Qu'est-ce que la cruauté ?
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La cruauté, ira en latin, est un des sept péchés capitaux, une des sept passions qui conduisent inéluctablement au
crime (avec la vanité, l'acédie ou indifférence généralisée, la luxure, la gourmandise, l'avarice, et l'envie).
La cruauté
est si répandue et fréquente qu'elle fait dire que les hommes sont naturellement méchants et pervers; pourtant
chacun aspire naturellement au bonheur avec ses amis.
La cruauté serait donc une perversion, une dénaturation
volontaire (ou bien pathologique: la différence est presque impossible à voir).
EST-IL DÉLECTABLE D'ÊTRE CRUEL ?
Les bourreaux volontaires n'ont jamais manqué à l'appel au cours de l'histoire.
Quelle est l'origine de la cruauté? Un
résidu persistant de férocité animale reptilienne ? Un caractère inné ? Il y a en tous les cas un point affolant et
indéniable : la cruauté est source de grandes jouissances.
Le film de Roman Polanski, tiré de la pièce d'Ariel Dorfinan, La jeune fille et la mort, illustre à la perfection cet
horrible versant de l'homme.
CRUAUTÉ ET TORTURE
La torture est immémoriale et universelle.
Elle se rencontre au niveau politique, mais aussi dans les relations privées,
notamment dans les relations amoureuses lorsque l'amour ne penche que d'un côté et que l'autre abuse de son
pouvoir; cela peut aller, comme chacun sait, jusqu'à la mort ou au suicide.
CRUAUTÉ ET LÂCHETÉ
La cruauté engendre le goût des guerres, des tueries qui réjouissent, le goût du sang et de la mort (à commencer
par la chasse et les corridas...), la volupté de provoquer ou d'assister à la souffrance d'autrui.
La cruauté n'est pas la force, laquelle respecte la dignité d'autrui et donc la justice; la cruauté prouve par ses
excès que la violence est finalement impuissante.
Le sadisme
Le marquis de Sade (1740-1814) peut être considéré comme celui qui a le mieux décrit l'univers de la cruauté; il en
est le prophète sacrifié pour son oeuvre.
Trois valeurs sataniques expriment l'essence du sadisme : la torture, le
blasphème, et la sodomie.
La torture signifie le viol accompagné des pires tourments et du meurtre; le blasphème
ajoute souillures et salissures envers Dieu et le sacré, même si tous les personnages pervers de Sade affirment un
athéisme inconditionnel; la sodomie a pour sens la haine de l'amour, la répulsion absolue à l'égard de la procréation,
et le culte de l'avortement et de l'infanticide (c'est pourquoi les écrits de Sade ne sont en rien érotiques; on doit les
qualifier de pornographie anti-érotique).
À quoi bon les romans de Sade ? Il fallait bien, pour le salut et la sagesse des hommes, offrir une description, sans la
moindre atténuation, du pire dont l'homme est capable.
Sade provoque le dégoût de la cruauté en dévoilant le plus
obscur et le plus immonde.
La lecture quasi insoutenable de ses oeuvres a un effet d'avertissement, de révélation,
et de purification.
Là nous apprenons que nous sommes aussi faits de boue diabolique.
La licence absolue des
oeuvres de Sade révulse et fait désirer les passions positives d'amour et de bonté.
La valeur d'avertissement des oeuvres de Sade a été occultée (et elle l'est encore) par le goût pervers pour la
pornographie et l'obscénité.
Gilbert Lély, excellent commentateur de Sade, a noté que si l'on avait mieux lu ces
oeuvres, les atrocités de la Seconde Guerre mondiale auraient peut-être été moindres, sinon évitées; il pensait bien
sûr aux camps de la mort..
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