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Une politique des passions est-elle possible?

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« Les passions comme la haine, la vengeance, la crainte et même parfois l'amour peuvent nous entraîner à commettre des actes malveillants.

Cela provient du fait que de manière générale, la passion est un phénomène psychique, dont le corps et aussi le jugement ont un rôle dévolu, qui domine complètement le sujet.

La passion peut donc constituer un danger car elle est susceptible de déterminer la volonté du sujet et donc par la même occasion lui priver de sa liberté.

Par conséquent est-il possible de maîtriser nos passions ? Autrement dit, une politique des passions est-elle possible ? Maîtriser ses passions, cela implique de faire en sorte qu'il soit possible de les ordonner afin de rétablir l'harmonie au sein du sujet qui est victime de l'emportement passionnel.

Une politique des passions visera donc à conférer de l'ordre, de l'unité a l'intérieur du sujet.

Mais où va-t-on puiser la force nécessaire pour organiser une telle répression ? De plus une telle politique est-elle souhaitable ? N'y a-t-il pas dans les passions une force nécessaire pour toute action ? I Le siége des passions A : Depuis l'Antiquité les passions ont fait l'objet de multiples réflexions.

Platon considère dans le Timéé 69c-71e que les passions sont des phénomènes psychiques puisqu'elles sont issues de la partie inférieure de l'âme que Platon appelle l'épithumia.

Selon Platon, l'âme est divisée trois parties : la partie rationnelle qui contrôle les autres s'appelle le noûs, la partie irascible s'appelle le thumos, et enfin la partie désirante s'appelle l'épithumia.

Ce que montre le Timée, c'est que les passions appartiennent à la partie désirante de l'âme et qu'elles sont par conséquent en leur essence irrationnelles.

Or l'irrationalité chez Platon est synonyme de désordre, de dysharmonie, de vice.

Par conséquent les passions ne doivent pas être au fondement de notre conduite sous peine de nous procurer les pires maux. - Il faut savoir être mesuré car l'hybris est destructeur.

Comme le montrait Platon, République IX 580 d : "Puisqu'il y a trois parties de l'âme, il me paraît qu'il y a aussi trois sortes de désirs propres à chacune d'elle, et aussi trois sortes de plaisirs et de commandement" : ces trois parties sont la concupiscence (epithumia) à avoir le désir relatif au plaisir du corps, le courage / coeur (thumos), qui est l'ardeur ou le zèle, et enfin la raison.

Une âme déréglée ne peut harmoniser ses désirs avec la raison, et l'homme en proie aux dérèglements (c'est-à-dire à la non harmonisation de ses désirs) est esclave de lui même et comme un pantin tiraillé de toutes parts.

Choisir le juste milieu, c'est orienter ses désirs par la raison qui perçoit ce qui est juste et bien, le juste étant un équilibre des parties dans lequelle chacune fait ce qui lui est propre (comme dans une cité où l'harmonie suppose que chacun accomplisse son action propre et ne quitte donc pas le milieu qui lui convient). B : Dans la République IX 572a-575d, Platon montre les conséquences désastreuses d'une conduite passionnel.

Le modèle de cette conduite est incarné par le tyran qui ordonne la totalité de son existence à la satisfaction de tous ses désirs.

Le tyran est celui qui fait valoir la puissance du désir mais aussi le désir de puissance.

Une telle conduite est néfaste pour toute cité car elle entraîne le désordre, le mépris et la haine.

En effet, le tyran n'hésitera pas à piller ses semblables pour parvenir à ses fins.

La conduite passionnel est contraire à toute politique dont le but est d'instaurer l'ordre, l'harmonie au sein d'une cité par l'intermédiaire des lois , afin de réaliser la cité juste. II Pour une politique des passions A : Pour que la cité juste puisse se réaliser, il est nécessaire que celle-ci soit commandée par les philosophes dont l'usage de l'intellect leur permet d'accéder à la contemplation des Idées qui sont seules susceptibles de valoir comme des normes universelles.

La cité juste comprend quatre vertus : sagesse, courage, modération et justice.

Or la sagesse appartient au corps gouvernants c'est-à-dire les philosophes, le courage appartient aux gardiens et la modération est présente dans la multitude et chez les philosophes.

Enfin la justice se réalisera quand chacun accomplira la fonction qui lui est dévolue.

De même à titre individuelle, l'âme juste sera celle où chaque partie occupe et réalise la fonction qui lui appartient. Pour construire un ordre juste dans la cité, il faut avoir les yeux tournés vers les réalités intelligibles, comme l'artisan qui, pour fabriquer un objet, reproduit le modèle qu'il a dans l'esprit.

Contre les sophistes, les rhéteurs et autres démagogues, qui se servent du langage pour acquérir le pouvoir par la flatterie (Gorgias), Socrate défend l'idée que la cité doit être le reflet de l'ordre qui règne dans le cosmos. L'homme politique doit éduquer les citoyens pour leur apprendre à se tourner vers le Bien.

Une cité juste doit être composée de citoyens vertueux car le principe de la justice est l'harmonie : l'équilibre de l'individu, entre la raison, la volonté et les passions, est semblable à celui de la cité, entre les différentes castes qui la constituent (La République). III Pour un usage politique des passions. »

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