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RoussEAu: «Malheur à qui n'a plus rien à désirer.»

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RoussEAu: «Malheur à qui n'a plus rien à désirer.»

Ce texte de Jean Jacques Rousseau extrait d'un de ses romans épistolaire, La Nouvelle Héloïse en 1976, a pour thème le rapport du désir et du bonheur. On croit communément que le bonheur est dans la satisfaction du désir or est-ce bien le cas? N'y a-t-il pas plus de bonheur dans les illusions du désir que dans la jouissance que procure son accomplissement? Rousseau affirme paradoxalement que le bonheur est dans le désir et non dans la possession de son objet ou de sa réalisation . Il fonde sa thèse sur  la nature humaine et les rapports de l'homme et du réel. Nous apprenons que l'homme n'est pas chez lui dans le monde car  ses aspirations sont illimité alors les ses possibilités de les combler le sont. Alors l'homme est-il condamné au malheur?  Non, affirme Rousseau, car le désir qui nous y expose est aussi ce qui nous en sauve.«Tant qu'on désire on peut se passer d'être heureux;» soutient-il, puisque l'imagination peut donner les jouissances que le réel empêche. Ce texte s'organise en trois moments ; dans un premier moment. des lignes I à 3, il nous est dit que le bonheur est dans le désir plus que dans la possession de ce qui est désiré. Ensuite, des lignes 3 à 9 Rousseau démontre que l'homme est fait pour désirer; sa capacité à désirer, en effet, lui rend comme présent l'objet de son désir, la possession détruit la beauté qu'avait produite l'imagination. Enfin, lignes 9 à 11, l'auteur fait l'éloge d'un monde imaginaire.

« Le désir est une force positive «Malheur à qui n'a plus rien à désirer.» Rousseau, La Nouvelle Héloïse (1761). • Contre l'ascétisme des philosophies rationalistes, Rousseau fait dire à Julie (le personnage de son roman) la beauté et la force du désir amoureux: le désir est paradoxal, car d'un côté il consiste à tendre vers un but, mais de l'autre, il se suffit à lui-même.

En effet, celui qui accomplit son désir connaît en même temps que la satisfaction une sorte de déception. • L'affirmation de Julie («Malheur à qui...») est radicale: pour elle, le vrai bonheur consiste dans le désir luimême, qui est une forme d'intensification de la vie.

Ne rien désirer, ce n'est pas la sagesse, c'est la mort. Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède.

On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux.

En effet, l'homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion.

Mais tout ce prestige disparaît devant l'objet même; rien n'embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu'on voit; l'imagination ne pare plus rien de ce qu'on possède, l'illusion cesse où commence la jouissance.

Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d'être habité et tel est le néant des choses humaines, qu'hors l'Être existant par lui-même, il n'y a rien de beau que ce qui n'est pas. Si cet effet n'a pas toujours lieu sur les objets particuliers de nos passions, il est infaillible dans le sentiment commun qui les comprend toutes.

Vivre sans peine n'est pas un état d'homme; vivre ainsi c'est être mort.

Celui qui pourrait tout sans être Dieu, serait une misérable créature ; il serait privé du plaisir de désirer ; toute autre privation serait plus supportable. La représentation ordinaire du désir nous amène à penser que le désir est un manque, et donc une souffrance : tout au moins un état qui tend à la jouissance, mais ne la contient pas et l'exclut.

Car la jouissance suppose la possession qui doit marquer en même temps la disparition du désir.

On devrait alors dire : tantôt je désire, tantôt je suis heureux.

Or ce texte de Rousseau repose sur le paradoxe suivant : ce n'est pas celui qui n'a plus rien à désirer qui est heureux, ne plus désirer est au contraire un malheur.

Celui qui a obtenu ce qu'il désire ne désire plus ; il semble alors qu'il possède, et pourtant Rousseau affirme qu'avec la disparition du désir il a en vérité tout perdu : il est dépossédé au moment même où il possède ce qu'il désire. Le désir désire possession et jouissance : la possession me permet de goûter ce que je possède.

Mais si l'on possède sans être heureux, posséder n'est rien, je possède un objet du désir, mais je ne possède plus mon bien ou mon bonheur en lui.

Or ce n'est que dans le désir même que mon bonheur est lié, adhérent à l'objet.

La seule jouissance dont l'homme soit capable est donc une jouissance in absentia.

Alors que le besoin ne peut être satisfait qu'in proesentia.

L'imagination, qui étend pour nous la mesure des possibles, et creuse par là notre désir, est aussi une force consolante puisqu'elle nous donne non seulement la représentation mais comme l'équivalent imaginaire d'une présence effective.

Elle me fait désirer, mais elle me livre imaginairement ce que je désire.

Je ne me contente pas d'y penser ; c'est comme si c'était là.

Il y a un bonheur de l'imaginaire, une jouissance de l'objet dans l'imagination et donc en son absence que ne viennent pas ternir les vicissitudes liées à l'objet réel (la servitude du pouvoir, les caprices de la femme, la puanteur de Venise).

Au contraire, dans l'imagination, la chose est soumise à ma puissance ; elle ne peut me décevoir.

C'est la raison pour laquelle l'imagination se nourrit de l'absence.

L'objet devient ce que je veux qu'il soit. En fait, la jouissance suppose ce que Rousseau nomme beauté de l'objet.

Mais la présence est exclusive de la beauté ; pour nous, seule l'absence et donc le désir « embellissent » l'objet.

La vraie jouissance est pour nous une jouissance dans l'illusion, dans la présence illusoire de l'imaginaire ROUSSEAU (Jean-Jacques).

Né à Genève en 1712, mort à Ermenonville en 1778. Il n'est pas dans notre propos de résumer la vie de Rousseau, sou séjour aux Charmettes chez Mme de Warens, à Montmorency chez Mme d'Épinay, ses travaux de musique, sa persécution par les catholiques comme par les protestants, son voyage en Angleterre après sa fuite de Suisse ou l'hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville.

Non plus que la mise à l'Assistance Publique des cinq enfants qu'il eut de Thérèse Levasseur, ou sa brouille avec Grimm et Diderot.

Jean-Jacques Rousseau fut seul, chassé de partout, et c'est en méditant sur son existence malheureuse, qu'il a pu énoncer sa doctrine de philosophe.

Sa philosophie n'est pas un système, mais une vision de la condition humaine.

— Contrairement aux Encyclopédistes, l'homme, pour Rousseau, est naturellement bon et juste.

Il fut heureux lorsqu'il vivait sans réfléchir, au milieu de la nature, uniquement préoccupé des soins matériels de la vie quotidienne.

Puis, il a cherché à paraître, à dominer.

Il a inventé la propriété.

Sont venus l'inquiétude d'esprit, le goût du luxe, l'ambition, l'inégalité, les vices, la philosophie.

La société a corrompu l'homme, en l'élevant à la moralité.

La vie idéale n'est pas le retour à l'état de nature ; mais elle doit se rapprocher le plus possible de la vie naturelle.

C'est le coeur qui fournit à l'homme la preuve des vérités morales et religieuses, qui lui permet de goûter aux plaisirs de la générosité, de la bienfaisance, de l'amitié.

L'enfant, naturellement bon, doit être éduqué de façon« négative».

Il faut laisser libre cours à son propre développement.

Rousseau prône les vertus de l'intuition et de l'émotion.

— Le fondement de toute société, c'est le contrat social, par lequel chaque contractant renonce à sa propre liberté au profit de la communauté, et se soumet à la volonté générale.

Rousseau pose ainsi le principe de la souveraineté populaire.

Tant en littérature qu'en philosophie ou en politique (la Révolution française le revendiqua), l'influence de Rousseau fut considérable.

Il a véritablement transformé la sensibilité humaine.. »

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