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Qu'est ce qu'etre conscient de quelque chose ?

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« Introduction Le mot conscience vient du latin « cum scientia » qui signifie « accompagné de savoir ».

Être conscient, c'est en effet agir, sentir ou penser et savoir qu'on agit, qu'on sent et qu'on pense.

Le fait d'être conscient est donc pour l'homme un événement décisif qui l'installe au monde et lui commande d'y prendre position.

Ainsi, l'homme conscient n'est pas seulement et simplement dans le monde, chose parmi les choses.

Il est aussi devant le monde, et, dans ce vis-à-vis, le monde se constitue pour lui comme monde à connaître, à comprendre, à juger ou à transformer.

Le monde est ainsi mis à distance et tout l'effort de penser ou d'agir naît de cette expérience originelle de la séparation de l'homme et du monde, instaurée par la conscience. I.

La conscience chez Husserl a.

Un monde inépuisable est là.

Il y a bien devant soi une réalité déterminable, un réel saturé de signifiés.

Il y a toujours un ensemble d'objets « co-présents » à l'intuition.

Il y a une familiarité de l'homme vis-à-vis de son environnement, c'est la raison pour laquelle il peut avoir l'intuition claire de la présence d'objets qui intègrent son entourage : il y a toujours un « environnement immédiatement co-présent à ma conscience » (Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie, 1913, trad.

Ricœur, éd.

Gall., p. 89).

Si je suis à mon bureau, je sais intuitivement ce qu'il y a d'autre : par exemple, je sais qu'il y a un tableau derrière moi, une bougie sous mon lit etc.

mais ce rapport immédiat à « son » monde ne peut prétendre à l'épuisement du monde « qui pour moi est là de façon consciente à chaque instant où je suis vigilant ».

Il y a toujours pour Husserl un « environnement indéterminé » qui s'étend à l'infini et qui pourtant est toujours là : « ce qui est actuellement perçu et plus ou moins co-présent et déterminé (ou du moins déterminé par quelque côté) est pour une part traversé, pour une part environné par un horizon obscurément conscient de réalité indéterminée ».

Ce n'est qu'en s'arrêtant dessus que se trace dans la conscience la forme d'un monde, qu'il s'éclaire, et qu'il puisse parvenir au côté des objets effectivement là. b.

Avec Husserl, la notion de l'objet couvre un champ bien plus vaste que la simple objectivité sensible.

Il fait appel à la notion d'intentionnalité, directement reçue de son maître, Brentano, et ce pour répondre à la question : « qu'y a-t-il de subjectif et de proprement psychique dans la connaissance ? ».

Il y a donc à considérer le sujet, dans sa direction vers, dans son application à… l'objet.

C'est de l'intention dont on part ici, terme purement scolastique, et qui désigne l'idée que tout ce vers quoi elle se dirige est l'objet.

Husserl dira que « tout état de conscience en général est, en lui-même, conscience de quelque chose, quoiqu'il en soit de l'existence réelle de cet objet et quelque abstention que je fasse, dans l'attitude transcendantale qui est mienne, de la position de cette existence et de tous les actes de l'attitude naturelle » (Méditations cartésiennes, vrin, p.

28).

Tout moi qui pense (ego cogito) possède en lui son cogitatum, la chose pensée.

L'intentionnalité, la conscience qui vise un objet, est un acte opérant autant dans la simple perception que dans le souvenir ou l'imagination.

Il y a une constante corrélation entre les actes de la conscience (percevoir, se souvenir, imaginer), qui se rapporte à un objet (l'arbre ; acte de la visée : la noèse, constitué par les données sensibles), et l'objet tel qu'il apparaît dans ces actes (l'objet intentionnel : le noème).

L'objet visé est le résultat d'une synthèse, dans laquelle des noèses diverses sont liées dans l'unité d'une conscience d'objet.

Le noème n'est pas l'objet dans son être réel en soi, mais l'objet tel qu'il est contenu intentionnellement dans la fonction donatrice de sens des actes de conscience. II.

Conscience et vécu a.

Être conscient, dans le sens le plus généralement et aisément admis, c'est avoir conscience d'une expérience actuellement vécue.

Cet aspect de la conscience est certainement le moins contesté pour être le plus évident.

Il est accepté, par exemple, aussi bien par un philosophe comme K.

Jaspers, qui écrit : « La conscience est la totalité du moment [...] la totalité de la vie psychique actuelle » La constitution de la conscience en champ d'actualité étant la moins récusable, c'est bien à l'expérience vécue que l'on pense généralement lorsqu'on entend saisir l'essentiel de l'activité de conscience.

Ce champ de la conscience est donc rempli à chaque moment du temps de l'expérience actuellement vécue.

Aussi, la conscience serait l'ensemble de la vie psychique à chaque moment de la vie.

On peut par exemple avoir conscience de son passé ou de son avenir.

Dans ce cas, la conscience ne peut être que totale, enfin dans ce sens, où il n'y aurait pas un ailleurs de la vie psychique.

En d'autres termes, la conscience serait les processus psychiques en acte dans notre esprit.

Mais cela serait limiter la réflexion aux portes des processus inconscients, ne pas voir ce qui peut diriger en sous-main la conscience, ce qui peut diriger notre conscience contre notre perception et contre notre gré. III.

conscience de soi et représentation a.

Dans la plus simple des représentations, selon Kant, le moi est toujours déjà une activité synthétique, et la représentation analytique « moi = moi » n'en est qu'une conséquence.

Dès lors, l'unité de la conscience ainsi que celle de l'expérience sont identiques : « J'ai donc conscience d'un moi identique par rapport au divers des représentations ».

La conscience de soi ne procède donc d'aucune intuition métaphysique, comme chez Descartes, mais elle est produite par rapport au divers des représentations, à travers la liaison des phénomènes en une seule expérience soumise aux mêmes règles : « L'identité de l'unité du moi et de l'unité de l'expérience est la conscience d'une unité nécessaire a priori et représentative, la conscience que les représentations doivent être liées selon certaines règles et non pas selon le hasard de l'imagination » (cf.

Critique de la raison pure). b.

Le Moi infini fichtéen sera le principe déterminant de toute finitude, de toute conscience d'objet.

Le principe actif et spontané qu'est le Moi chez Fichte rend caduque la théorie kantienne d'une intuition sensible comme pure réceptacle des données extérieures. Le réel se construit depuis l'activité originaire du moi, et les concepts de l'entendement chers à Kant ne sont eux aussi que des produits de cette activité essentielle.

Le sujet retrouve par conséquent une place encore plus noble que celle qu'il tenait suite à la révolution copernicienne.

De fait, le Moi est antérieur car il est principe de production des éléments producteurs du réel, c'est-à-dire des concepts. De plus, au lieu d'être réduite, dans cette dimension cognitive, à une simple synthèse d'éléments par l'activité des catégories, la pensée s'affirme chaque fois comme ce qui se pose et ce qui pose.

C'est le Tathandlung, acte dit auto-thétique, qui souligne l'aspect actif de la conscience qui se pose et qui se reconnaît immédiatement par le fait de poser et de se poser.

Au contraire, chez Kant, on a vu que c'est l'unité produite lors de l'expérience qui permettait de comprendre l'unité du sujet, et ce à travers sa théorie de la conscience de soi comme aperception transcendantale. Conclusion Etre conscient, c'est s'installer devant le monde, et savoir qu'on s'y installe du fait de la conscience des objets qui jalonnent ce monde.

La conscience est toujours tournée sur l'extérieur.

Aussi, elle est tournée sur elle-même, lui permettant de réfléchir les objets. Dès lors, être conscient de quelque chose, c'est parvenir au final à la conscience de soi.

On ressort de la conscience immédiate par la réflexion.. »

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