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Texte d'Epicure sur le plaisir et la vertu (Lettre à Ménécée)

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Texte d'Epicure sur le plaisir et la vertu (Lettre à Ménécée)
Nous disons que le plaisir est la fin de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs des hommes débauchés ni de ceux qui consistent dans la jouissance, comme l'imaginent certaines gens, mais nous entendons le plaisir comme l'absence de douleur pour le corps, l'absence de trouble pour l'âme. Car ce ne sont ni des beuveries et des festins à n'en plus finir, ni la jouissance de jeunes garçons ou de femmes, ni la dégustation de poissons et de bonne chère que comporte une table somptueuse, qui engendrent la vie heureuse, mais c'est un entendement sobre et sage, qui sache rechercher les causes de tout choix et de toute aversion et chasser les opinions fausses, d'où provient pour la plus grande part le trouble qui saisit les âmes. Or le principe de tout cela, et par conséquent le plus grand bien, c'est la prudence. Et voilà pourquoi la prudence est une chose plus précieuse que la philosophie elle-même ; car c'est elle qui donne naissance à toutes les autres vertus, en nous enseignant qu'il est impossible de vivre heureusement sans vivre avec prudence, honnêteté et justice, comme il est impossible de vivre avec prudence, honnêteté et justice sans vivre par là même heureusement. Epicure
Quelle est l'idée générale du texte? Épicure nous dessine le noyau d'une sagesse pratique fondée sur le plaisir, fin de l'action et de la vie. Mais non point de n'importe quel plaisir. Celui que conçoit Épicure est stable, envisagé comme un repos, lié à une prudence et à un calcul rationnel. Dans la mesure où Epicure nous assure dans ce texte que la sagesse pratique est plus précieuse que la philosophie, on peut dire que le problème posé (ou un des problèmes posés) par ces lignes est celui de savoir s'il y a primauté de la réflexion spéculative ou de la sagesse pratique. Ce texte se divise en trois parties : 1. Nous disons... trouble pour l'âme; 2. Car ce ne sont... qui saisit les âmes; 3. Or le principe... heureusement.


« Texte d'Epicure sur le plaisir et la vertu (Lettre à Ménécée) Nous disons que le plaisir est la fin de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs des hommes débauchés ni de ceux qui consistent dans la jouissance, comme l'imaginent certaines gens, mais nous entendons le plaisir comme l'absence de douleur pour le corps, l'absence de trouble pour l'âme.

Car ce ne sont ni des beuveries et des festins à n'en plus finir, ni la jouissance de jeunes garçons ou de femmes, ni la dégustation de poissons et de bonne chère que comporte une table somptueuse, qui engendrent la vie heureuse, mais c'est un entendement sobre et sage, qui sache rechercher les causes de tout choix et de toute aversion et chasser les opinions fausses, d'où provient pour la plus grande part le trouble qui saisit les âmes.

Or le principe de tout cela, et par conséquent le plus grand bien, c'est la prudence.

Et voilà pourquoi la prudence est une chose plus précieuse que la philosophie elle-même ; car c'est elle qui donne naissance à toutes les autres vertus, en nous enseignant qu'il est impossible de vivre heureusement sans vivre avec prudence, honnêteté et justice, comme il est impossible de vivre avec prudence, honnêteté et justice sans vivre par là même heureusement.

Epicure Introduction Quelle est l'idée générale du texte? Épicure nous dessine le noyau d'une sagesse pratique fondée sur le plaisir, fin de l'action et de la vie.

Mais non point de n'importe quel plaisir.

Celui que conçoit Épicure est stable, envisagé comme un repos, lié à une prudence et à un calcul rationnel. Dans la mesure où Epicure nous assure dans ce texte que la sagesse pratique est plus précieuse que la philosophie, on peut dire que le problème posé (ou un des problèmes posés) par ces lignes est celui de savoir s'il y a primauté de la réflexion spéculative ou de la sagesse pratique. Ce texte se divise en trois parties : 1.

Nous disons...

trouble pour l'âme; 2.

Car ce ne sont...

qui saisit les âmes; 3. Or le principe...

heureusement. A) Première partie : Nous disons...

pour L'âme. Le plaisir peut être défini comme un état affectif agréable.

Signe que la tendance se satisfait, lié au besoin, il est d'ordre sensible et apparaît comme le phénomène qui vient parfaire la tendance lorsqu'elle atteint son objet.

J'ai soif et je bois : ici se manifeste le plaisir, qui vient parachever l'accomplissement de mon besoin.

On le distingue traditionnellement de la joie, qui se donne dans le temps alors qu'il est, au contraire, de l'ordre de l'instant. Or, que nous dit Épicure, en ces lignes? Tout d'abord que la satisfaction sensible est la fin, c'est-à-dire le but vers lequel tend notre existence, celui que cherche à réaliser la morale.

Ainsi l'état affectif agréable finalise notre être dans le monde et notre sagesse pratique.

C'est généralement à cette proposition que l'on réduit tout le contenu de l'épicurisme, comme si la satisfaction d'ordre sensible était l'unique matériau de la morale d'Épicure (« le troupeau d'Épicure! dit-on).

En fait, dans ce premier paragraphe et dans toute la suite du texte, Epicure souligne que le plaisir véritable, celui qui s'intègre dans une sagesse, ce n'est point n'importe quel plaisir mais bien un type particulier de cet état affectif.

Si la sagesse d'Épicure est philosophie du plaisir (« un «hédonisme»), il n'en résulte pas que tout plaisir soit souhaitable.

Les plaisirs des êtres débauchés, c'est-à-dire détournés de la sphère de la morale et voués à l'inconduite, sont exclus, tout comme est répudiée la jouissance en tant que telle.

Il y a dans l'idée de jouissance une idée de délice, de bien-être, de volupté.

Ainsi parle-t-on des jouissances de l'âme ou de l'esprit, mais aussi des jouissances des sens.

Or, tout ceci - quoiqu'en disent certains - est rigoureusement exclu de la morale d'Épicure. L'expression même (comme l'imaginent certaines gens) tend à montrer que l'épicurisme fut l'objet d'attaques et de critiques assez vives dès l'Antiquité.

Donc ce n'est qu'un certain modèle de plaisir qu'Épicure maintient dans l'éthique.

En ce qui concerne le corps, c'est l'élimination de la souffrance physique qui importe et, en ce qui concerne l'âme, l'absence d'agitation.

Ainsi c'est une absence, c'est-à-dire le fait de ne pas exister, qui donne son sens au vrai plaisir.

Le plaisir d'Épicure est une suspension de la souffrance du corps et de l'agitation de l'âme. Quand le corps demande à être délivré de la faim et de la soif, alors le besoin satisfait, se produit le plaisir.

C'est un plaisir « pour ascètes », une absence, une suspension de douleur ou d'inquiétude, une élimination de ce qui est pénible.

Ainsi le corps (l'organisme humain) ou l'âme (le principe de la sensibilité ou de la pensée), échappant à la souffrance, connaissent, non point la jouissance (en ce qu'elle a de mobile, de violent...) mais le plaisir immobile comme pure suspension de la douleur.

L'ataraxie, l'absence de trouble, voilà le plaisir. Mais ce plaisir/suspension de la douleur, on ne conçoit pas encore son principe.

Si Épicure nous dit qu'il est la fin de la vie, il faut bien voir en quel sens.

Dans ce premier paragraphe, Épicure, expliquant la nature du plaisir vrai, répond à ses adversaires.

Pour bien apporter réponse et réplique à leur procès, il faut aller encore beaucoup plus loin dans l'analyse. B) Deuxième partie : Car ce ne sont...

qui saisit les âmes. D'où vient le principe même de la morale? Nous ne le savons pas encore.

Épicure nous a dit, dans le premier paragraphe, que si le plaisir est la fin de la vie et de l'éthique, ce n'est point n'importe quel plaisir qui doit être envisagé, mais bien un plaisir (stable) résultant de la cessation de toute douleur ou agitation. Dans ce deuxième paragraphe, l'analyse d'Epicure progresse dans la recherche du principe de détermination non sensible de notre existence.

L'analyse des exemples tend à nous montrer qu'il faut dépasser la sphère des plaisirs mobiles et variables à l'infini.

Les « beuveries » sont, en effet, des parties de plaisir où l'on boit beaucoup.

Beuveries et banquets somptueux apportant des jouissances indéfinies, délices illimités de la chair ou des mets, ne peuvent engendrer aucun bonheur, conçu comme état stable et en repos de l'individu réconcilié avec lui-même.

Donc la vie heureuse (le bonheur) ne peut sortir de l'illimitation, des variations à l'infini des plaisirs.

Ce n'est pas l'illimité qui. »

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