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Réhabilitation de la passion ?

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« Rousseau, Fourier : les passions, gages de la perfectibilité de l'homme «Quoi qu'en disent les moralistes, écrit Jean-Jacques Rousseau (17121778), l'entendement humain doit beaucoup aux passions, qui d'un commun aveu, lui doivent beaucoup aussi.

C'est par leur activité que notre raison se perfectionne ; nous ne cherchons à connaître que parce que nous désirons de jouir ; et il n'est pas possible de concevoir pourquoi celui qui n'aurait ni désirs ni craintes se donnerait la peine de raisonner» (Discours sur l'origine de l'inégalité, 1755). Au siècle suivant, Charles Fourier (1772-1837), l'un des chantres du «socialisme utopique», tiendra un discours comparable.

Les passions réprimées, entravées, sont d'autant plus redoutables que leur poussée est plus intense.

«Nos passions les plus décriées sont bonnes telles que Dieu nous les a données ; il n'y a de vicieux que la civilisation ou industrie morcelée qui dirige toutes les passions à contresens de leur marche naturelle» (Théorie de l'unité universelle, I, 153 - 1841-1843). Hegel : l'histoire la passion dans C'est parce que seul l'individu passionné peut «mettre à l'arrière-plan tous les autres intérêts et fins» – afin de faire aboutir son désir – que l'on peut dire avec Hegel : «rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion» (Leçons sur la philosophie de l'histoire, 1822-1831).

Le passionné, autrement dit, ce n'est pas seulement une Phèdre, mais c'est aussi Alexandre, César ou Napoléon. La démarche hégélienne réhabilite ainsi quelque peu la passion, en la désignant comme la trame de l'histoire universelle.

C'est que la passion n'est plus pensée ici comme pure passivité : «Passion n'est pas d'ailleurs le mot tout à fait exact pour ce que je veux désigner ici, j'entends, en effet, ici, d'une manière générale, l'activité de l'homme dérivant d'intérêts particuliers, de fins spéciales ou, si l'on veut, d'intentions égoïstes» (ibid.). "Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion..." HEGEL La passion a souvent été méprisée comme une chose qui est plus ou moins mauvaise.

Le romantisme allemand et, en particulier, Hegel restituent à la passion toute sa grandeur. Dans une Introduction fameuse (« La Raison dans l'histoire ») à ses « Leçons sur la philosophie de l'histoire » publiées après sa mort à partir de manuscrits de l'auteur et de notes prises par ses auditeurs -, on peut lire (trad.

Kostas Papaioannou, coll.

10118): « Rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont participé.

Cet intérêt nous l'appelons passion lorsque, écartant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur un objectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins.

En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion.

» L'histoire est en apparence chaos et désordre.

Tout semble voué à la disparition, rien ne demeure : « Qui a contemplé les ruines de Carthage, de Palmyre, Persépolis, Rome, sans réfléchir sur la caducité des empires et des hommes, sans porter le deuil de cette vie passée puissante et riche ? Ce n'est pas comme devant la tombe des êtres qui nous furent chers, un deuil qui s'attarde aux pertes personnelles et à la caducité des fins particulières: c'est le deuil désintéressé d'une vie humaine brillante et civilisée.

» L'histoire apparaît comme cette « vallée des ossements » où nous voyons les réalisations «les plus grandes et les plus élevées rabougries et détruites par les passions humaines », «l'autel sur lequel ont été sacrifiés le bonheur des peuples, la sagesse des Etats et la vertu des individus ».

Elle nous montre les hommes livrés à la frénésie des passions, poursuivant de manière opiniâtre des petits buts égoïstes, davantage mus par leurs intérêts personnels que par l'esprit du bien.

S'il y a de quoi être triste devant un tel spectacle, faut-il, pour autant, se résigner, y voir l'œuvre du destin ? Non, car derrière l'apparence bariolée des événements se dévoile au philosophe une finalité rationnelle : l'histoire ne va pas au hasard, elle est la marche graduelle par laquelle l'Esprit parvient à sa vérité.

La Raison divine, l'Absolu doit s'aliéner dans le monde que font et défont les passions, pour s'accomplir.

Telle est: « la tragédie que l'absolu joue éternellement avec lui-même: il s'engendre éternellement dans l'objectivité, se livre sous cette figure qui est la sienne propre, à la passion et à la mort, et s'élève de ses cendres à la majesté». Ainsi, l'histoire du devenir des hommes coïncide avec l'histoire du devenir de Dieu.

Etats, peuples, héros ou. »

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