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Une langue universelle est-elle possible ?

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« Les hommes parlent diverses langues plus ou moins différentes les unes des autres.

Mais il existe plusieurs tentatives pour produire une langue universelle qui ne serait pas liée à telle nation, comme l'espéranto.

Il semble donc que la pluralité des langues soit un fait contingent qui puisse être surmonté.

Mais n'est-ce pas se tromper sur la nature d'une langue universelle? Et, au-delà de la possibilité, il faudrait aussi savoir si cela est souhaitable. 1.

Les deux sens différents de l'expression « langue universelle ». A.

L'espéranto est une langue que tout un chacun peut apprendre, et qui est parlée, de fait, dans le monde entier. Elle a, selon ses défenseurs, une vocation universelle : elle doit être indépendante des nations et des pays.

En outre, l'anglais est devenu la langue mondiale du commerce et des sciences.

Qu'est-ce qui empêche qu'un jour une langue unique soit parlée sur toute la surface du globe terrestre? C'est là un premier sens de l'universalité : une langue serait universelle si elle était la langue unique parlée sur Terre. B.

Pourtant en un sens, cette universalité n'en est pas vraiment une.

Une langue qui serait parlée dans le monde entier ne se distinguerait pas, en elle-même, des langues qui sont actuellement parlées par une partie des êtres humains, par exemple du français.

De même, l'espéranto ne se distingue pas des autres langues qui existent actuellement.

Autrement dit, son universalité serait contingente et extrinsèque. C.

Mais il y a un autre sens de l'universalité, qui distinguerait une langue universelle de toutes les langues qui existent actuellement.

Cette langue serait essentiellement capable d'exprimer toutes les idées exprimées dans les langues particulières.

Une langue universelle est une langue dans laquelle les idées exprimées par toutes les langues particulières seraient traduisibles. Une langue universelle en ce second sens existe-t-elle? 2.

Il n'y a pas de langue universelle, mais seulement une capacité universelle à parler. A.

Quelle est la nature des idées exprimées par les langues particulières? Une langue est composée de signes.

Les signes, selon la linguistique structuraliste, sont composés de deux faces inséparables, une face signifiante, le son du mot utilisé, et une face signifiée, l'idée exprimée par le mot.

Or, les idées exprimées ne sont pas indépendantes les unes des autres : ce que signifie un mot dépend de toutes les autres idées exprimées par les autres mots de la langue.

Ainsi, en français, le mot « mouton » désigne à la fois l'animal et la viande que l'on mange, parce qu'il n'y a qu'un seul mot, tandis que, en anglais, le mot « sheep » désigne le premier et le mot « mutton » la seconde. B.

Les idées qu'un mot d'une langue particulière peut exprimer dépendent donc de la totalité des autres idées qui peuvent être exprimées dans cette langue.

Par conséquent, ce qu'exprime une langue lui est toujours propre : la traduction est toujours imparfaite.

L'idée d'une langue pouvant traduire toutes les idées exprimées par chacune des langues particulières est donc illusoire : il n'y a pas de langue universelle. C.

Mais il y a une capacité universelle à parler une langue.

Tous les hommes possèdent un langage. Une langue universelle au premier sens du terme est-elle même souhaitable? 3.

La pluralité des langues doit être protégée. A.

Ce que peut exprimer une langue lui est propre.

Il y a donc des choses qui peuvent être exprimées dans certaines langues et qui ne peuvent absolument pas l'être dans d'autres.

Autrement dit, une langue contient une manière propre de se représenter le monde : chaque langue véhicule une expérience particulière du monde. B.

Perdre une langue, c'est donc perdre une manière de voir le monde, qui ne peut être conservée dans une autre langue, en raison de l'imperfection de la traduction.

Une langue universelle au premier sens du terme n'est donc pas souhaitable.. »

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