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Qu'est-ce qu'un mythe ?

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« Il est d'usage d'opposer le mythe comme mentalité prélogique, « sauvage », « archaïque », à la raison.

Comme le résume très bien ce préjugé en écrivant: « la Mythologie est évidemment une série de mensonges.

Mais ces mensonges ont été, durant de longs siècles, des sujets de croyance.

Ils ont eu, dans l'esprit des Grecs et des Latins, la valeur de dogmes et de réalités ». SENS LITTÉRAL ET SENS FIGURÉ La science moderne tâche de s'exprimer toujours au sens littéral, comme dans les mathématiques.

Elle cherche les identités et n'a nul souci des ressemblances et analogies, et moins encore du symbolisme. Tout au contraire, le mythe cultive le sens des analogies, persuadé d'une correspondance universelle de toutes les formes de la réalité; il s'exprime constamment par sens figurés, déplacements et allégories; il ne parle pas, par exemple, de la chance, mais raconte une histoire, un conte, une fable, ou encore un roman.

Nous disons que les mythologies sont des discours qui prétendent à la vérité, à l'adéquation avec le réel, et ne sont nullement des mensonges. LES MYTHES NE SONT PAS DES OBJETS DE CROYANCE « Lorsque nous donnons au blé le nom de Cérès (écrit Cicéron, contemporain des mythologies grecque et latine), et au vin le nom de Bacchus, nous nous servons d'une façon de parler usitée en notre langue, et personne n'est assez dépourvu de sens pour prendre ces paroles à la lettre ».

Bien que les mythes soient souvent liés à des éléments relevant de la religion, ils ne se confondent pas avec elle. Cicéron parle avec justesse en ce qui regarde les esprits éclairés, mais il a le tort de négliger la crédulité humaine, laquelle a maintes fois prouvé qu'elle pouvait adhérer à n'importe quelle croyance faute d'un critère bien pensé qui puisse discriminer les divers degrés de vraisemblance. C'est bien sûr dans l'ordre métaphysique que le premier venu s'accorde le droit de supposer les commencements les plus irrationnels; la notion de hasard en est un excellent exemple, puisque l'on ne craint pas en y ayant recours de nier les certitudes bien établies de la science des probabilités. Mythe et raison La philosophie de Platon abonde en mythes, parce que la raison ne saurait tout dire, et que le mythe, au lieu d'abstraire et d'exclure, image et imite l'existence, fournissant ainsi une leçon perpétuellement valable.

Aristote déclare que le philosophe est naturellement un grand amateur de mythes, car ils recèlent des trésors de merveilles ou d'étonnement.

Les Grecs désignaient indifféremment une fable d'Ésope par le terme mythos ou par celui de logos (discours, raison).

Ésope nous conduit tout droit aux fables de La Fontaine, aux contes de Perrault, à ceux de Grimm, etc.

La fable et le conte enseignent plus efficacement, par leur pouvoir de séduction, que l'aride discours rationnel.

Si l'on veut expliquer comment opère la chance, il n'y a pas de meilleure voie que de raconter Le Chat botté.

On apprend mieux ce qu'est l'avarice dans les romans de Balzac que dans les traités de psychologie.

L'histoire de Don juan et celle de Madame Bovary sont d'ailleurs devenues des catégories de la psychologie scientifique. Les traditions religieuses ont recours à la fois aux discours théologiques rationnels et aux paraboles (haggadoth ou exemples).

Dans la parabole, l'imagination vient illuminer la raison et la délecter. Rôles des mythes Les mythes, fictions et fables ne sont pas irrationnels par nature; on ne saurait donc opposer mythe et raison, et a fortiori saluer comme « le miracle grec » le passage de l'un à l'autre; tout dépend de l'enseignement que portent les fictions: les unes, folles et fausses, donnent des conseils de perdition; les autres, sages et vraies, des conseils salutaires; à nous de les interpréter et juger. Comme toutes les cultures, la civilisation moderne produit et proclame ses mythes fondateurs : la Révolution française comme avènement de la liberté, le progrès des sciences et des techniques comme salut séculier, la « mort de Dieu » comme sacralisation ou divinisation de l'homme, l'État universel comme édification de la société idéale... CITATIONS: 1- "Le mythe donne une réponse; provisoire, il est vrai, mais enfin une réponse aux questions de l'homme curieux de connaître la raison des choses.

Il s'agit donc d'un phénomène purement intellectuel.

La mythologie comme la science est donc un produit de l'intellect...

Ce qui la distingue de la science, c'est qu'elle dinne infiniment plus de poids à l'imagination et pas assez à l'observation." Krappe, La genèse des mythes, page 32. 2- "Mythe est le nom de tout ce qui n'existe et ne subsiste qu'ayant la parole pour cause." Valéry, Variété, pléiade, I, page 967. 3- "pendant des millénaires, le mythe a été un certain mode de construction intellectuelle...

Mais, dans notre civilisation, à une époque qui se situe vers le XVII è, avec le début de la pensée scientifique -Bacon, Descartes et quelques autres-, le mythe est mort ou, à tout le moins, il a passé à l'arrière-plan comme type de construction. »

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