Qu'est ce qu'un grand homme ?
Extrait du document
«
L'unicité de la passion
• Si les passions amènent le progrès en histoire, c'est parce qu'elles trouvent à s'incarner.
Ainsi le scientifique qui
marque l'histoire des sciences, le conquérant qui découvre des territoires ignorés – le grand homme – ne dépassentils pas leur histoire individuelle pour la grande histoire de l'humanité parce qu'ils consacrent leur vie à une passion ?
• Au lieu d'être affecté par une multitude de passions (amour, haine, avarice...) comme la plupart des individus, le
grand homme met toute son « individualité », « toutes les fibres de son vouloir au service d'une seule passion (voir
La raison dans l'histoire de Hegel).
C'est donc parce qu'il transforme la passion en principe actif de l'action que le
grand homme fait de l'histoire autre chose que l'expression répétitive de la nature humaine.
"Ces grands hommes semblent obéir uniquement à leur passion, à leur
caprice.
Mais ce qu'ils veulent est l'universel.
(...
) C'est la psychologie
des maîtres d'école qui sépare ces deux aspects.
Ayant réduit la passion
à une manie, elle rend suspecte la morale de ces hommes; ensuite, elle
tient les conséquences de leurs actes pour leurs vrais motifs et leurs
actes mêmes pour des moyens au service de ces buts : leurs actions
s'expliquent par la manie des grandeurs ou la manie des conquêtes.
Ainsi
par exemple l'aspiration d'Alexandre est réduite à la manie de conquête,
donc à quelque chose de subjectif qui n'est pas le Bien.
Cette réflexion
dite psychologique explique par le fond du coeur toutes les actions et
leur donne une forme subjective.
De ce point de vue, les protagonistes
de l'histoire auraient tout fait, poussés par une passion grande ou petite
ou par une manie, et ne méritent donc pas d'être considérés comme des
hommes moraux.
Alexandre de Macédoine a conquis une partie de la
Grèce, puis l'Asie; il a donc été un obsédé de conquêtes.
Il a agi par
manie de conquêtes, par manie de gloire, et la preuve en est qu'il s'est
couvert de gloire.
Quel maître d'école n'a pas démontré d'avance
qu'Alexandre le Grand, Jules César et les hommes de la même espèce ont
tous été poussés par de telles passions et que, par conséquent, ils ont
été des hommes immoraux? D'où il suit aussitôt que lui, le maître d'école,
vaut mieux que ces gens-là, car il n'a pas de ces passions et en donne
comme preuve qu'il n'a pas conquis l'Asie, ni vaincu Darius et Porus, mais
qu'il est un homme qui vit bien et a laissé également les autres vivre." HEGEL
Articulation des idées.
Hegel fait un double constat:
* Apparemment les grands hommes (ceux qui font l'histoire) semblent n'agir qu'en fonction de leurs passions,
de leur caprice, de leur égoïsme.
* En réalité, ils "veulent l'Universel", cad s'efforcent de contribuer à une avancée de l'Histoire en tant que
celle-ci est une manifestation et une réalisation de l'Absolu, de la Raison, de l'Esprit, de l'Universel dont les
grands hommes ne sont que les instruments.
Pour Hegel, passion et réalisation de l'Universel sont liés.
Chez les
grands hommes, la passion (guerrière, conquérante) est une ruse de la Raison.
Hegel procède alors à une critique de l'explication traditionnelle (celle de ceux qu'ils nomment, avec un brin
d'ironie, les "maîtres d'écoles").
* Analyse: l'explication traditionnelle voit à tort dans la passion un vice, une manie.
Elle inverse les rapports de
cause à effet, en prenant les conséquences des actes des grands hommes pour les motifs de ces actes.
C'est
l'exemple d'Alexandre le Grand.
* Explication de cette "explication" des maîtres d'école, leur médiocrité et leur envie de rabaisser les grands
hommes qui les pousse à condamner ces derniers d'un point de vue pseudo moral pour se justifier de leur
médiocrité.
Pour approfondir:
"Lorsque nous considérons ce spectacle des passions et les conséquences de leur déchaînement, lorsque
nous voyons la déraison s'associer non seulement aux passions, mais aussi et surtout aux bonnes intentions et
aux fins légitimes, lorsque l'histoire nous met devant les yeux le mal, l'iniquité, la ruine des empires les plus
florissants qu'ait produits le génie humain, lorsque nous entendons avec pitié les lamentations sans nom des
individus, nous ne pouvons qu'être remplis de tristesse à la pensée de la caducité en général.
Et étant donné
que ces ruines ne sont pas seulement l'oeuvre de la nature, mais encore de la volonté humaine, le spectacle
de l'histoire risque à la fin de provoquer une affliction morale et une révolte de l'esprit du bien, si tant est qu'un
tel esprit existe en nous.
On peut transformer ce bilan en un tableau des plus terrifiants, sans aucune
exagération oratoire, rien qu'en relatant avec exactitude les malheurs infligés à la vertu, l'innocence, aux.
»
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