SE MEFIER DE LA VERITE

« Se méfier de la vérité. On vous pose ici, de manière certes cavalière dans ses formes, la question suivante : Que veut dire « Se méfier de la vérité ? » Il faut alors faire preuve de curiosité.

Si celle-ci n’est pas naturelle (il y a des gens qui ne sont pas curieux), il faut la simuler.

Elle deviendra, avec le travail, un réflexe naturel. Doivent en découler les questions suivantes : Y a-t-il lieu de « se méfier de la vérité » ? Pourquoi se méfier de la vérité ? Qu’en pensez-vous à titre personnel ? Ces questions ne sont que des préliminaires à la problématisation car elles sont la réaction recherchée par la « provocation » du sujet qui se refuse à poser question. Ce sont les réponses, ou bribes de réponses, à ces questions qui vont nous permettre de saisir le problème que pose le sujet : « Se méfier de la vérité.

».

Si je vous disais « Méfiez-vous de vos parents ! » Votre première question serait « Pourquoi ? », parce que le sujet vous touche personnellement.

Ici, il faut faire de même.

« Se méfier de la vérité » est aussi surprenant, de prime abord que « Se méfier de ses parents ».

L’objet « vérité » vous touche naturellement moins que l’objet « parent », mais il vous suffira d’y réfléchir un peu pour très vite comprendre qu’après mure réflexion, il vous touche aussi. Ces trois questions doivent vous aider à remplir votre feuille de brouillon d’idées.

N’ayez pas peur de recourir à l’analyse d’exemples personnels mais pertinents que vous ne manquerez pas de rendre anonymes et généraux. Ensuite vient le travail des connaissances.

J’entends « Il nous manque des connaissances ! On ne peut pas le faire ! » etc.

Fausse barbe.

Autrement dit, mauvaise excuse.

Le problème, c’est qu’il faut se forcer à réfléchir, et à interroger ce que l’on a dans sa boîte à outils.

Et dans votre boîte à outils, vous n’avez rien de moins que Descartes, Platon et Putnam (entre autres). Descartes se méfie-t-il de la vérité ? (Sans rire, ça n’est venu à l’idée de personne, de poser cette question-là ?) Éléments de réponse : Se méfier de la vérité : pistes et liens Page 1 sur 4 L’évidence sur laquelle s’appuie Descartes (voir le texte sur la méthode que nous avons vu en classe), évidence « claire et distincte », n’est qu’un ilot flottant, une certitude au-delà de laquelle il ne peut aller, autrement dit dont il ne peut se permettre de douter faute de moyens sensoriels ou intellectuels. Moyens sensoriels, exemple : le microscope sans lequel il est impossible de connaître le microbe (le mot date de 1878). Moyens intellectuels, exemple : si on est géocentriste, on a du mal à comprendre le phénomène gravitationnel au vu de la représentation des orbites des planètes, orbites calculées sur la base de relevés d’observation qui sont malheureusement interprétés dans le cadre d’un système faux.

Cela donne ceci : C’est très joli, mais nettement moins utile que les mêmes données pensées dans le cadre du paradigme copernicien : Descartes le dit : « Le premier est de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie etc.

».

Bref, il se méfie.

Sauf de l’évidence claire et distincte, parce qu’il n’a pas le choix et qu’il lui faut bien une « pierre de touche », comme dirait Kant, pour commencer à raisonner.

Cette pierre de touche, c’est le cogito.

Tout ceci a été vu en classe. Se méfier de la vérité : pistes et liens Page 2 sur 4 Platon se méfie-t-il de la vérité ? (Celle-là non plus ?) Éléments de réponse : En montrant à quel point, au travers de son allégorie de la caverne, nos certitudes, c'est-à-dire ces connaissances, ce savoir qui a cette qualité d’être estampillé du label de « vérité », nous montre des humains à qui la vérité joue un drôle de tour.

De l’affrontement de deux connaissances du monde qui sont opposées mais perçues par l’esprit qui les énonce comme vraies et donc appartenant à la vérité, de cet affrontement résulte celui des humains qui restent sur leur position contre celui qui a « vu plus qu’eux ».

On est ici dans le même registre que celui des « limitations » dont.... »