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Suffit-il d'être doué pour être artiste ?

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« POUR DÉMARRER Est-ce assez d'avoir des dispositions naturelles et des aptitudes innées, un génie » naturel pour être artiste, c'est-à-dire producteur d'une oeuvre d'art, ensemble de signes et de matériaux mis en forme par un esprit créateur et suscitant un plaisir désintéressé ? L'art est-il, au fond, synonyme de dons, de savoir-faire inné et de production géniale ? CONSEILS PRATIQUES Q uel est le sens de la création artistique ? Prenez en compte l'aspect de production géniale » (cf.

Kant) mais aussi le travail et la technique, l'application et le métier, valorisés par Nietzsche, en particulier.

Ne faut-il pas faire descendre talent et génie de leur piédestal ? N'oubliez pas, cependant, que si le génie crée des oeuvres originales, celles-ci doivent également rencontrer l'adhésion des amateurs d'art, c'est-à-dire exprimer réellement la nature humaine universelle.

A ce moment, l'artiste réel se manifeste, au point de convergence d'un don original et d'un besoin universel de l'humanité. BIBLIOGRAPHIE K A NT, C ritique de la faculté de juger, V rin ou Folio Essais-Gallimard. N I E T Z S C HE, Humain, trop humain, NRF-Gallimard. I - QUELLE ANALYSE DU SUJET ? C e sujet s'inscrit dans une problématique classique, celle des conditions de la création artistique. M ais on peut lui joindre une réflexion sur la nature de la sensibilité artistique, ce qui conduit à une définition de l'artiste dans sa singularité par rapport aux autres hommes. II - UNE DÉMARCHE POSSIBLE. A .

LA C O N D I T I O N D E L ' A R T I S T E Les lieux communs sur l'artiste. Évitez de tomber dans la mythologie de l'artiste : génial, libre sous tous rapports, « créant » sous le coup de l'inspiration, puis reprenant aussitôt une vie nonchalante et bohème. La réalité de la condition de l'artiste. Les grands artistes ont presque toujours fait preuve : a) d'un travail acharné — parfois pressés par des commandes qui leur permettaient de subsister, sinon contraints par un puissant (cf.

Michel-A nge, retenu à Rome par le pape Jules II et peignant le plafond de la chapelle Sixtine, 1609/1611); b) d'un intérêt pour les œuvres de leurs prédécesseurs (les jeunes peintres s'exercent à reproduire les tableaux des grands maîtres) avant de se forger un style.

C 'est en ce sens qu'il faut comprendre la formule de Malraux : « De même qu'un musicien aime la musique et non les rossignols, un poète des vers et non des couchers de soleil, un peintre n'est pas d'abord un homme qui aime les figures et les paysages.

C 'est un homme qui aime les tableaux » (Les V oix du silence); c) d'un acharnement à acquérir non seulement une culture artistique mais aussi la maîtrise d'un ensemble de techniques (ex.

: la gravure a burin ne pose pas les mêmes problèmes que l'eau-forte, etc.). Le statut social de l'artiste. I l a évolué (on parle de création; du divin Michel-A nge; etc.), alors qu les sculpteurs des cathédrales médiévales étaient traités comme de simple compagnons ou artisans. Le rapport de l'art et de la religion. L'art s'est dégagé de la tutelle de la théologie, qu'il s'était borné à illustre jusque-là (on dit que la cathédrale fut, avec ses vitraux et ses figures, un véritable Bible de pierre — et de verre — pour le peuple illettré) : avar l'artiste moderne qui peut choisir de ne rechercher que la beauté dans son œuvre (= l'art pour l'art), il y eut donc des foules d'« artistes pour qv l'idée même de l'art n'existait pas » (Malraux, La M étamorphose de dieux, 1957). B - LE DO N ET LE TRA V A I L Le don est une disposition positive à la réalisation de certaines activités. Il s'agit d'un élément inné mais son exploitation nécessite une mise en pratique, un entraînement, faute de quoi il demeure une virtualité, une capacité embryonnaire. Sous cet angle, le don n'est jamais suffisant quelle que soit l'activité considérée. Le travail et l'apprentissage des règles d'une technique sont des composantes indispensables et que le don, quel que soit son degré, ne remplace jamais. D'ailleurs le danger inhérent a un don trop prononcé est d'inciter à la facilité, à des succès médiocres, à des réussites intermédiaires. Il est vrai qu'une conception répandue met l'accent sur le don dans la création artistique, au détriment de l'apprentissage et du travail. M ais cette méconnaissance et cette simplification du parcours artistique ne résistent pas à l'analyse. C - LA Q U Ê T E D ' U N I D É A L Le don est nécessaire et non suffisant : le génie requiert de la patience, une fréquentation des artistes du passé et une exigence de qualité, une ambition sans laquelle l'art n'aboutit qu'à des réalisations de faible envergure. Une éthique de l'art sous-tend le travail des grands artistes et les guide vers des sommets inaccessibles aux artistes mineurs. Le génie est aussi subordonné à une maîtrise technique, qui n'implique pas nécessairement la virtuosité mais une connaissance approfondie des moyens de réaliser l'idée qui est à la base de la création. D - LA S I N G U L A R I T É DE L'A R T I S T E Enfin, si le don ne suffit pas, c'est aussi parce que l'artiste authentique se caractérise par une certaine sensibilité, une relation originale à la réalité qui sont le résultat d'une histoire personnelle, non réductible au don ou à la technique. Il n'y a pas d'art sans un état d'esprit opposé à l'utilitarisme dominant, une recherche de la beauté qui distingue l'artiste du commun des mortels et lui confère un statut social et psychologique à part. III - LES RÉFÉRENCES UTILES. Kant : C ritique de la faculté de juger. Hegel : Esthétique. Francastel : A rt et société. IV - LES FAUSSES PISTES. O ublier de donner des exemples d'oeuvres d'art. Se concentrer sur les exemples au détriment de la réflexion générale. Négliger de saisir les différentes composantes de la création artistique.. »

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