Aide en Philo

Suffit-il d'être différent des autres pour être soi-même ?

Extrait du document

« VOCABULAIRE: AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.

2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas moi.

3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est pas moi (alter)." (Sartre).

Les autres hommes, mon prochain.

C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un moi autre, une personne). Lacan, après Freud, a raillé le « narcissisme des petites différences », cette recherche à tout prix de la singularisation.

Mais la différenciation entre les hommes n'est-elle pas un facteur indispensable de la construction de leur identité personnelle ? 1) Selon Hegel, l'être humain est, fondamentalement, désir de reconnaissance : il désire être reconnu par les autres comme différent, et c'est là le fondement de son individualité.

Celle-ci n'est donc pas donnée d'emblée, mais elle constitue l'aboutissement d'un processus de différenciation par lequel l'homme se distingue de l'animal (Kojève), puis de l'autre homme.

L'identité personnelle n'existe pas au sens fort du terme : l'homme n'est que relation. (Cf.

Hegel et Sartre) 2) Selon Laruelle, l'homme est, au contraire, d'abord Un ou individu en lui-même : a) le rapport à un Autre est un rapport « non-thétique », ce qui signifie que l'Autre n'est pas posé (« thèse »), ou donné à la conscience comme quelque chose qui pourrait déterminer l'Un, ou individu, « de l'extérieur ». b) La relation de l'Un — c'est-à-dire de chacun de nous — à l'Autre est « unilatérale », au sens où, à la limite, chacun pourrait exister sans Autre. c) La différence n'est donc nullement, ici, le fondement de l'identité : au contraire, celle-ci est « absolue ». 3) a) Pour le psychanalyste Lacan, le désir de reconnaissance — qui pose la différence comme constitutive de l'humain — est une forme de l'identification, mécanisme toujours plus ou moins pathologique. b) Lacan dit même un tel désir (a) hystérique, le désir dit « hystérique » étant précisément — pour lui — le « désir du désir » de l'Autre, selon la formulation que donne, du désir de reconnaissance hégélien, son maître Kojève.

Il en résulte, selon Lacan, qu'Hegel lui-même n'est qu'un « hystérique sublime ». c) S'il y a, pour le psychanalyste français, un désir de l'Autre en l'homme — désir qui compromet, comme l'ont vu Hegel et Kojève, son identité radicale — c'est le désir de l'inconscient en lui.

Le désir de l'homme est donc bien « désir de l'Autre » : mais l'Autre (avec un grand A) n'est pas ici l'autre homme (comme par exemple pour Levinas et les penseurs de l'éthique). « La conscience de soi est certaine de soi-même, seulement par la suppression de cet autre qui se présente à elle comme vie indépendante.

» HEGEL Qu'autrui existe semble être pour la pensée contemporaine une évidence. Pourtant, l'idée d'un isolement de la conscience a longtemps persisté.

C ‘est, sans doute, parce que l'esprit des philosophes était obsédé par le problème de la recherche de la vérité.

D'où l'opposition entre, d'un côté, le sujet connaissant et, de l'autre, le monde à connaître.

Dans cette confrontation, la présence d'un tiers, à l'exception de Dieu, était exclue. Le thème de l'altérité apparaît chez Kant dans ses considérations sur la moralité, mais surtout chez Hegel dans « La phénoménologie de l'esprit ».

C'est dans cet ouvrage – où Hegel décrit le mouvement dialectique de la conscience, depuis la naïveté première de la « certitude sensible » jusqu'à l'universalité du « savoir absolu », ultime moment où la conscience prend conscience de sa liberté – que se trouve la fameuse dialectique du maître & de l'esclave.

On peut y lire : « La conscience de soi est certaine de soimême, seulement par la suppression de cet Autre qui se présente à elle comme vie indépendante ; elle est désir.

» La conscience, dans son rapport immédiat avec elle-même, n'est que l'identité vide du Je = Je, une tautologie sans contenu.

Toute conscience rencontre autrui, l'Autre, une autre conscience de soi.

Il n'y a, en fait, de véritable conscience de soi que moyennant le retour à soi à partir de cet « être-autre ».

Autrement dit, la conscience de soi serait impossible dans un monde où autrui n'existerait pas. Si la conscience est mouvement et retour à soi-même à partir de l'être autre, elle ne peut d'abord l'être que par la négation de l'autre.

Autrement dit, la relation à autrui se présente d'emblée comme une affaire de conflit.

Le « moi. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓