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Toutes les personnes méritent-elles un égal respect ?

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« Introduction.

— Les pays civilisés d'aujourd'hui mettent à la base de leur morale le devoir de respecter la personne humaine quelle qu'elle soit.

Mais peuton dire que ce devoir a pour corrélatif, chez les personnes, un droit au respect et à un respect égal pour tous ? I.

— DE QUI ET DE QUOI S'AGIT-IL ? Pour éviter d'avoir à y revenir, précisons au départ qu'il s'agit uniquement du respect des personnes en tant que telles et non en considération de leur rôle social ou de nos rapports avec elles.

Le soldat, inutile de le dire, doit plus de respect à son capitaine ou à son colonel qu'à son caporal ou à ses camarades. Le respect dû par un fils à sa mère est autre que celui qu'il doit au premier venu...

Mais, une fois mis à part ceux envers qui nous avons des devoirs spéciaux du fait de ce qu'ils sont pour nous, devons-nous à tous les autres le même respect quelles que soient leurs particularités personnelles, sans tenir compte de leur âge et de leur culture, de leur caractère et de leur mérite...

? Une seconde précision est nécessaire.

Il s'agit du respect et non de la manière dont il se manifeste.

Les manières de la campagne ne sont pas celles de la ville, et en ville elles diffèrent avec les milieux sociaux.

La façon de traiter respectueusement les vieillards serait ridicule avec les enfants.

'On respecte ;les femmes autrement que les hommes...

Mais si les manières extérieures peuvent ou même doivent différer suivant les personnes, la disposition intérieure ne doit-elle pas être identique pour tous ? Enfin, en quoi consiste cette « disposition intérieure » dont nous venons de parler ? A moins de se contenter de synonymes, comme le « Dictionnaire de l'Académie » (« Vénération, déférence qu'on a pour quelqu'un ou quelque chose...

») , le respect est défini d'ordinaire comme un sentiment, mais avec une différence spécifique bien marquée.

En effet, on n'y observe pas les émotions tendres ou ardentes de l'amitié ou de l'amour.

Il est affaire de jugement et de vouloir plus que d'affectivité ; c'est pour cela qu'il trouvait grâce auprès de Kant.

Par suite, nous pouvons dire, avec Lalande, que le respect est un « sentiment spécial provoqué par la reconnaissance d'une valeur morale dans une personne ou dans un idéal ».

Voilà le sentiment au sujet duquel se pose la question : « Toutes les personnes ont-elles droit à un égal respect ?1» Avant d'y répondre et pour préparer cette réponse il sera bon, nous semble-t-il, de s'interroger sur le devoir de respect, qui est le corrélatif de ce droit. II.

- LE DEVOIR DE RESPECTER LES PERSONNES A.

Le respect est dû à toutes les personnes sans exception.

— Sans doute, spontanément, nous n'éprouvons aucun intérêt pour la grande majorité des gens que nous rencontrons ; certains même nous sont plus ou moins antipathiques.

-Mais à la réflexion, dominant cette impression première et sans nous enquérir de leur conduite, nous pouvons et devons considérer que ce sont des personnes : des êtres qui pensent, qui ont des devoirs et une fin à atteindre par une détermination libre...

Se conduiraient-ils d'une façon que notre conscience ou notre milieu social réprouvent, feraient-ils l'objet de condamnations judiciaires tenues pour infamantes, nous ne pouvons pas porter sur leur valeur morale effective le jugement incontestable qui n'est possible qu'à Dieu. Savons-nous d'ailleurs si, dans les mêmes conditions, nous n'aurions pas agi plus mal encore que le criminel condamné à l'échafaud ? Il n'est pas de cas où nous ne puissions supposer que celui que nous rencontrons nous est peut-être moralement supérieur.

Ainsi l'humilité, corrélatif nécessaire du respect des personnes du seul fait que ce sont des personnes, est un devoir au même titre que ce respect lui-même. B.

Mais le respect da à toutes les personnes du seul fait de la nature humaine à laquelle elles participent ne constitue qu'un minimum dont il serait absurde d'interdire le dépassement sous prétexte d'égalité.

Notre attitude à l'égard des autres est naturellement commandée par ce que nous savons et pensons d'eux.

Il importe seulement, du point de vue moral, d'éviter les erreurs et les préventions, par suite d'être lent à condamner.

Si on fait aux agents de la justice un devoir de respecter les criminels qu'ils conduisent au supplice, c'est parce qu'ils doivent reconnaître en eux des hommes dont ils ignorent au fond' la vraie valeur morale et pour lesquels se présente peut-être l'occasion de racheter une vie criminelle.

Mais dans les cas de ce genre, respecter consiste essentiellement à se défendre de tout mépris. Or, dans bien des cas, loin d'être tentés de mépris, nous jugeons admirable la conduite de personnes qui nous sont bien; connues.

C'est évidemment d'après ce que nous savons d'elles que nous devons nous comporter à leur égard, ayant pour elles un respect bien plus grand. Ce n'est donc pas un respect égal que nous sommes tenus d'éprouver envers toutes les personnes. Mais cette inégalité n'est-elle pas blessante pour ceux qui ne reçoivent que le minimum ou guère plus ? Nous sommes ainsi ramenés à la question : » Toutes les personnes ont-elles droit à un égal respect ? » III.

- LE DROIT AU RESPECT A cette question nous répondrons en deux temps : toutes les personnes ont-elles droit au respect ? à un respect égal ? A.

Nous commençons pas ce second point pour lequel la réponse va de soi : puisque, comme nous venons de le reconnaître, nous devons éprouver un plus grand respect à l'égard des personnes plus méritantes, ces personnes ont, en un certain sens, droit à ce surplus de respect.

Il n'y a donc pas de droit à un respect égal.

Au contraire, le respect se mesurant, autant que possible, au mérite de chacun, l'inégalité des mérites entraîne de droit celle du respect. Sans doute, ceux dont les mérites sont médiocres peuvent souffrir d'être moins respectés.

Mais à qui la faute ? Plus à plaindre, il est vrai, ceux dont les mérites sont méconnus.

Mais doit-on, pour leur éviter une certaine humiliation, fermer les yeux aux mérites les plus éclatants et rendre universelle la méconnaissance dont ils sont victimes ? D'ailleurs ces récriminations supposeraient le droit de tous au respect.

N'y a-t-il pas à faire des réserves sur la prétention à ce droit ? B.

Droit et devoir étant couramment tenus pour corrélatifs,.

le devoir de respecter les personnes semble entraîner le droit.

de celles-ci au respect.

Mais avant d'adopter la conséquence, analysons le concept de droit.

Le droit détermine ce qu'il est légitime d'exiger.

Or on ne voit pas que l'exigence du respect tel que nous l'avons défini puisse être légitime.

Ce respect consiste en effet dans une attitude intérieure et par suite incontrôlable.

Parler de droit au respect, c'est donc se payer de mots.

D'ailleurs, prôner le droit des personnes au respect c'est les détourner de l'essentiel qui est, non pas d'être respecté, mais de mériter de l'être par sa fidélité au devoir.

De fait ,les exigences de respect dénotent plutôt un sens fort médiocre d'une authentique vie morale. Conclusion.

— Nous avons affirmé et nous réaffirmons le devoir de respecter toutes les personnes.

Nous accorderons même aux égalitaristes l'égalité de ce devoir dans tous les cas et vis-à-vis de toutes les personnes : le devoir de respecter le criminel est aussi strict que celui de respecter un saint.

Le saint n'en mérite pas moins un plus grand respect : l'égalité du devoir de respect n'entraîne pas l'égalité de ce respect. Nous ne pensons même pas qu'on puisse, dans' la rigueur des termes, parler d'un véritable droit au respect.

En parlant ainsi, nous pensons « devoir » tout en disant « droit » : nous n'avons pas l'idée que les personnes puissent intenter un recours en justice pour obtenir d'être respectées. >>>> SECONDE CORRECTION: http://www.devoir-de-philosophie.com/passup-corriges-19991.html. »

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