Sans rapport a autrui, y aurait-il des passions ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
SANS: A l'exclusion de, exprime l'absence.
AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.
2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas
moi.
3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est
pas moi (alter)." (Sartre).
Les autres hommes, mon prochain.
C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un
moi autre, une personne).
HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit
l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie).
PASSION:
* Ce que l'âme subit, ce qu'elle reçoit passivement.
Chez Descartes, le mot désigne tout état affectif, tout ce que
le corps fait subir à l'âme.
Son origine n'est pas rationnelle ni volontaire.
* Inclination irrésistible et exclusive qui finit par dominer la volonté et la raison du sujet (la passion amoureuse).
Analyse du sujet :
Rapport : Terme vague qui pose le problème de la relation.
Le rapport où la relation est ce qui lie deux choses
entre elles.
L'égalité par exemple est un rapport mathématique qui s'établit entre deux choses équivalentes.
Autrui : Autrui ne se réduit pas à l'autre.
Autrui c'est l'autre dans le contexte particulier des relations interhumaines
: autrui c'est l'autre envisagé sous le rapport de la morale dans le cadre des relations sociales et inévitables de
l'homme.
Passions : Du point de vue du sujet, la passion peut-être représentée comme l'attachement à une chose ou aux
biens faits qu'une personne peut procurer.
La passion est donc pour une part excès, au moins en ce qu'elle excède
les limites de la volonté de celui qui l'éprouve.
Dans cette optique la passion est l'assouvissement et la recherche
d'un plaisir solitaire, parce que soit il est procuré par un objet, soit il est procurée par une personne uniquement
réduite à sa capacité à le procurer, utilisée comme moyen.
Les passions sont traditionnellement distinguées des
actions : si dans l'action j'exprime ma liberté - j'agis -, la passion s'exprime en moi - je suis passif par rapport à elle
qui « m'agit », agit en moi.
Les passions sont donc ce qui s'exprime en moi malgré moi, c'est-à-dire ce qui s'oppose
comme irréductiblement humain à l'exercice de la liberté de ma raison.
Les passions sont donc également opposées à
la raison.
De plus alors que les passions manifestent en moi l'influence - et l'existence donc - de forces extérieures à
moi, se constituent comme extériorités sensibles et déterminantes, la raison se constitue comme intériorité libre et
indéterminée sinon par sa propre nature.
Problématisation :
Nous nous interrogeons sur les passions et les implications du rapport à autrui en ce qui les concerne.
Sans rapport
à autrui, y aurait-il des passions ? Si les passions sont en première analyse ce qui en nous tend vers l'autre, ne
faudrait-il reconnaître que les passions semblent bien être liées à l'autre en général c'est-à-dire à l'autre particulier
qu'est autrui ? En effet certaine passion semblent bien réunir les hommes entre eux, donner une forme à leurs
relations.
Mais pour autant « l'ouverture » de la conscience vers l'autre sur le mode passionnel pourrait-elle
s'identifier à un rapport à autrui authentique, c'est-à-dire un rapport moral ? Il semble que ce soit difficile tant la
passion est-elle même excessive et son assouvissement bien souvent solitaire : autrui n'est bien souvent pour le
passionné que le moyen où l'obstacle, de l'assouvissement de sa passion.
Dès lors ne serait-ce que la considération
d'autrui n'a aucun rôle à jouer dans la constitution des passions sinon en tant qu'objet.
Comment résoudre cette
apparente opposition entre la dimension sociale et relationnelle des passions et leur dimension antisociale et
immorale ? C'est ce que nous tenterons de comprendre en dernier lieu.
Proposition de plan :
1 .
Les passions sont constitutivement tendues vers l'autre et donc vers autrui.
a) La passion est, l'action en moi de force qui me dépasse, elle signale donc l'existence à l'extérieur de moi, de ma
raison de ma pensée, de mon « je », un monde que je ne peux ignorer et vers lequel je suis porté comme malgré
moi.
b) Ce monde m'englobe et avec moi tout les objets dont ces objets particuliers que sont mes semblables les
hommes.
Je suis porté par nature à désirer, à convoiter des objets à l'extérieur de moi par la passion.
La passion
c'est donc l'intrusion du corps pris au milieu du monde dans la pensée.
c) Ce corps passionné est donc pour la pensée le signe indubitable que le monde existe et qu'il résiste en moi.
De la
même façon donc ce corps passionné et sensible donc, est le signe pour la pensée qu'à l'extérieur de moi existent
des semblables que je suis porté à aimer ou à haïr.
Problème : Si certaines passions enveloppent bien autrui, il semble qu'elle l'objectivent bien souvent, voyant en lui
un moyen ou un obstacle de leur satisfaction.
Or faire d'autrui un moyen ou un ennemi c'est en faire un objet.
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