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Y a-t-il de faux désirs ?

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« VOCABULAIRE: DÉSIR : Tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir.

Comme objet, c'est ce à quoi nous aspirons; comme acte, c'est cette aspiration même. Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en vue d'une fin.

Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne le désire pas). Finalement, on peut dire que vouloir, c'est désirer au point d'agir effectivement pour atteindre ce qu'on désire.

Ce qu'on veut, c'est toujours ce qu'on fait, de même que ce qu'on fait, c'est toujours ce qu'on veut.

On peut finalement considérer la volonté comme une espèce de désir, c'est-à-dire comme le désir dont la satisfaction dépend de nous. [Introduction] On reproche souvent au désir de nous éloigner de la réalité.

Et il est clair en effet que le désir ne tient pas souvent compte de la réalité, sinon pour suggérer ses insuffisances.

L'enfant désire devenir, « plus tard », pompier ou président de la République, sans avoir aucunement conscience du chemin qu'il devra parcourir ou des compétences qu'il devra montrer dans un cas ou dans l'autre, mais l'adulte lui-même n'en finit pas de désirer ce qu'il n'a pas (la beauté, la richesse, l'amour ou une grosse limousine), sans se donner les moyens de satisfaire ses désirs.

Le désir n'est-il donc qu'une relation à l'irréel et à l'impossible ? Contiendrait-il en lui-même la source de ces derniers, en raison de sa propre nature trompeuse ? Y a-t-il de faux désirs ? [I - Authenticité et vérité] [A.

Le désir est vécu] L'expérience est constante : quelles soient les critiques que l'on adresse au désir ressenti par un proche, ce dernier ne peut y renoncer.

On aura beau lui répéter qu'il a tort, qu'il perd son temps, qu'il se trompe dans l'estimation de ce qu'il désire (qu'il s'agisse d'un individu ou d'un objet), on constate qu'il ne change pas.

Que le désir soit ainsi insensible à l'argumentation, même rationnelle, pourrait souligner qu'il est en lui-même irrationnel, et d'autant plus soucieux de se maintenir que le sujet qui en est la « victime » en connaît le mal-fondé. Un tel reproche lui est adressé depuis Platon : lié avant tout au corps, indifférent à la vérité, le désir nous égarerait dès que nous y succombons.

C'est donc en lui que serait la source de notre aveuglement, parce que, faux par nature, il ne pourrait diffuser que de l'erreur.

Ce reproche confond cependant le désir et son objet : comme « vécu », le désir ne peut être ni vrai ni faux, il est, tout simplement.

Et les valeurs logiques de vérité ou de fausseté peuvent sans doute s'appliquer à ce qu'il vise, mais non à son existence. [B.

Désir et nature] Dans la classification des désirs et des plaisirs qu'ils prétendent apporter, les épicuriens sont d'ailleurs plus subtils : certains désirs leur paraissent tout à fait légitimes, et ceux qu'ils condamnent le sont en raison du caractère superflu et « faux » de ce qu'ils visent.

En tenant compte de la nécessité (pour la vie du sage) et de la naturalité du désir, on peut en effet distinguer trois catégories dans les désirs : ceux qui, étant naturels et nécessaires (à la survie, au sens d'abord biologique), doivent être satisfaits (mais ils sont pauvres : manger et boire, frugalement, dormir, sans confort) ; ceux qui, naturels mais non nécessaires (manger, boire, dormir avec un certain « luxe ») ne doivent être satisfaits que très prudemment, sans que puisse en naître l'habitude ; enfin les désirs qui, ni naturels ni nécessaires (tous les autres relatifs au social, au paraître), doivent être fuis.

En se fondant sur une nature qui leur sert de modèle, les épicuriens définissent les règles d'une vie ascétique qui leur paraît « morale », et qui empêche sans doute l'homme de se lancer dans une quête interminable de plaisirs « superflus ». [C.

Désir et société] Indépendamment de la critique kantienne sur la portée morale du modèle ainsi proposé (qui semble en effet peu universalisable, puisque c'est la sensation individuelle qui définit les bornes du « naturel » et du « nécessaire »), on peut se demander si cette classification n'ignore pas une dimension fondamentale de l'homme : que, loin d'être naturel, il est d'abord social.

Dès lors, on peut faire valoir que ce qui est tenu pour « superflu » ou non naturel s'est culturellement transformé en une autre nature. Hegel souligne combien l'objet (ou l'être, dans le cas du désir érotique) est d'autant plus désiré qu'il l'a déjà été par un autre : il y a, à travers cet objet, un véritable « désir du désir », qu'on aurait tort de négliger ou de simplement condamner comme trompeur, puisqu'il confirme l'appartenance à l'humanité (je ne désire jamais ce que peut « désirer » un animal - à moins de régresser dans de telles conditions de vie qu'elles me rabaissent précisément à l'animalité).. »

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