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Se sentir obligé, est-ce renoncer à sa liberté ?

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« POUR DÉMARRER Se sentir destiné au devoir et à la loi morale, c'est-à-dire obligé, est-ce se dépouiller de sa possibilité de choix ? Tel est le sens de ce sujet très classique, qui vous interroge sur le devoir dans ses relations avec la liberté. CONSEILS PRATIQUES Réfléchissez sur l'impératif et le devoir.

Qu'y a-t-il dans ces mots ? Non point la stricte nécessité, mais la liberté. L'obligation est distincte de cette nécessité.

Se sentir obligé, c'est être autonome.

(cf.

Kant) BIBLIOGRAPHIE KANT, Critique de la raison pratique, PUF. Fondements de la métaphysique des moeurs, Delagrave. Être contraint et s'obliger, est-ce la même chose ? Kant, dans la Critique de la raison pratique, première partie, oppose une action dont la cause est la passion (l'amoureux qui cède à son penchant au plaisir) à une action dont la cause est le devoir ou la conscience morale.

Il s'agit de comprendre en quoi ces deux types d'action obéissent à des lois complètement différentes.

Il faut cerner la spécificité de chacune d'entre elles.

Si la personne agit par devoir, le motif de l'action est le devoir luimême.

On dira qu'elle a agi par obligation.

Elle est autonome, c'est-à-dire qu'elle a agi en fonction d'une règle qu'elle s'est donnée à elle-même. Autrement dit, elle est libre puisqu'en agissant par devoir, elle ne fait que s'obliger elle-même, elle obéit à sa raison, à ce qui est universel en elle, valable pour tous.

Dans l'action morale, la cause de l'action, c'est la raison. Dans l'action morale authentique, la seule cause de l'action est le devoir (ou la raison), par opposition aux actions qui mettent en jeu un intérêt.

Si la personne est contrainte, par exemple par la passion, elle a été forcée, et n'est plus ni libre, ni raisonnable, ni autonome.

La contrainte est toujours sensible, ou "sensuelle" comme dans le cas de la passion ; c'est ce que Kant appelle "l'hérétonomie" : accepter une contrainte qui relève du sensible, c'est se placer sous le commandement d'autre chose que soi-même.

Soi-même, c'est la raison.

S'obliger ce n'est pas être passif; c'est un verbe réflexif, qui renvoie à une action (et non une passion) de la raison. Lorsqu'une avalanche se produit dans une zone à risque, nous disons : « cela devait arriver ».

Le verbe devoir, ici, indique que l'on pouvait prévoir sa survenue.

Les lois de la nature sont telles que, dans certaines conditions, un phénomène en entraîne nécessairement un autre. Mais si l'on dit « par conséquent, on ne doit pas skier à cet endroit », « devoir » prend un sens tout autre.

Une obligation est exprimée, distincte de la contrainte de la loi naturelle.

Or, il est toujours possible de désobéir à une obligation, pas à une contrainte.

En effet, dans toute forme de devoir, est supposée la liberté de ne pas s y plier Néanmoins, la société, par le conditionnement qu'elle provoque, n'impose-t-elle pas des devoirs de façon contraignante ? Devoir et obligations sociales. Dans la nature, les limites sont celles du nécessaire, de l'impossible et du possible.

En revanche, dans toute culture il est question de prescrit, d'interdit et de permis, qui dessinent le cadre de ce qui peut être en fonction de ce qui doit être.

L'homme élabore des règles et des valeurs qui instaurent et garantissent l'ordre social à partir de ces critères du devoir-être.

Ainsi, un enfant intègre, à sa façon de penser et d'agir, des valeurs qui le déterminent sans qu'il en ait conscience et qu'il l'ait voulu, choisi.

De même, aux fonctions sociales sont attachés des charges et devoirs qui s'inscrivent dans le comportement des individus qui les occupent.

L'enfant « fait ses devoirs », le fonctionnaire est tenu à un « devoir de réserve » et le soldat « accomplit son devoir » en obéissant à un ordre. Mais alors, les obligations sociales ne sont-elles pas avant tout imposées comme des contraintes ? Le conditionnement social en est un exemple. Cependant, par sa volonté, l'homme peut se libérer de l'emprise étouffante de contraintes sociales excessives. L'homme peut remplir ses devoirs sans pour autant en être prisonnier.

Mais, du même coup, se repose la question de l'obéissance à des devoirs sans lesquels une société ne pourrait faire corps.

En effet, la simple possibilité de désobéissance à une obligation conduit, par réalisme, à penser la nécessité d'une contrainte réglée en vue de l'ordre social. Devoir civique et contrainte.. »

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