Qu'est-ce que le « relativisme » ?
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«
On définit comme relativiste la théorie consistant à faire dépendre la vérité ou le bien du jugement de chacun.
On
affirme ainsi que « les goûts et les couleurs ne se discutent pas » parce que chacun est seul , juge de ce qui est
vrai ou bon pour lui.
Sous couvert d'être tolérant .
et ouvert à la pensée de l'autre, le relativisme ne risque t-il pas
cependant de devenir indifférent à son contenu, de mettre toutes les idées sur le même plan et de justifier
l'injustifiable? Peut-on à la fois soutenir qu'il existe une vérité commune et universelle et que la connaissance
humaine est relative?
1.
Caractéristiques et limites du relativisme.
La première formulation du relativisme en philosophie se trouve chez le sophiste Protagoras, mis en scène par Platon
dans le dialogue du même nom : «L'homme est la mesure de toute chose».
Cela signifie que tout est à chacun tel
qu'il lui paraît.
Si tel aliment paraît sucré à Pierre et salé à Paul, alors il est sucré pour Pierre et salé pour Paul.
Il n'y
a pas d'essence des choses.
Elles sont ce qu'elle paraissent à chacun.
L'empirisme conduit au relativisme et au scepticisme car si les impressions sensibles varient d'un individu à
l'autre, alors il n'y a pas plus d'erreur qu'il n'y a de vérité.
On peut dire avec Protagoras que « l'homme est la
mesure de toutes choses ».
Les choses sont, pour chacun, telles qu'elles lui paraissent : ce dont il résulte
qu'aucune connaissance ne peut prétendre à l'universalité, aucune qui serait vraie ne pourrait le demeurer.
Le sophiste Protagoras, écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur
toute chose on pouvait faire deux discours exactement contraires, et il usa de cette
méthode ».
Selon Protagoras, « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles
sont, de celles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment doit-on comprendre
cette affirmation ? Non pas, semble-t-il, par référence à un sujet humain universel, semblable
en un sens au sujet cartésien ou kantien, mais dans le sens individuel du mot homme, « ce qui
revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité même » (Aristote, « Métaphysique »,
k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les choses en chaque cas, telles elles existent
pour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles pour toi elles existent » (Platon,
« Théétète », 152,a).
Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale vérité
des opinions individuelles portant sur un même objet et ce malgré leur diversité, revient à poser
que « la même chose peut, à la fois, être et n'être pas » (Aristote).
C'est donc contredire le
fondement même de toute pensée logique : le principe de non-contradiction., selon lequel « il
est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au
même sujet et sous le même rapport ».
Or, un tel principe en ce qu'il est premier est
inconditionné et donc non démontrable.
En effet, d'une part, s'il était démontrable, il
dépendrait d'un autre principe, mais un tel principe supposerait implicitement le rejet du
principe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il était sensé démontrer ; on se
livrerait donc à une pétition de principe ; et d'autre part, réclamer la démonstration de toute
chose, et donc de ce principe aussi, c'est faire preuve d'une « grossière ignorance »,
puisqu'alors « on irait à l'infini, de telle sorte que, même ainsi, il n'y aurait pas démonstration ».
C'est dire qu' « il est absolument impossible de tout démontrer », et c ‘est dire aussi qu'on ne
peut opposer, à ceux qui nient le principe de contradiction, une démonstration qui le fonderait,
au sens fort du terme.
Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfutation
l'impossibilité que la même chose soit et ne soit pas, pourvu que l'adversaire dise seulement
quelque chose ».
Le point de départ, c'est donc le langage, en tant qu'il est porteur d'une
signification déterminée pour celui qui parle et pour son interlocuteur.
Or, précisément, affirmer
l'identique vérité de propositions contradictoires, c'est renoncer au langage.
Si dire « ceci est
blanc », alors « blanc » ne signifie plus rien de déterminé.
Le négateur du principe de
contradiction semble parler, mais e fait il « ne dit pas ce qu'il dit » et de ce fait ruine « tout
échange de pensée entre les hommes, et, en vérité, avec soi-même ».
En niant ce principe, il
nie corrélativement sa propre négation ; il rend identiques non pas seulement les opposés, mais
toutes choses, et les sons qu'il émet, n'ayant plus de sens définis, ne sont que des bruits.
« Un tel homme, en tant que tel, est dès lors semblable à un végétal."
Si la négation du principe de contradiction ruine la possibilité de toute communication par le
langage, elle détruit aussi corrélativement la stabilité des choses, des êtres singuliers.
Si le
blanc est aussi non-blanc, l'homme non-homme, alors il n'existe plus aucune différence entre
les êtres ; toutes choses sot confondues et « par suite rien n'existe réellement ».
Aucune
chose n'est ce qu'elle est, puisque rien ne possède une nature définie, et « de toute façon, le
mot être est à éliminer » (Platon)..
»
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