Qu'est-ce qu'être majeur ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Ici, il s'agit de s'interroger sur le concept de majorité, et plus sur ce qu'est être majeur.
Avant de rentrer plus en
avant dans notre entreprise définitionnelle, proposons une définition liminaire du concept de majorité
Être majeur – majorité :
majeur renvoie directement au latin « major » qui est le comparatif de « magnus », grand autrement dit plus
« grand ».
Juridiquement : Qui a atteint l'âge de la majorité légale (18 ans depuis 1974, 21 ans auparavant) ou qui est
considéré comme majeur du fait de son mariage.
Qui est capable de se diriger lui-même parce qu'il est parvenu à un degré d'évolution suffisant
Bien évidemment ces trois grandes définitions ne suffisent pas pour répondre à notre question ; il va s'agir à présent
de problématiser.
Problématisation :
Cette question est importante dès lors que, si on en reste au sens premier de la majorité, la majorité est un âge
charnière – il est soit l'objet d'espérance, soit l'objet d'inquiétude.
Espérance car il semble signer l'heure de la liberté
totale, de la libération à l'égard de la tutelle parentale.
Inquiétude car il renvoie à l'idée d'autonomie et de
responsabilité.
Ainsi la liberté qui semble être le corrélat de la majorité n'est pas une liberté-licence, mais une
liberté-responsabilité – avec des droits certes mais aussi des devoirs à l'égard des autres comme de soi-même.
Finalement cette notion qui semblait dans un premier temps appréciable, connotée positivement, apparaît comme
équivoque et ambivalente.
l'inquiétude liée à la majorité peut dans certaines circonstances devenir trop forte.
Certains font tout pour revenir au stade de mineur, autrement dit font tout pour échapper à leurs responsabilités
pour trouver un tuteur, tuteur symbolique ou réel.
Par symbolique, nous entendons comme Kant les croyances, les
préjugés ; par réel, nous pouvons penser aux cas de personnes qui incapables de gérer, diriger leurs propres vies,
demandent parfois ou sont dans l'obligation de choisir un tuteur afin de régulariser leurs situation ou bien aux gens
qui cherchent leurs voies et pensent la trouver dans l'autorité d'un gourou et donc dans les sectes.
D'où notre
question : dans quelle mesure la majorité est-elle un concept équivoque qui plane entre espérance en une liberté
plus grande et inquiétude à l'égard d'une responsabilité trop importante ?
Plan :
I.
La majorité comme liberté licence et indépendance
II.
La majorité comme autonomie et responsabilité
III.
La majorité absolue – un idéal régulateur : la majorité ne peut faire l'économie d'une certaine forme
de minorité
IV.
La majorité comme liberté licence et indépendance
1.
La majorité au sens courant du terme – la liberté par rapport à l'enfance
Juridiquement la majorité marque qu'on est ASSEZ grand pour ne plus avoir besoin de tuteur.
La majorité est
donc un cap.
Ce cap de façon positive apparaît comme celui de toutes les libertés : le permis, le droit de
vote, le droit de boire de l'alcool, etc.
La majorité dans une certaine mesure est le point d'acmé de la liberté
licence.
En effet on passe de l'obéissance au tuteur, à l'autorité, à la libération de cette autorité.
KANT
« Les enfants de la maison, qui avec les parents constituaient une famille, deviennent majeurs, c'est-à-dire
leurs propres maîtres, sans qu'il soit besoin d'un contrat qui les libère de leur dépendance passée, par le seul
fait qu'ils parviennent à la faculté de se conserver eux-mêmes (ce qui résulte en partie du cours universel de
la nature qui leur donne une majorité naturelle, et en partie de leurs dispositions particulières) ; ils acquièrent
ce droit sans aucun acte juridique particulier, par conséquent simplement grâce à la loi.
Ils ne doivent plus
rien aux parents en ce qui touche leur éducation, de même que ceux-ci sont libérés inversement en même
façon de leur obligation envers les enfants, si bien que les uns et les autres trouvent ou retrouvent leur
naturelle liberté.
Quant à la société familiale qui était nécessaire d'après la loi, elle est dès lors dissoute.
»
2.
La majorité – l'âge d'or de la liberté licence ?
La majorité apparaît donc comme l'absence de contraintes.
L'enfance apparaît comme une période de
soumission à l'égard de l'autorité.
On deviendrait en ce sens réellement libre au moment de la majorité.
L'homme majeur est celui qui n'est pas contraint, celui qui se détermine lui-même, qui fait ce qui lui plaît.
Ainsi la majorité se confondrait avec la liberté au sens primitif du terme – faire ce qu'on le veut.
Néanmoins
cette définition primitive de la liberté que l'on qualifie de « licence » n'est pas réellement LA liberté ; de
même la majorité n'est pas simplement le droit de faire ce qu'on veut.
3.
Remise en question de la liberté comme indépendance.
»
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