Travail et liberte sont-ils compatibles ?

« Les termes du sujet 1.

La notion de travail implique manifestement une idée de nécessité.

Peut-on dire qu'elle implique également une idée de contrainte? Cela suffit-il pour exclure toute compatibilité avec la liberté? 2.

La liberté est-elle le droit de faire tout ce qu'on veut? En quoi cette définition est-elle insuffisante? La liberté est-elle un pouvoir, une faculté que l'homme possède naturellement, ou bien un état auquel il n'accède qu'après s'être libéré? 3.

Dire que deux notions sont compatibles, est-ce prétendre qu'il n'y a plus aucune opposition entre elles? Qu'estce, exactement, que l'incompatibilité? Les présupposés du sujet 4.

Pourquoi semble-t-il d'abord si évident que travail et liberté sont incompatibles? 5.

Quelles confusions risquons-nous de commettre, quand nous nous laissons aller à cette première impression? Éléments pour une problématique 6.

Pour que travail et liberté soient compatibles, il faut admettre que certaines contraintes aient un effet libérateur: quels exemples peut-on invoquer à l'appui de ce paradoxe? 7.

Peut-on dire qu'un homme n'est pas vraiment libre s'il n'a pas fait l'effort de conquérir lui-même cette liberté? Le mot «travail» est-il le terme juste pour désigner cet effort? 8.

Que le travail rende la liberté possible, cela ne prouve pas encore que ces deux notions sont compatibles, car elles ne coexistent peut-être pas au même moment: la liberté commence-t-elle quand cesse la nécessité de travailler? 9.

Le temps consacré aux loisirs est considéré généralement comme un temps de liberté.

Cette opinion est-elle réfutée s'il s'avère que travail et liberté sont compatibles? Peut-on être libre dans ses loisirs si on ne l'est pas dans son travail? I - LES TERMES DU SUJET Le travail se définit comme l'action de l'homme sur un matériau visant à le transformer pour satisfaire des besoins précis.

La contrainte est ordinairement comprise comme un obstacle à la liberté, à l'épanouissement de soi : elle limite l'être.

Ici, il peut s'agir de la contrainte naturelle ou sociale qui se relie au travail. II - ANALYSE DU PROBLÈME Le sujet est formulé de façon réductrice : le travail se réduit-il uniquement à une contrainte ? Cette évaluation négative s'applique-t-elle à tout travail quel qu'il soit ? N'y a t-il pas des exceptions ? Il s'agit aussi de savoir quelles formes prend la contrainte, et si la contrainte est exclusivement négative ? L'enjeu est donc d'apprécier la nature et les effets humains du travail, de procéder à son analyse en dépassant le point de vue ordinaire qui consiste à en faire le procès. III - LES GRANDES LIGNES DE RÉFLEXION Dans un premier temps, on analysera les aspects contraignants du travail en montrant à quelles conditions celui-ci aboutit à l'aliénation de l'individu.

Dans une deuxième phase de la réflexion, on mettra en lumière la positivité du travail et, éventuellement la contrainte qui l'accompagne ou dont il découle. IV - UNE DÉMARCHE POSSIBLE A - LA CONTRAINTE DU TRAVAIL 1 - Une contrainte naturelle Le travail doit être ressaisi à partir de la nécessité qui s'impose à l'homme de produire les conditions et les instruments de sa survie.

Le décalage entre les capacités naturelles de l'homme et ses exigences le condamne à travailler, à affronter la nature par des moyens qu'il a lui-même forgés. A.

La nécessité de travailler a traditionnellement été perçue comme une servitude.

Dans la "Genèse", Adam et Ève sont condamnés au travail par une malédiction divine.

Travailler est, en effet, le symptôme de notre incapacité à endiguer définitivement les contraintes naturelles.

Le travail est sans fin parce que la liberté qu'il procure, à l'égard de la faim par exemple, est toujours provisoire et fragile. B.

Le travail mécanisé produit, en outre, de nouvelles contraintes biologiques.

Comme le souligne Hannah Arendt dans "Condition de l'homme moderne", le travail industriel exige du corps humain l'adoption d'un rythme nouveau et l'apprentissage de certains gestes artificiels.

C'est l'homme qui doit désormais s'adapter à son outil et non l'inverse.. »