Aide en Philo

Suffit-il d'être dans le présent pour vivre le présent ?

Extrait du document

« Définition des termes du sujet: PRÉSENT: Comme nom, instant de séparation entre le passé qui n'est plus et le futur qui n'est pas encore. Comme adjectif, ce qui trouve hic et nunc, s'oppose à absent. Introduction Avoir conscience de vivre, c'est savoir que l'on est.

Cet être entretient nécessairement des relations avec les choses qui constituent le monde présent : il est contemporain de ce qui existe autour de lui et de ce qui survient. Cela suffit-il pour qu'il vive authentiquement le présent ? Vivre le présent implique une conscience capable de saisir le sens du monde — qui ne se limite pas à une simple coprésence.

Passer de cette dernière à la saisie d'un sens suppose un mouvement qui met le présent comme à distance, et passe d'une passivité relativement au monde à la quête active d'une signification. 1 - L'être au présent A.

La coprésence Je suis présent au monde et, réciproquement, le monde m'est présent : c'est parce que suis là que le monde est autour de moi, et pour moi.

C'est par exemple ce que suggèrent mes perceptions, pour peu que je leur fasse confiance (mais c'est bien ce que je fais quotidiennement).

Je peux me sentir vivre, et énumérer ce qui m'entoure, et si je ferme les yeux, je sais que le monde me demeure coprésent. B.

L'être animal Bien qu'il ne puisse comme moi nommer les éléments de son milieu, l'animal les « connaît » à sa manière : il est informé des dangers éventuels, de l'emplacement d'une proie, de la course à effectuer pour l'atteindre, etc.

Ses actions sont des réactions à ce qui l'entoure ou aux besoins de son organisme, et elles ne peuvent être différées : l'animal est dans le présent au sens où il n'existe que relativement à ce qui lui est coprésent. C.

La différence humaine Il est en fait très rare que je sois « dans le présent », si l'on donne à cette expression un sens strict : que je sois entièrement soumis à ce qui est là en même temps que moi, et que cela me détermine intégralement.

Pour l'être humain, la conscience d'être au présent est mêlée de souvenirs, même vagues, et de prévisions, même imprécises : la temporalité est composée de trois instances qui sont en fait peu dissociables. II — Vivre le présent A.

L'oubli du présent Pascal souligne justement à quel point l'homme est en permanence tenté d'échapper au présent, soit qu'il évoque un passé paraissant plus satisfaisant, soit qu'il craigne ou au contraire désire ce qui peut advenir ensuite.

Être authentiquement dans le présent implique en effet une sorte de passivité relativement à ce qui est là, et cette passivité semble peu compatible avec la nature même de la conscience.

Ce qui, pour Pascal, signale une fuite, une ignorance plus ou moins volontaire de notre condition, peut également témoigner de notre incapacité à n'être que dans le présent. B.

La perte de certains plaisirs L'épicurisme tardif — celui d'Horace — nous invite pourtant à jouir du présent et de ce qu'il nous offre en fait de plaisirs : carpe diem.

Reste à savoir si devenir ainsi un « pourceau d'Épicure » peut satisfaire toutes nos attentes. Sans qu'il soit même besoin d'objecter à cette solution que le corps n'est pas tout pour nous, c'est par rapport à notre conscience du temps et à nos exigences intellectuelles qu'elle paraît décevante : que peut valoir une existence seulement déterminée par le présent ? C.

Connaître le présent L'existence ne peut valoir quelque chose que si, au lieu de subir le présent passivement, elle entreprend de le connaître.

Ce qui suppose qu'elle n'y soit plus simplement engluée, qu'elle prenne un certain recul par rapport à ce présent, pour le décrire, l'apprécier, le juger.

Dès lors, elle n'est plus simplement dans le présent, mais, au moins, alternativement dans le présent et en dehors de lui.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles