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Suis-je un ou plusieurs?

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« Analyse du sujet : - - La question, prise littéralement, semble absurde : en effet, si je dis « je », c'est que je parle de moi, or, je ne peux être à la fois moi et quelqu'un d'autre. Toutefois, il faut accepter le jeu de l'intitulé et tâcher de prendre au sérieux la question : qu'est-ce que cela signifierait que de dire « je suis plusieurs » ? Ce ne peut être, de toute évidence, que je sois à la fois « Jules », « Marie » et « Médor ».

Cela voudrait plutôt dire, par exemple, que j'ai plusieurs personnalités. On a d'ailleurs tous déjà entendu dire que quelqu'un qu'il « n'est plus le même homme » lorsqu'il est mis dans certaines situations particulières. Si « ce n'est plus le même homme », ce n'est peut-être pas parce qu'il est devenu autre, mais parce qu'il a toujours eu une personnalité multiple, et que c'est un trait bien particulier de cette personnalité qui s'exprime alors. On devrait alors considérer que « être plusieurs », cela signifie qu'on est doué de diverses personnalités, et que celles-ci s'expriment tour à tour selon les circonstances. Toutefois, une telle supposition pose problème, car si tel était le cas, qu'est-ce qui nous permettrait encore de croire que nous possédons un moi et une identité propre ? Pour que tel soit le cas, ne faudrait-il pas que quelque chose subsiste en nous, qui permette que nous soyons toujours le même en dépit de nos changements ? Problématisation : Affirmer que « je suis un » semble bien légitime, et néanmoins fort problématique : car cela signifie-t-il que je suis toujours le même qu'il y a dix ans ? Par ailleurs, affirmer que « je suis plusieurs » c'est renier le sens même du terme « je » : car à quoi se réfère encore ce « je » s'il n'incarne plus une identité mais plutôt une pluralité d'individus ? Il faudrait ainsi trouver un élément auquel raccrocher ce « je », un élément qui permette de considérer qu'en dépit de toutes ces velléités variées qui s'expriment en moi, il existe bien toujours un moi.

Mais cela relance alors le problème : quel crédit accorder à un tel moi si l'expérience le contredit ? Proposition de plan : 1.

L'idée d'une unité de l'âme. - - - - - - - Après avoir douté de tout ce qui lui parvenait à l'esprit, le philosophe Descartes en arrive à poser le célèbre cogito, qu'on résume généralement par la formule latine « cogito ergo sum » qui signifie « je pense donc je suis.

» Ce cogito se déduit de l'idée selon laquelle si l'on peut douter de tout, on ne peut douter du fait que l'on doute, et que cette chose qui doute, c'est nous-mêmes.

Il en découle d'après Descartes que « cette proposition : Je suis, j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit.

» (Méditations métaphysiques, deuxième méditation). Descartes affirme ensuite que tout être humain est avant tout « une chose qui pense, c'està-dire un esprit, un entendement ou une raison » (Méditations métaphysiques, deuxième méditation), or la raison est par définition quelque chose d'unique.

Il ne peut y avoir plusieurs raisons.

On peut certes user mal de la raison et aboutir à des résultats différents, mais la raison en tant que telle est une et indivisible. Par suite, on peut en déduire que, si l'être humain est une raison et que la raison est une, l'être humain est toujours un.

L'impression que nous aurions d'être différents d'un moment à un autre ne correspond en fait qu'à différents modes de notre être.

Notre être intime ne changerait pas, ce ne sont que ses propriétés qui se modifieraient en fonction des circonstances extérieures. La colère ne changerait ainsi pas notre être, elle ne nous transformerait pas en quelqu'un d'autre, comme si plusieurs âmes nous habitaient et qu'elles s'exprimaient chacune à leur tour.

La colère ne serait qu'une propriété possible parmi d'autres de notre âme qui reste toujours une et indivisible. Dans cette perspective, on pourrait donc affirmer « je suis un » et considérer que les différents aspects de nous-mêmes qui affleurent parfois ne sont en réalité que des aspects superficiels de notre être. Toutefois, cette démonstration s'appuie entièrement sur le cogito par lequel Descartes en infère une unité de l'âme, or cette conception résiste-t-elle à toutes les critiques ? 2.

L'unité n'est qu'illusion, car je suis changeant. - L'unité de l'âme est effectivement un concept extrêmement problématique, car s'il peut être supposé et déduit spéculativement, il semble impossible d'en faire l'expérience. En effet, comment pourrions-nous faire l'expérience d'un moi unitaire, indivisible et constant, puisque tous les instants que nous vivons nous ramène à la diversité de nos perceptions ? « Douleur et plaisir, chagrin et joie, passions et sensations se succèdent les uns aux autres, et ils n'existent jamais tous en même temps.

Ce ne peut donc être d'aucune de ces impressions ni d'aucune autre que l'idée du moi est dérivée, et, par conséquent, une telle idée n'existe pas ». »

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