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Qu'est-ce que réussir ?

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« La réussite au-delà de sa définition essentiellement sociale doit être mise en problème et étudier.

Une fois comprise comme reconnaissance sociale, la réussite doit être interrogée dans sa vérité, est-elle une fin en soi ? La réussite est-elle le tout de la vie, estelle synonyme de bonheur et de paix ? Bien souvent mise en avant par-dessus tout dans nos sociétés modernes, elle est souvent confondue avec l'ambition, le carriérisme, la vanité. 1) Toute réussite n'est-elle que sociale ? La réussite est une grandeur de réputation, que la société sanctionne par des signes tangibles.

Ainsi, un colonel a mieux réussi qu'un commandant, et un général qu'un colonel.

Dire que la réussite est sociale représente presque une tautologie.

Toute considération morale mise à part, elle ne peut être que sociale.

Sont réputés avoir réussi dans le passé les hommes où les femmes dont le nom a été conservé et figure dans les dictionnaires biographiques, ou, pour le présent, ceux qui sont membres des plus hautes assemblées, politiques ou scientifiques, dirigent les plus grandes entreprises, occupent les plus hautes fonctions ou sont parés des titres les plus élevés dans les différentes carrières.

La réussite est d'autant plus grande que les critères adoptés pour le choix des sujets sont plus stricts, et que leur nombre est plus restreint. La réussite est liée de la manière la plus étroite au niveau d'instruction.

Presque tous les hommes haut placés sont des « diplômés », ou sortent des écoles publiques ou privées jouissant d'un prestige élevé ; en totalité, quand il s'agit de carrières dont l'accès dépend de la possession d'un diplôme particulier, et dans la proportion de six, sept, huit ou neuf sur dix dans celles où aucun titre déterminé n'est requis, comme la politique, les arts ou même, comme aux États-Unis, le sport.

Ils ont donc prouvé leurs aptitudes, et le principe égalitaire est respecté dans la lettre.

Mais la poursuite des études supérieures n'est le fait que d'une partie très limitée de la population. Il faut, pour y accéder et y réussir, appartenir le plus souvent à des milieux favorisés.

Enfin, quels que soient les dons ou les chances à la naissance, ils ne sauraient suffire en tant que tels pour assurer la réussite.

Il y faut une volonté de réussir, une motivation, une « secrète exigence ».

Les déterminants sociaux ne sont pas contestables, qui entravent ou qui facilitent l'apparition et la formation d'individualités capables d'assumer des fonctions de responsabilités.

Mais aucun ordinateur n'est encore à même d'expliquer la supériorité en tant que telle.

Tous les enfants des milieux favorisés ne réussissent pas, tous les enfants d'une même famille n'atteignent pas la même réussite.

Certains échouent quand d'autres parviennent à s'imposer, alors qu'ils avaient bénéficié au départ des mêmes avantages. 2) Ce qui peut se cacher derrière la réussite. La réussite peut aussi cacher un échec latent, l'homme qui réussit, est-il heureux ? Une fois le but atteint, il ne reste peut-être que l'ennui.

La vocation de l'homme se réalise dans le changement, dans la créativité sans cesse mise en péril, dans l'effort qui fragilise à tout moment le sujet lui-même.

Et l'homme cherche la stabilité, la sécurité.

Il cherche à croire en lui-même et à devenir pour l'autre une « idole », alors qu'il ne peut être que le relais d'un sens.

Les plus subtils de ses échecs s'inscrivent dans ses succès.

L'idée même de progrès s'embourgeoise, et les grandes théories qui éclairent les sciences humaines deviennent des idoles dès qu'elles cessent d'être effort et mouvement.

Le révolutionnaire lui-même est naïvement en quête d'une panacée.

Comme l'homme moyen qui se marie, il cherche un remède « définitif » à ses maux, se sclérose, redevient, sous une autre étiquette, le vieil homme de toujours.

En d'autres termes, réussir, c'est en quelque sorte en un point qui ne soit plus en mouvement, à l'arrêt complet des activités, de projets.

La réussite comme absence d'échec, n'équivaut pas automatiquement au bonheur. 3) la recherche sans fin de la réussite. La réussite, la recherche d'une position sociale plus élevée ne serait-elle pas le masque d'un vide intérieur, la réussite sociale ne serait en rien synonyme de bonheur et paix.

Elle serait agitation, ennui, perpétuelle agitation Aussi, « À désirer toujours ce que tu n'as pas, explique Lucrèce (III, 957-958), à mépriser les biens présents, ta vie s'est écoulée incomplète et sans joie...

» Et Pascal : « Nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais » (Pensées, éd.

Brunschvicg, fragment 172).

Le bonheur manque toujours, et c'est pourquoi tout homme veut être heureux, et ne peut l'être, et en souffre... De là le divertissement.

On pourrait accepter de n'être pas heureux, si l'on ne devait mourir ; ou de mourir, si l'on ne voulait être heureux.

Mais cela n'est pas : « Il veut être heureux, et ne veut être qu'heureux, et ne peut ne vouloir pas l'être ; mais comment s'y prendra-t-il ? Il faudrait, pour bien faire, qu'il se rendît immortel ; ne le pouvant, il s'est avisé de s'empêcher d'y penser » (Pensées, 169).

Il s'agit de combattre plutôt, de fuir l'angoisse et l'ennui, qui sont les deux maux de l'homme, et c'est ce qui nous occupe, et qui nous perd.

« Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre » (Pensées, 139)... Mais comment le pourraient-ils ? Il faudrait accepter l'ennui, donc l'angoisse, et c'est ce que l'on fuit : « Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application.

Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide.

Incontinent, il sortira du fond de son âme l'ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir » (Pensées, 131).

Le divertissement n'est pas un bonheur (Pensées, 170 et 171), mais la dénégation de son absence.

Les hommes s'amusent pour oublier qu'ils ne sont pas heureux.

Aussi, la réussite est la poursuite sans espoir, et sans fin d'honneurs, de places, de travail .On a envie de dire, tout cela pourquoi ? Aussi, la réussite, la reconnaissance sociale n'est peut être pas un but en soi, la vie peut avoir d'autres finalité que la reconnaissance, l'épanouissement personnel peut passer par la paix intérieur, la bonheur familial, se cultiver, retrouver des amis.

Notre société moderne a certainement négligé ces aspects de la vie. Conclusion. Il n'y a pas de définition précise de la réussite, ni de recette miracle pour réussir, ni de réussite qui rende, de fait, heureux.

Réussir, c'est arrivé à l'objectif que l'on s'est donné, c'est l'absence d'échec et non forcément le bonheur, ni la plénitude.

Il faut comprendre la réussite non comme un but en soi, mais comme une chose de la vie parmi d'autres aptes à donner à l'homme des chances d'espérer et continuer à vivre dans la quiétude.. »

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