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Sait-on toujours ce que l'on dit ?

Extrait du document

« Ce que l'on exprime est-il toujours maîtrisé par la conscience ? Peut-on toujours maîtriser les effets provoqués par notre discours (paroles involontairement blessantes, par exemple) ? Sait- on toujours ce dont on parle (les mots ne sont pas en adéquation avec la réalité) ? En quoi le sujet individuel est-il maître ou non de ce qu'il dit ? On utilise des mots qui nous ont été appris (langue maternelle), et qui peuvent donc influencer notre façon de concevoir le monde, nos sentiments, etc.

(le mot " Heimweh ", en allemand, signifie littéralement mal du foyer, ce que nous traduisons par mal du pays : le problème de traduction souligne bien le fait que la langue détermine en quelque sorte notre façon de penser, de sorte que l'on ne sait pas toujours ce que l'on dit dans la mesure où l'on n'a pas la liberté de le dire autrement).

L'individu n'est pas l'origine libre des mots ; ceux-ci lui préexistent toujours, et il ne peut que s'y aliéner, en quelque sorte, pour pouvoir parler et penser.

Comme le dit Valéry, le langage, c'est autrui en nous.

Ce que l'on dit, ce que l'on peut formuler dans la langue, est-il toujours conscient ? Sait-on toujours quelles sont nos intentions dans ce que nous disons (importance de l'inconscient) ? Ce qu'on peut dire ou exprimer d'un sentiment ne dit pas tout sur ce sentiment (par exemple, toutes les nuances de la tristesse ne peuvent pas être exprimées).

Les mots désignent toujours des genres : ils ne peuvent donc pas exprimer de manière adéquate la subjectivité la plus intime. Qui parle en nous, est-ce nous même ou la société qui véhicule ses valeurs.

Et si ce n'était pas nous...

mais les autres, ne serions-nous point destitués de notre pensée, comme d'autres sont destitués de leur valeur fondamentale ? D'où la question suivante sait-on toujours ce que l'on dit ? le « toujours » indique ici le caractère absolu, sait-on absolument ce que l'on dit, le savoir que nous détenons, nous autorise-t-il à affirmer présomptueusement que nous savons tout ce que nous disons ? Nous verrons dans un premier temps que nous avons de bonne raison de croire que nous savons ce que nous disons et cela de manière absolue, dans un deuxième temps nous verrons qu'il y a aussi de fortes raisons différentes d'en douter et enfin faudra-t-il le reconnaître, il existe des limites fondamentales inhérentes au langage à exprimer ce que l'on prétend savoir, mais les limites du langage ne sont-elles pas en elle-même les limites propres de notre connaissance ? 1 Les raisons de le croire : on sait toujours ce que l'on dit 1 L'argument de la liberté : - Oui on sait toujours ce que l'on dit parce que nous sommes libres de choisir un mot plutôt que l'autre, ce choix ne nous est pas toujours imposé.

On est libre de le dire ou de ne pas le dire.

Pensez à la manière dont Sartre conçoit la liberté comme possibilité de choisir, en âme et conscience et sans excuse, bref comment il lie liberté et responsabilité, essayez d'en déduire quelles sont les conséquences sur nos paroles. ( voir les limites de cette analyse, il est possible que la langage soit conventionnel et que la pleine liberté de dire n'importe quoi trouve certainement ses propres limites par la sanction linguistique, comme la grammaire, l'orthographe, la logique) 2 L'argument du lien entre la pensée et le langage pour dire quelque chose , il faut le penser.

Ce que l'on dit est toujours pensé, sans quoi cela n'aurait pas de sens, cela ne serait pas communicable.

Ici c'est le rapport entre la pensée et la langage qu'il faut détailler, donc on sait toujours ce que l'on dit.

Voir Locke dans son Essai concernant l'entendement humain au livre III .

( voir les limites, le problème est la plupart du temps, on dit ce qu'on pense sans le penser) 3 L'argument du lien entre la parole et la connaissance culturelle de la parole on le sait parce qu'on nous l'a inculqué : l'éducation, la société.

La base de notre savoir et de notre langage possède une indubitable origine sociétale.

Pas de langage sans société - Les mots signifient les pensées selon Antoine Arnauld et Claude Lancelot, dans Grammaire générale et raisonnée en 1660.

Alors que l'animal ne sait pas ce qu'il dit, nous nous savons ce que nous disons.

Qu'est-ce qui permet de distinguer le langage humain du langage animal? C'est non seulement qu'il découle de la composition d'un nombre limité d'éléments de base, c'est aussi qu'il signifie les pensées.

Notre langage se distingue par l'usage que nous enfaisons: communiquer nos pensées.

Jusqu'ici, nous n'avons considéré dans la parole que ce qu'elle a de matériel, et qui est commun, au moins pour le son, aux hommes et aux perroquets.

Il nous reste à examiner ce qu'elle a de spirituel, qui fait l'un des plus grands avantages de l'homme au-dessus de tous les autres animaux, et qui est une des plus grandes preuves de la raison: c est l'usage que nous en faisons pour signifier nos pensées, et cette invention merveilleuse de composer de vingt-cinq ou trente sons cette infinie variété de mots, qui, n'ayant rien de semblable en eux-mêmes à ce qui se passe dans notre esprit, ne laissent pas d'en découvrir aux autres tout le secret, et de faire entendre à ceux qui îo n'y peuvent pénétrer, tout ce que nous concevons, et tous les divers mouvements de notre âme.

Ainsi l'on peut définir les mots, des sons distincts et articulés, dont les hommes ont fait des signes pour signifier leurs pensées.

C'est pourquoi on ne peut bien comprendre les diverses sortes de significations qui sont enfermées dans les mots, qu'on n'ait bien compris auparavant ce qui se passe dans nos pensées, puisque les mots n'ont été inventés que pour les faire connaître.. »

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