la reconnaître.

Le critère du jugement est ici un sens inné de la justice qu'à nos yeux tous les hommes possèdent et qui, par-delà les différences, se réfère à une norme universelle. q Toutefois, cette conception du juste n'échappe pas au relativisme : le sens de la justice, comme tout sentiment, est personnel, il peut donc varier d'un individu à l'autre.

Croire à un sens de la justice identique en chaque homme, c'est n égliger la force des habitudes mentales que nous donne notre éducation.

Doit-on pour autant abandonner l'idée d'un juste universel ? 2. Justice et nature humaine. A ~ Les raisons secrètes du relativisme. q Au principe du relativisme en matière de justice, il n'y a pas seulement le constat désabusé de Pascal : « Vérité audeçà des Pyrénées, erreur au-delà.

» Il y a peut-être aussi le calcul du tyran.

Sa meilleure garantie contre la révolte n'est-elle pas de faire croire à ses sujets qu'il n'y a pas de juste en soi qui puisse juger et condamner son caprice légalisé ?Nier la possibilité d'une norme universelle, c'est peut-être surtout produire un mensonge utile aux pouvoirs établis. Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà.

(Pensées) Pascal s'en prend ici au caractère relatif, conventionnel de la justice humaine.

Les lois varient d'un État à l'autre.

La justice des hommes n'est pas universelle au contraire de la justice divine. q Il n'est pas besoin de chercher chez le relativiste le projet de tromper.

Il suffit de relever son erreur lorsqu'il confond le fait et le droit : il considère en effet tout ce qui est comme ce qui doit être.

Refuser l'idée d'un juste en soi, c'est donc affirmer que le juste n'est rien d'autre que ce qui se fait, ce qui existe, en un mot le réel.

Et l'on voit alors mal pourquoi on conserverait un concept normatif de « justice », puisque la notion descriptive de « réalité » suffit. B ~ L'exigence de justice. q La notion du juste en soi est loin d'être une utopie dont il faut poliment prendre congé.

Pour qu'un lien durable puisse s'établir entre les hommes et que la société ne soit ni un éphémère conglomérat d'intérêts ni un hochet dans les mains du monarque, il est indispensable en effet de poser une norme qui règle la relation à autrui sans qu'aucune des parties ne soient lésées. q Et l'on peut fonder cette norme sur une conception de l'homme.

Ce dernier peut être considéré comme libre et doué de raison par nature.

Sera donc juste tout acte ou toute législation qui respectera en lui ces deux aspects fondamentaux.

Au prix de cette définition d'une nature humaine universelle, on peut envisager le juste comme une exigence adressée à chacun dans ses rapports avec autrui.. »

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