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Qu'est-ce qu'un paysage ?

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« Aussi, bien plus qu'une définition la notion de paysage implique une réflexion transversale qui regroupent les sciences physiques, la géographie, les sciences humaines, l'histoire de l'art.

Aussi, c'est cette pluralité de point de vue qui pose problème et oblige à penser une véritable réflexion sur l'histoire du paysage et de sa notion.

Pourquoi la notion même de « paysage » est-elle si récente, qu'est-ce qui a empêché l'homme de construire cette notion, et finalement de penser le paysage en tant que telle, comment le paysage a-t-il réussi a retrouver de l'importance dans la sphère de la culture occidentale, c'est-à-dire dans le domaine de la réflexion et de l'art. 1) Une première définition. Dans sa première définition, telle que la donne le dictionnaire de langue de Paul Robert, un paysage est la « partie d'un pays que la nature présente à l'œil qui le regarde » Le mot paysage comporte de trois éléments.

Le premier est le pays dont il est une partie ; ce mot pays, qui a pris une importance particulière dans l'école géographique française à la suite des travaux de V idal de La Blache, désigne un espace géographique plus ou moins nettement limité et considéré surtout dans son aspect physique.

Le deuxième est la nature, qui peut elle-même être analysée en deux ensembles régis indépendamment de l'homme par des lois qui sont les conditions proposées aux sociétés humaines par le milieu.

Les naturalistes appellent cela l'écosystème.

Celui-ci réunit un ensemble d'éléments physiques et d'organismes vivants.

Les éléments physiques sont le relief, le climat, les sols, les eaux, l'air ; ils constituent l'environnement abiotique.

Les organismes vivants - qui constituent la communauté biotique - sont les animaux qui y vivent et les plantes qui y croissent.

Le troisième élément est le regard de l'homme qui fait qu'il existe comme tel.

Mais - et c'est là que se situe la coupure avec le regard de l'artiste - l'historien ne voit pas seulement dans l'homme le spectateur passif d'un spectacle beau ou laid ; l'homme est aussi ce puissant agent modificateur du paysage dont nous avons présenté deux exemples.

Pour tenir compte de ce dernier aspect, les géographes préfèrent à la notion d'écosystème celle de géosystème : « l'écosystème est dans le paysage ; il n'est pas tout le paysage » (G.

Bertrand).

La diversité de ces composantes s'inscrit dans la diversité des paysages. 2) Les problèmes liés à la notion de paysage. Les sciences humaines ont longtemps négligé ce fait, pourtant humain, que la notion de paysage n'existe pas dans toutes les cultures.

Avant la Renaissance, par exemple, l'Europe ignorait aussi bien le terme « paysage » que les « paysages » en peinture.

N'existant ni toujours ni partout, « le » paysage ne peut donc pas être considéré comme un objet universel.

C'est par un double biaisement, ethnocentrique et anachronique à la fois, que l'on a pu faire du paysage un tel objet.

Ce biaisement appliquait aux sciences humaines – qui doivent considérer non seulement des objets, mais la relation de sujets humains avec ces objets - un point de vue qui est celui des sciences de la nature.

Pour celles-ci en effet, telle l'écologie du paysage, le problème susdit ne se pose pas : le paysage étant pour elles la forme de l'environnement, il existe partout et toujours ; on parlera donc au même titre des paysages de la savane, de la toundra, etc.

C'est ainsi que la géographie humaine a traditionnellement employé le terme.

Objet scientifique, voire revendiqué comme l'objet même de la géographie, le paysage pouvait donc s'observer au même titre dans tous les milieux.

Même les disciplines qui font des représentations leur objet – l'histoire de l'art et les études littéraires au premier chef – ont eu pendant longtemps une attitude analogue : elles n'ont pas problématisé comme telles la présence ou l'absence de représentations paysagères.

Les spécialistes de la peinture chinoise ont ainsi pu souligner l'importance du paysage dans cette tradition, sans que « le » paysage devienne pour autant problématique : un tel fait pouvait bien caractériser la civilisation chinoise, il ne mettait pas en cause la notion même de paysage.

C'est cette notion même que l'on mettra ici en cause, en posant d'emblée deux principes : le paysage est irréductible à un objet ; mais on ne peut pas non plus le réduire à une représentation subjective, car il est bien, aussi, la forme d'un environnement, tel que celui-ci est concrètement vécu, perçu et conçu par une certaine société.

D'où ce troisième principe : ni proprement objective, ni proprement subjective. 2) un paysage artistique ? Beau ou laid, un paysage est le cadre de notre existence quotidienne.

À ce titre, il peut être l'objet d'une vision artistique (et le terme a pris en peinture un sens spécifique venant à désigner un tableau « où la nature tient le premier rôle et où les figures d'hommes ou d'animaux ne sont que des accessoires ») décrite par le poète ou représentée par le peintre.

Le terme a gagné par analogie la littérature.

Une histoire du paysage à prétention scientifique élaborée à partir d'une approche esthétique est parfaitement légitime.

L'évolution des acceptions du mot paysage n'est d'ailleurs pas un cas unique : tous les géomorphologues ne savent peut-être pas qu'une notion aussi importante que celle de relief a été empruntée au vocabulaire...

artistique ! Le mot paysage a une infinité de sens propres et figurés, qui correspondent à des démarches tout aussi légitimes.

Ce qui attire particulièrement le regard de l'historien vers le paysage est sa fonction de « lieu de mémoire ».

Le grand tourisme s'intéresse surtout aux curiosités naturelles (montagnes, déserts...) et aux monuments qui étonnent (la muraille de Chine, les pyramides...).

Mais la visite des paysages, sauf exotiques, n'est proposée qu'à une élite cultivée.

Le paysage est en effet un lieu infiniment culturel. 3) Une petite histoire de la représentation artistique des paysages. Contrairement à ce que l'on croit, donc, la nature à attendu près de quatre siècles entre les premiers paysages nés au 15 e siècle dans la région flamande avec Patinir ou Konrad Witz pour enfin se concentrer sur la nature telle qu'elle est et la représenter ; c'est-à-dire en mouvement et en vie.

Le paysage, avant le romantisme n'était qu'un arrière-plan dans lequel s'articulaient des éléments allégoriques ou mythologiques.

On pourrait néanmoins répondre que le paysage n'a pas attendu le romantisme pour naître en temps que tel.

Le siècle d'Or hollandais a produit des peintures de paysage exceptionnelles.

Le paysage a été jugé jusqu' à l'époque romantique considérée comme un art mineur.

Le 18e siècle sous la coupe de néo-classicisme ne reconnaissait pas le paysage comme un genre noble.

Le paysage devait refléter la vie bienheureuse et non- corrompue des bergers de l'Arcadie.

Les sources d'inspiration pour des peintres comme Poussin étaient Homère, Théocrite, Virgile.

Les peintres de l'époque néo-classique ne prenaient en aucun cas modèle sur la nature et surcroît en plein air.

La peinture de paysage était un guide pour atteindre l'idéal.

Ces paysages sont recomposés en atelier d'après des lectures sur le sujet, très souvent mythologique.

Finalement, le paysage naturel est reconstruit pour les besoins du sujet.

Le paysage est accessoire et ne compte pas pour luimême et doit répondre aux impératifs techniques du peintre En somme, la nature en elle-même ne suscite pas d'intérêt particulier et elle ne fait parti que d'un ensemble harmonieux où les personnages et la fable historique ont pour part à moitié. Winckelmann écrivait dans ses Réflexions : « Le peintre de fleurs et de paysage imite des beautés qui ne sont pas susceptibles d'être idéalisées ; il ne travaille donc uniquement avec l'œil et la main.

(…) » Copier servilement ce qu'on voit dans la nature, ne peut faire atteindre l'idéal.

La nature représente des choses terrestres et corruptibles.

Aussi, dans un contexte idéologique dominé par le néo-platonisme, on ne peut concevoir que des choses de la nature comme des fleurs ou un pré puissent avoir une quelconque valeur.

Finalement, les artistes romantiques seront les premiers à affirmer l'importance du paysage.

Cette même émergence du paysage dans l'art contribua aux changements radicaux dans l'art du siècle suivant.

Le fait même de s'éloigner de la pure description pour représenter des expériences purement visuelles crée une parenté entre la peinture de paysage et l'art abstrait. Conclusion. Il est difficile de donner une définition uniforme du paysage si tant est que cette notion est historiquement neuve et est encore objet de débat, et de multiples acceptions suivant les domaines de connaissance.

A ussi, il faut dans ce cas, montrer l'histoire du concept et des perceptions du paysage par le biais de l'histoire de l'art.

Le mot même dans le vocabulaire n'indique en rien une véritable prise en compte de la chose même dans une culture, et n'indique par forcément une problématisation, une véritable prise de conscience, qui peut dans ce cas durer plusieurs siècles.. »

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