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« Tomber amoureux » ?

Extrait du document

« Termes du sujet: AMOUR: 1.

Sens courant : sentiment d'affection passionnée d'un être humain pour un autre.

2.

Sentiment de profond attachement (à un idéal moral, philosophique, religieux) impliquant don de soi et renoncement à son propre intérêt (exemple : l'amour de la justice). Problématique Le terme « amour » (du latin « amor » ) est employé dans des domaines tant multiples que différents: l'amour de la patrie, l'amour maternel, filial, l'amour passionnel, l'amour de Dieu, l'amour des jeux, du danger...

C'est donc toujours le même mot mais il ne qualifie pas la même chose, il est sans cesse différents.

Il qualifie dans tous les cas les sentiments qu'un individu conscient éprouve pour un objet, pour une idéalisation parfois de cet objet.

'amour de soi parait différent, on pense s'aimer pour ce qu'on est réellement cependant ne doit on pas émettre une distance entre la conscience ce qui aime et la conscience qui est aimée? Du terme amour, on a tiré un adjectif « amoureux » , l'amoureux est celui qui aime ou plutôt celui qui se met à aimer.

On ne naît pas amoureux mais on tombe amoureux.

Le verbe « tomber » marque-t-il donc une chute, une certaine déchéance? Pour Francesco Alberoni dans le choc amoureux, l'amour est une naissance : « Qu'est-ce que tomber amoureux ? C'est l'état naissant d'un mouvement collectif à deux ».

Tomber amoureux c'est éprouver au sens général un attachement exclusivement à une autre personne que soi même, c'est chuter de son statut d'amour de soi à celui d'amour de l'autre.

Cependant tomber amoureux et aimer n'est ce pas différent dans l'objet qu'il vise? Pourquoi attribue t on un sens différent à deux expression issues de la même racine substantive? 1.

Analyse des termes Expression bien ordinaire dont on ne voit guère ce qu'il y aurait à en dire, puisque, d'emblée, chacun la saisit en toute clarté! Pourtant...

tentons l'expérience en procédant minutieusement à son analyse, notant même au passage comment opère la réflexion. L'expression comporte deux mots.

S'il n'est pas difficile de voir que le second renvoie à l'amour – et là, assurément, la tentation est forte de «démarrer» sur tout ce qu'on aurait à dire à ce propos! –, en revanche, que dire d'un mot si commun que «tomber»? Va-t-il nous falloir être «inspiré» ou faire semblant de ne pas avoir vu le mot et nous concentrer ainsi à loisir sur l'amour? Ni l'un ni l'autre.

Affrontons le mot.

Quel (s) sens suggère-t-il? Pour plus de facilité, «se passer le film» mentalement de quelqu'un qui tombe, et noter les idées correspondantes, tout en gardant quelque liberté pour ne pas se laisser « enfermer dans le film». D'abord, dans le fait de tomber, c'est la soudaineté qui peut frapper.

Toutefois, parce que c'est «soudain», est-ce pour autant inattendu? – Recherche d'équivalences pour mieux démêler les idées – Il ne le semble pas: quelque chose peut être soudain tout en étant attendu.

On peut même s'y préparer, mais dans ce cas, il est vrai, pour une chute, on dira plutôt «sauter» dans le vide, en parachute, «à l'élastique », par la fenêtre...

Ce peut être attendu aussi pour l'enfant ou le malade qui vacillent, tout en gardant le mot, cette fois. Il faut donc convenir que la soudaineté est un caractère intéressant mais non suffisant: qu'y a-t-il de plus? Sans doute, un changement brusque de position auquel on ne s'attendait pas; de debout, on passe à couché sur le côté, le dos, ou à plat ventre : en fait, un peu n'importe comment, et non dans une position «travaillée».

On peut même – objection affinant la recherche – tomber alors qu'on était assis ou couché. Dès lors, à la lumière de tout ce qui précède, deux idées supplémentaires s'imposent : celle de ne pas «l'avoir fait exprès» – caractère donc involontaire – et celle d'être par terre, non seulement en position basse où la lourdeur de la pesanteur me tient figé, mais surtout à «mordre la poussière», mêlé à elle sans m'en distinguer.

On le voit, ce dernier élément semble directement mettre en question la noblesse même de l'homme : la station debout, position de maîtrise et de domination...

de soi et du reste ! Voyons maintenant comment fonctionne l'expression entière «tomber amoureux» en utilisant et complétant les trois caractères repérés. Ainsi, nous pouvons déjà considérer que l'expression familière «tomber amoureux» caractérise, sans en avoir l'air, le sentiment amoureux comme soudain et totalement involontaire – on n'est pas amoureux sur commande! –, à quoi s'ajoute ce caractère imprévisible: pas plus que je n'ai pu éviter cette mauvaise pierre du chemin qui m'a fait tomber à laquelle je ne m'attendais pas, pas plus ne me serais-je attendu à tomber amoureux de cette personne! – Notons ici le «pas pu» employé: fournit-il une idée de plus ou est-il synonyme d'imprévisible? Pour le savoir, remplaçons-le par son équivalent plus explicite : impossible.

Poursuivons alors la réflexion comme suit...

Et pas plus ne pouvais-je, semble-t-il, éviter ce sentiment : impossible d'y échapper! De quel ordre ici est cette sorte de nécessité? Est-elle simplement une synthèse des caractères retenus? En tous, à l'aspect imprévisible, involontaire et inévitable s'associe assez bien l'idée de quelque chose «comme» extérieur entraînant le phénomène : le chemin, la pierre, ma chaussure? Je ne sais pas! Et tomber amoureux: pourquoi maintenant? ici? de telle personne? Je ne sais pas ! Aspect difficilement explicable que d'aucuns qualifieront de fatalité ou de destin écrit dans le ciel des dieux...

alimentant par là, la veine tragique de ce qui, traditionnellement se dénomme la passion amoureuse. Qu'il s'agisse d'Anna Karénine, de Roméo et Juliette ou Phèdre, l'amour les saisit, et comme dans une chute en effet,. »

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