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Si tout est déterminé, sommes-nous encore responsables de nos actes ?

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« Définition des termes du sujet Être responsable de nos actes, c'est, étymologiquement, pouvoir en répondre, c'est-à-dire pouvoir les justifier, en rendre raison, montrer en quoi ils sont fondés et justes.

En un sens plus large et plus courant, être responsable c'est assumer le fait que certaines choses relèvent et dépendent de nous, et c'est nous occuper comme il convient de ces choses.

La relation de responsabilité de nos actes est donc à comprendre dans un sens double : comme une relation à une chose consistant à l'assumer et à la justifier par la raison (comme lorsqu'on dit que l'on est responsable devant la loi), et comme un souci, une préoccupation (comme des parents sont responsables de leurs enfants). La question ici est de savoir ce qu'il reste de cette relation, comme le montre l'emploi du mot « encore », si l'on considère que « tout est déterminé ».

Déterminer une chose, c'est l'orienter d'une certaine manière, la conditionner, lui donner éventuellement des règles et l'empêcher de fonctionner autrement que selon ces règles.

Cela peut avoir un sens très fort, comme dans le mot « déterminisme » par exemple : un système totalement déterministe peut être un système dans lequel on n'a aucune marge de manoeuvre, dans lequel tout comportement est prédéterminé par certaines règles.

On pourrait alors avoir l'impression que ce sont les règles qui agissent à notre place : c'est l'enjeu du sujet. Qu'implique la croyance que tout est déterminé (par exemple la croyance en un certain type de déterminisme, en un certain type de destin ?) Faut-il s'en remettre à ce destin, à ce déterminisme, et considérer que nous pouvons faire taire notre liberté, notre capacité à décider rationnellement de nos actes, et affirmer finalement que nous en sommes responsables de rien ? Le problème ici est à la fois métaphysique (qu'en est-il de notre liberté et de l'existence d'un déterminisme) et moral (le déterminisme peut-il justifier l'irresponsabilité ?).

C'est un problème difficile et classique, qui peut admettre de multiples traitements.

Il faudra en dégager tous les aspects pour éventuellement trancher la question.

Ou bien l'on considère que nos déterminations agissent à notre place et que cela constitue une raison pour affirmer que nous n'y sommes pour rien (et dans ce cas il faudra trouver des fondements solides à cette affirmation) ; ou bien l'on conçoit une forme de liberté et de responsabilité persistant malgré les déterminismes, pour refuser l'idée d'une déresponsabilisation et à dénoncer la faiblesse d'une telle position. Éléments pour le développement * L'idée d'une coexistence entre déterminisme et responsabilité Machiavel, Le Prince « Je n'ignore pas cette croyance fort répandue : les affaires de ce monde sont gouvernées par la fortune et par Dieu ; les hommes ne peuvent rien y changer, si grande soit leur sagesse ; il n'existe même aucune sorte de remède ; par conséquent il est tout à fait inutile de suer sang et eau à vouloir les corriger, et il vaut mieux s'abandonner au sort.

Opinion qui a gagné du poids en notre temps, à cause des grands bouleversements auxquels on assiste chaque jour, et que nul n'aurait jamais pu prévoir.

Si bien qu'en y réfléchissant moi-même, il m'arrive parfois de l'accepter.

Cependant, comme notre libre arbitre ne peut disparaître, j'en viens à croire que la fortune est maîtresse de la moitié de nos actions, mais qu'elle nous abandonne à peu près l'autre moitié.

Je la vois pareille à une rivière torrentueuse qui dans sa fureur inonde les plaines, emporte les arbres et les maisons, arrache la terre d'un côté, la dépose de l'autre ; chacun fuit devant elle, chacun cède à son assaut, sans pouvoir dresser aucun obstacle.

Et bien que sa nature soit telle, il n'empêche que les hommes, le calme revenu, peuvent prendre certaines dispositions, construire des digues et des remparts ; en sorte que la nouvelle crue s'évacuera par un canal ou causera des ravages moindres.

Il en est de même de la fortune : elle fait la démonstration de sa puissance là où aucune vertu ne s'est préparée à lui résister ; elle tourne ses assauts où elle sait que nul obstacle n'a été construit pour lui tenir tête.

» NB.

La fortune ici désigne le sort, le destin. Une première piste peut consister à évaluer les pouvoirs respectifs du déterminisme et de la responsabilité : si l'on aboutit à l'idée d'une coexistence de ces deux instances, et donc à l'idée d'un état dans lequel l'une ne supprime pas l'autre, il apparaît rapidement que la formulation du sujet, qui parle d'une invalidation de la responsabilité par le déterminisme, est réductrice. * Le déterminisme comme paresse de la responsabilité Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience « Nous accorderons d'ailleurs au déterminisme que nous abdiquons souvent notre liberté dans des circonstances plus graves, et que par inertie ou mollesse.

nous laissons ce même processus local s'accomplir alors que notre personnalité tout entière devrait pour ainsi dire vibrer.

Quand nos amis les plus sûrs s'accordent à nous conseiller un acte important, les sentiments qu'ils expriment avec tant d'insistance viennent se poser à la surface de notre moi,. »

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